A l’approche des élections à la Ligue nationale de football féminin (LINAFF), le comité sortant peine à présenter un bilan de gestion conforme à ses missions. A cet effet, l’article 61, alinéa 2 des statuts de la FECOFA stipule que la LINAFF a pour mission d’organiser et gérer, au nom de la Fédération, un championnat ouvert aux équipes féminines des Ligues provinciales.
Reste à savoir comment ce championnat est organisé et géré.
Cependant, l’on note une organisation anarchique dont le déroulement des compétitions offre un spectacle désolant, digne d’une société sans foi ni loi. L’administration du football féminin n’a jamais été véritablement mise en place, l’organisation laissant place à un désordre généralisé. Une situation propice à un terreau fertile dont les opportunistes veulent maintenir un statut quo.
La falsification des contrats des joueuses, symptôme d’une ligue non administrée, a pris des proportions alarmantes. Les clubs victimes de ces pratiques frauduleuses se retrouvent sans recours, leurs investissements dans la formation des joueuses anéantis. Ce qui témoigne de la négligence par le duo Karangweyire Kiloha Olive (Présidente sortante) et Nzey Kitenge Chantal (Secrétaire nationale sortante) concernant la mise en place de commissions permanentes et spécialisées, pourtant essentielles au bon fonctionnement d’une ligue nationale.
En l’absence des règles, difficile de parler d’un championnat national crédible avec des joueuses non licenciées. Comment alors organiser une compétition sans s’assurer de l’existence et de la légitimité des équipes et des joueuses ? L’exemple d’une joueuse évoluant dans deux équipes différentes au cours de la même saison sans transfert illustre parfaitement le chaos qui règne à la LINAFF. Sous la direction de Karangweyire Kiloha, la LINAFF ressemble davantage à du football loisir bénéficiant du label de la FECOFA et de la FIFA. Quant aux projets concrets initiés dans le cadre du programme Forward FIFA, leur impact visible se fait encore attendre. Le développement du football féminin congolais nécessite des dirigeants compétents et visionnaires, et non des personnes ayant accédé à des postes par des nominations opportunistes et sans considération des compétences requises.
Les succès des clubs privés ne sauraient masquer la défaillance de la LINAFF.
Toute tentative de masquer le bilan désastreux de la LINAFF en mettant en avant les performances des clubs de football féminin appartenant à des particuliers, tant au niveau national qu’international, relève d’une manipulation intellectuelle. Ces succès sont le fruit des efforts et des investissements de ces entités privées et ne sauraient en aucun cas être attribués au comité de gestion de la Ligue nationale. La LINAFF a des missions statutaires claires, et c’est à l’aune de ces missions que son bilan doit être évalué.
S’approprier indûment les bons résultats des initiatives privées obligerait légitimement à assumer également la responsabilité de la disparition, de la désorganisation et du non-décollage d’autres clubs féminins à travers le pays, qui auraient pu prospérer avec une ligue nationale structurée et administrée de manière compétente. La “poudre de Perlimpimpin” agitée en cette période pré-électorale ne saurait masquer la réalité d’une gestion marquée par la désorganisation, le manque de planification, l’amateurisme et le clientélisme, dont l’image des maillots à double dossards n’a été qu’un triste symbole.
Didier MBOKANDJA