Comme Roger Lumbala qui avait rejoint le M23 en décembre 2012 et dont le sort se règle maintenant devant la justice française qui l’a embastillé depuis quatre ans, l’opposant Franck Diongo qui aimait à se faire appeler «Héros vivant», a été aperçu à l’hôtel Gorilla de Kigali où il séjourne avec d’autres affidés congolais de la principauté militaire au pouvoir au pays des mille collines qui agresse la RDC. Une attitude qui fait retourner dans sa tombe le (vrai) Héros Patrice Lumumba dont il se dit disciple.
Il a rejoint le Rwanda, pays qui ne fait plus mystère de ses intentions hégémonistes et prédatrices à l’encontre du Congo. Cela fait désormais de ce natif de Katako-Kombe, territoire d’origine de Patrice Lumumba un paria, donc un ‘‘héros zéro’’ pour la nation et les générations futures.
Impossible pour cet acteur politique habitué à brailler à tue-tête son soit-disant engagement patriotique d’échapper au couperet de l’histoire dans laquelle il vient de se précipiter étourdiment et qui gardera de lui l’image d’un pantin aux mains dégoulinantes de sang congolais.
Sur un coup de tête irréfléchi, Diongo a craché sur la mémoire de ceux aux noms desquels il prétendait mener son action politique : le leader indépendantiste Patrice Emery Lumumba et le père de la démocratie congolaise Étienne Tshisekedi.
Incapable de s’imposer politiquement sur la très disputée place de Kinshasa avec son minuscule parti, le Mouvement Lumumbiste Progressiste (MLP), ce transfuge du MNC-Lumumba Originel, actuellement CCU de Lambert Mende Omalanga, avait tenté de se faire une réputation de dur à cuire sur le dos du 4ème président congolais Joseph Kabila, tout en mangeant à tous les râteliers. Les dernières cibles de ses pérégrinations furent notamment le patriarche Yezu Kitenge, haut représentant du président Félix Tshisekedi, décédé le 31 mai 2021 et Moïse Katumbi et son Ensemble pour la République. Aujourd’hui, buvant le calice de l’inc onséquence jusqu’à la lie, il a choisi de se jeter en désespoir de cause dans les bras de Paul Kagame, le bourreau de 10 millions de Congolais pour conforter son entreprise de pillage des ressources minières du Kivu.
Aigri et amer, Franck Diongo montre ainsi à la face du monde qu’il n’a jamais fait la politique que pour le bénéfice de son tube digestif. Non élu aux derniers scrutins, il semble avoir mal digéré son absence aussi bien de l’hémicycle que dans l’exécutif national. Après avoir été libéré de la prison où l’avait conduit ses excentricités brutales contre des agents de l’ordre, par une grâce présidentielle de Félix Tshisekedi, il était démené comme un beau diable pour attirer l’attention de son bienfaiteur et obtenir un poste juteux en animant des points de presse au cours desquels on l’entendait pérorer à la gloire de ‘‘Fatshi béton’’.
N’ayant pas obtenu de strapontin, et pour cause, insatisfait des primes de survie sonnantes et trébuchantes qu’il percevait du régime, il s’était amené à Lubumbashi lécher les bottes à Moïse Katumbi qui venait claquer la porte de l’Union sacrée. Le milliardaire katangais s’étant montré prudent face à la versatilité de cette véritable girouette tournant à tous les vents, Diongo est rentré à Kinshasa et y a multiplié moult incidents en guise de justificatifs pour un exil politique doré en Europe.
Celui qui fut dans une vie antérieure député national de Kinshasa/Lukunga ne s’attendait sûrement pas à voir la photocopie de son titre de voyage belge et son billet Bruxelles – Kigali étalés dans les réseaux sociaux. «La publication de mon passeport et billet d’avion à l’aéroport de Zaventem, je soupçonne une proche de Tshilombo d’avoir copié ces documents… Une plainte sera déposée à Kigali et Bruxelles pour la publication illégale de mes documents», a-t-il menacé sur son compte X.
Dans une piteuse tentative de justifier sa forfaiture, le «héros zéro» dit avoir conçu «un schéma de paix. Comme je l’affirme depuis toujours, la solution à la crise au Congo est politique et diplomatique, non militaire. Le Congo souffre des incohérences diplomatiques de Tshilombo et des conséquences des accords secrets qu’il a signés avec des pays voisins comme le Rwanda, l’Ouganda et le Burundi. J’ai entrepris des démarches en Angola, Rwanda, Burundi, Ouganda, et à Addis-Abeba (Union africaine) pour expliquer mon schéma de paix après l’échec de Luanda. L’opposition armée et le gouvernement illégitime de Tshilombo ont leurs solutions ; moi, je propose celle de l’opposition pacifique… J’ai toujours été opposant, et mon combat reste pour la paix. Les accusations contre moi sont infondées ; je défends le Congo et les Congolais, comme je l’ai fait en 2003 avec Étienne Tshisekedi, en influençant l’accord qui a mis fin à la guerre. Il n’y aura pas de solution militaire, même si une rébellion ou Tshilombo lui-même prenait le dessus. Ma campagne internationale vise à sensibiliser l’opinion publique et à faire partir Tshilombo». Problème : personne dans l’opposition congolaise institutionnelle ou dans la diaspora ne se souvient avoir délégué sieur Diongo pour parler en son nom.
Vuemba se désolidarise de Diongo
Considéré comme son complice car il s’affichait ces derniers temps avec lui en Europe, Jean-Claude Vuemba, l’ancien président de l’Assemblée provinciale du Kongo-Central, s’est désolidarisé du faux disciple de Lumumba. «Chacun a son destin politique. Franck Diongo était mon partenaire jusqu’à ce qu’il franchisse le Rubicon. Si je me suis rendu à Genève pour soutenir un film ainsi que la conférence sur le rapport mapping, cela veut dire qu’il y a des choses que je ne peux accepter même en tant qu’opposant. Cela a toujours été ma conviction politique. Je suis mobutiste. Autant j’ai combattu l’AFDL, autant je combats toutes les rébellions», a déclaré Mvuemba.
L’acte de Diongo apparaît dès lors comme la triste fin d’un malotru qui se retrouve dans la poubelle de l’histoire.
Le Maximum