Le conseiller pour l’Afrique de Donald Trump, Massad Boulos, a clôturé sa tournée dans la région des Grands Lacs par Kigali, mardi 8 avril 2025. Dans la capitale rwandaise comme à Nairobi et à Kampala où il s’est préalablement rendu, le Monsieur Afrique de la nouvelle administration américaine n’a pas dérogé de la ligne tracée et annoncée à Kinshasa le 2 avril : dans la région, Washington veut la paix et la prospérité économique dans le respect de l’intégrité territoriale de la RDC.
A Entebbe, le 7 avril 2025, Massad Boulos et sa délégation ont été reçus par le président ougandais, Yoweri Museveni. Au menu des échanges entre les deux personnalités, la situation sécuritaire dans la région, notamment à l’Est de la RDC, ainsi que les opportunités d’investissement pour les entreprises américaines … en Ouganda, selon un tweet du chef de l’Etat Ougandais. Un communiqué du service français du Département d’Etat américain assure que l’Envoyé de Donald Trump a discuté avec le président ougandais «du travail conjoint en faveur d’une solution pacifique au conflit dans l’Est de la RDC, de la promotion de la sécurité dans la région et des opportunités en matière de coopération économique».
Avec William Ruto, le 8 avril au State House de Nairobi, L’Envoyé spécial de Donald Trump a eu des discussions «constructives et tournées vers l’avenir», selon des sources dans la capitale kényane, Massad Boulos s’étant abstenu de toute déclaration aux médias. Même si la partie kényane, sur laquelle pèsent des soupçons de collaboration avec les terroristes du M23/AFC dans l’exportation frauduleuse de l’or congolais a présenté le séjour du conseiller américain comme «une étape importante dans le renforcement des relations bilatérales entre le Kenya et les Etats-Unis ».
Conflit à l’Est de la RDC
Arrivé le même mardi 8 avril 2025 à Kigali, l’Envoyé de Donald Trump a été reçu dans l’après-midi par Paul Kagame. Comme à ses escales antérieures, les entretiens entre Massad Boulos et le président rwandais ont tourné autour du conflit dans la partie Est de la RDC et des investissements américains dans la région.
Au cours d’une conférence de presse animée dans la capitale rwandaise, l’Envoyé spécial américain pour l’Afrique a clarifié la vision de l’administration Trump sur la situation dans la région des Grands Lacs. Notamment, qu’il est «essentiel» de trouver une solution au conflit qui sévit à l’Est de la RDC afin de «favoriser l’essor d’une économie régionale prospère».
«Nous souhaitons voir la paix s’installer, et nous pensons qu’il y a des bons signes dans ce sens. Nous aimerions avoir une paix durable et une stabilité dans la région et en RDC», a encore déclaré le diplomate américain en réponse à une question de la presse. «Nous soutenons la sécurité et l’intégrité territoriale de tous les Etats de la région» a encore déclaré l’Envoyé de Donald Trump. Le président américain est «convaincu que les populations ont trop souffert et il est grand temps de voir une issue pacifique au conflit», a affirmé Massad Boulos qui a également déploré la suspension des activités l’américaine Alphamines à Bisie à Walikale au Sud-Kivu. «Nous espérons que l’entreprise pourra reprendre bientôt, nous apprécions le dialogue en cours. Ce sont des questions purement internes, nous espérons qu’ils poursuivront le dialogue et continueront dans la bonne direction», a-t-il expliqué aux médias, faisant allusion aux discussions annoncées entre les parties congolaise et rwandaise.
Indispensable retour de la paix
A Kigali, Massad Boulos et sa délégation n’ont pas dérogé au rituel de la visite au mémorial du génocide où ils ont rendu hommage aux victimes Tutsi et Hutu modérés qui ont perdu la vie dans les événements malheureux de 1994.
Evoquant les relations de son pays avec le Rwanda, l’Envoyé de Donald Trump a indiqué que le Rwanda ambitionne de devenir un leader économique dans la région et dispose d’une société prête à promouvoir cette vision, et les Etats-Unis sont disposés à collaborer avec Kigali pour ce faire. Mais la solution au conflit à l’Est de la RDC reste essentielle parce qu’elle permettra de libérer le potentiel inexploité de la région. Selon l’Envoyé américain, Paul Kagame s’est engagé à poursuivre cette vision de la paix. «Je peux confirmer et affirmer que les Etats-Unis restent également engagés dans cet effort et sont prêts à faciliter la fin du conflit. Il est évident qu’une solution pacifique à ce conflit est nécessaire. Une solution qui permette aux pays de sécuriser leurs frontières et poser les bases d’une économie régionale florissante», a encore assuré Monsieur Afrique de l’Administration Trump.
Investissements américains
En somme, aux uns et autres, l’administration américaine a présenté les avantages économiques d’un indispensable retour à la paix dans la région et de possibles investissements financiers d’entreprises américaines. Même si, force est de constater que l’Envoyé de Donald Trump pour l’Afrique s’est montré plus concret sur de possibles et gigantesques investissements d’entreprises américaines en RDC. «Vous avez entendu parler d’un accord sur les minéraux. Nous avons pris connaissance de la proposition de la RDC, et je suis heureux d’annoncer que le Président et moi avons convenu d’une voie à suivre pour son élaboration. Je me réjouis de collaborer avec le président Félix Tshisekedi et son équipe pour établir une relation plus profonde qui profite au peuple congolais et au peuple américain, et pour stimuler des investissements du secteur privé américain en RDC, notamment dans le secteur minier, dans l’objectif commun de contribuer à la prospérité de nos deux pays», avait soutenu Massad Boulos, le 2 avril 2025 au sortir d’un entretien avec le président Félix Tshisekedi.
Mercredi 9 avril, la société américaine Alphamines, qui exploite l’étain à Walikale (Nord-Kivu), a annoncé la reprise imminente des activités de sa mine de Bisie, évoquée un jour plus tôt par Massad Boulos à Kigali. Elles étaient suspendues en raison de l’occupation de la zone par les rebelles du M23 soutenus par l’armée rwandaise. «Nous les avons encouragés à reprendre définitivement les opérations», a déclaré l’Envoyé spécial de Donald Trump à l’Agence Bloomberg, confirmant ainsi la détermination de l’administration américaine à mettre les bouchées doubles dans l’exploitation des potentialités économiques régionales, particulièrement congolaises.
J.N.