C’est ESPN, la chaîne de télévision américaine créée en 1979 et devenue une filiale de la Walt Disney Company et de la Hearst Coroporation qui a livré l’information, le 27 août 2024. Aux Etats-Unis, deux sénateurs ont adressé une correspondance musclée à la NBA, la célébrissime fédération de basket-ball professionnel, pour lui demander des comptes sur ses relations avec le Rwanda.
Marsha Blackburn (R-Tenn.) et Jeff Merkley (D-Ore.) accusent la NBA de s’être positionnée dans l’opinion comme une œuvre-phare de justice sociale alors qu’elle développe des relations avec des dictateurs et des despotes comme Paul Kagame. Les Sénateurs reprochent à la fédération américaine de bassket-ball «de faire passer le profit avant les principes moraux», en s’appuyant sur une enquête publiée par ESPN le mois dernier. Elle révélait comment la NBA a noué des relations avec Paul Kagame, qui se sont avérées essentielles au lancement de sa première ligue de basket-ball en Afrique, la Basket Africa League, en faisant fi des violations flagrantes des droits de l’homme courantes dans son pays.
Marsha Blackburn et Jeff Merkley dénoncent ainsi le fait que «quiconque ose remettre en question le régime de Kagame – qu’il s’agisse de candidats de l’opposition ou de la presse libre – est emprisonné, disparaît ou est brutalement assassiné».
Une série de questions
Les sénateurs ont demandé au commissaire général de la fédération américaine de basket-ball, Mark Tatum, de répondre à la série de questions contenues dans leur lettre dans un délai d’une semaine. Ils exigent, notamment, qu’il «décrive la portée de la relation de la NBA avec le gouvernement rwandais» ainsi que les mesures prises pour la ligue pour améliorer le vécu des Rwandais, «y compris ceux qui sont victimes de violations des droits de l’homme» par le régime de Kagame.
Récemment, Mark Tatum avait tenté d’expliquer que «les conversations que nous avons eues avec Paul Kagame ont toutes porté sur l’amélioration de la vie des Rwandais. Comment pouvons-nous créer, comment pouvons-nous inspirer et connecter les gens à travers le basket-ball pour améliorer la vie des Rwandais». Mais Marsha Blackburn et Jeff Merkley estiment que «jouer avec les dictateurs et les régimes brutaux ne devrait pas être le modèle économique de la NBA. Au lieu de cela, la ligue devrait utiliser son influence pour plaider en faveur de réformes de gouvernance, y compris le respect de l’Etat de droit».
Kigali n’en est pas à la première dénonciation de ses tentatives de se blanchir à travers la publicité dans les activités sportives à l’échelle planétaire. Le 22 août, des médias ont révélé le côté obscur du partenariat de la Formule 1 avec le pays de Paul Kagame, et fait état d’un appel à la responsabilité éthique pour appeler la célèbre écurie à ne pas s’associer au dictateur rwandais.
La Formule 1 critiquée
Dans le monde du sport automobile, où la vitesse, l’innovation et le rayonnement mondial sont célébrés, le partenariat potentiel de la Formule 1 avec le régime du président Paul Kagame, avec une réunion prévue en septembre 2024, constitue une contradiction flagrante avec les valeurs de liberté, de démocratie et de droits de l’homme que l’on pourrait espérer voir défendues par un événement international aussi prestigieux, lit-on dans les médias.
Ils rappellent que le Rwanda, sous la direction de Kagame, a été présenté comme un phare de la reprise post-conflit, présentant une croissance économique et des réformes sociales impressionnantes. Cependant, ce vernis de progrès masque une réalité plus profonde et plus troublante. Les critiques soutiennent que le gouvernement de Kagame opère avec un fer à repasser, où la dissidence n’est pas seulement découragée mais systématiquement écrasée. Le récit du succès du Rwanda ignore souvent les méthodes autoritaires employées pour maintenir cette image, notamment, l’idée de voir le Rwanda accueillir une course de Formule 1, dans le cadre d’une stratégie visant à mettre en valeur la prétendue modernité du pays, soulève donc plusieurs problèmes éthiques, ainsi stigmatisés.
Problèmes éthiques
Le sportwashing, qui consiste à utiliser des événements sportifs de grande envergure pour détourner l’attention de son bilan en matière de droits de l’homme. Le glamour de la F1 pourrait servir à redorer l’image de Kagame à l’échelle internationale, à l’instar d’autres régimes autoritaires.
Disparité économique
Si la course peut apporter des avantages économiques, le coût de l’accueil d’un tel événement dans un pays où plus de la moitié de la population vit en dessous du seuil international de pauvreté est stupéfiant. L’investissement dans les infrastructures pour la course pourrait être considéré comme une mauvaise allocation de ressources qui pourraient autrement lutter contre la pauvreté ou améliorer les services de base.
Implications morales pour la F1
En s’alignant sur le Rwanda, la Formule 1 risque de s’aligner sur un régime critiqué pour ses violations des droits de l’homme. Ce partenariat pourrait ternir la réputation du sport, suggérant que le profit et le spectacle sont prioritaires sur les considérations éthiques.
Point de vue des victimes
Pour ceux qui s’opposent à Kagame au Rwanda, le partenariat avec la Formule 1 n’est pas seulement un faux pas, mais une trahison. Ils le voient comme un nouvel outil dans l’arsenal de Kagame pour légitimer son règne, tant au niveau national qu’international. La communauté internationale, y compris les organismes sportifs comme la Formule 1, devraient faire attention à ne pas devenir complices involontaires de ce narratif.
J.N. AVEC LE MAXIMUM