Alors que le M23 a conquis Bukavu, la deuxième grande ville de l’Est de la République démocratique du Congo à tomber entre les mains du groupe armé en moins d’un mois, une agence humanitaire de l’ONU a dénoncé, lundi, le pillage de ses stocks de denrées alimentaires dans cette capitale de province.
Selon la presse, le Mouvement du 23 mars (M23), soutenu par les forces armées rwandaises, a fait irruption durant le weekend à Bukavu, la capitale de la province du Sud-Kivu.
Depuis plusieurs jours, le groupe armé gagnait du terrain dans la province face aux forces régulières du gouvernement de Kinshasa, après avoir pris le contrôle, fin janvier, de Goma, la capitale de la province voisine du Nord-Kivu.
Dans ce contexte, le Programme alimentaire mondial (PAM) a condamné, dans une série de posts sur le réseau social X, le pillage de ses entrepôts de Bukavu pendant le weekend. «Les denrées alimentaires stockées étaient destinées au soutien vital aux familles les plus vulnérables qui sont confrontées à une crise humanitaire croissante», a protesté l’agence.
Alors que la violence s’étend et que l’accès à la nourriture est de plus en plus difficile, le PAM s’est dit prêt à reprendre son aide alimentaire essentielle pour les plus vulnérables, une fois que la situation sécuritaire le permettrait. «Nous appelons d›urgence toutes les parties au conflit à respecter leurs obligations en vertu du droit international humanitaire, y compris la protection des civils et des travailleurs humanitaires», a déclaré l’agence.
Un accès humanitaire limité
Le plus haut responsable humanitaire de l’ONU en RDC, Bruno Lemarquis, mettait l’accent, jeudi dernier, sur l’absence de routes humanitaires alternatives dans cette région riche en minerais.
Dans un entretien avec ONU Info, Lemarquis indiquait notamment que l’aéroport de Kavumu, à une trentaine de kilomètres de Bukavu, qui était auparavant la principale voie d’acheminement de l’aide et du personnel humanitaire au Sud-Kivu, n’était désormais plus disponible.
Lemarquis précisait également que la route entre Goma et Bukavu était depuis un certain temps déjà inaccessible, de même que l’accès fluvial par le lac Kivu, qui borde la province et relie Goma, au nord, à Bukavu, au sud.
Avant la dernière offensive du M23 en début d’année, le haut responsable humanitaire de l’ONU en RDC rappelait que la situation humanitaire au Sud-Kivu était déjà désastreuse, alors que près de 1,65 million de personnes, soit un peu plus de 20 % de la population de la province, étaient déjà déplacées.
Des centaines de milliers d’enfants déscolarisés
Dans le même temps, le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) a indiqué, lundi, qu’environ 330.000 enfants supplémentaires étaient désormais privés d’éducation, du fait de l’intensification des combats dans l’Est de la RDC.
L’UNICEF a appelé, dans un communiqué de presse, à prendre des mesures d’urgence pour sauver l’année scolaire des enfants concernés.
Avant même la dernière escalade du conflit, l’agence a rappelé que le système éducatif de l’Est de la RDC était sous pression, notamment en raison du nombre élevé de familles déplacées dans les provinces de la région, soit plus de 6,5 millions de personnes, dont 2,6 millions d’enfants.
L’UNICEF a indiqué que, depuis le début de l’année, le conflit avait engendré la fermeture de plus de 2.500 écoles et espaces d’apprentissage au Nord-Kivu et au Sud-Kivu, y compris dans des camps de déplacés.
L’agence a indiqué qu’au total, 795.000 enfants étaient désormais privés d’éducation, soit 330.000 de plus qu’en décembre 2024.
En comptant l’Ituri, la troisième province de l’Est du pays, l’UNICEF a précisé que plus de 1,6 million d’enfants de la région étaient scolarisés.
Dans le cadre de son appel humanitaire global, l’UNICEF demande 52 millions USD pour répondre aux besoins éducatifs urgents de 480.000 enfants en RDC.
AVEC ONU INFOS