La situation se prête bien pour paraphraser la célèbre tirade de l’historien et homme politique romain, Caton l’ancien.
Après moult humiliations lors du conflit qui opposa Rome à Carthage pendant plus d’un siècle (les guerres puniques), il conclura qu’il fallait détruire cette cité dont l’opulence reposait sur la spoliation de l’empire romain. D’où le célèbre “Delenda Carthago” (Il faut détruire Carthage).
Kigali opère à l’égard de la RDC comme une sangsue, un parasite. Il a développé une addiction aux richesses naturelles du Congo, à la manière d’un drogué qui ne peut plus se passer de doses de plus en plus importantes pour sa survie, en l’occurrence ravager l’Est du Congo pour piller ses ressources naturelles.
Jacques Chirac s’adressant à l’ougandais Museveni et au rwandais Pasteur Bizimungu, devant Laurent Désiré Kabila, avait parlé de ‘‘guerre absconse’’ lors des premières attaques meurtrières du RCD à l’Est du Congo.
Voilà des décennies que cette partie du pays ne connaît plus la paix. Nous en sommes aujourd’hui à une énième invasion meurtrière, avec son lot de violences, d’exactions, avec une fois encore des déplacés internes et des populations en déshérence. Une énième tragédie subie sans que la RDC n’ait ni attaqué ni conduit quelque action belliqueuse sur le territoire de son voisin.
Lors de son arrivée au pouvoir, le président Félix Tshisekedi avait tendu la main à Paul Kagame, l’invitant à tourner la page des relations conflictuelles pour amorcer une nouvelle ère de paix et de coopération économique. Partant du constat réaliste que le Rwanda est notre voisin, qu’il ne déménagerait jamais, et nous non plus. Par conséquent, nous devons nous supporter et nous entendre. La main sur le cœur, il a été à Kigali, il a sacrifié au rituel du fameux mémorial du génocide, et surtout il a tenu chaleureusement et publiquement la main de Kagame à la manière d’un frère.
Quelques semaines plus tard, le président rwandais sera chaleureusement accueilli à Kinshasa, malgré les rancœurs dues aux violences barbares commises par ses troupes sur le sol congolais au cours des invasions successives.
D’ailleurs beaucoup de Congolais reprochent encore au président Félix Tshisekedi cette approche conciliante envers un dirigeant qui ne manifeste aucun remord ni empathie pour notre pays. Mais c’est lui faire un mauvais procès.
Il fallait oser et tenter la paix, au moins on ne lui reprochera pas de n’avoir pas essayé.
Paul Kagame s’est révélé dans ce qu’il est au fond : une âme torsadée et un esprit de duplicité. On ne peut jamais apprivoiser un scorpion, il finira par vous mordre car c’est sa nature profonde.
À nouveau, les bruits de bottes se font entendre autour de plusieurs cités et villages du Nord Kivu. Les nouvelles du front sont inquiétantes de jour en jour. Manifestement, le dictateur rwandais a décidé de passer à la vitesse supérieure en renforçant ses troupes et en les équipant d’armes plus lourdes et plus meurtrières dans une nouvelle phase offensive visant à étendre les territoires occupés jusqu’à la ville de Goma, et peut-être au-delà…
Plusieurs témoignages de membres de la société civile et de journalistes évoquent d’importants mouvements de troupes traversant la frontière avec le Rwanda et plusieurs rotations de camions chargés d’armements.
D’ailleurs l’armée rwandaise ne se cache plus et agit ouvertement, alors même qu’elle se sait observée par les drones de la mission des Nations Unies et ceux de l’armée Congolaise.
Ces faits récurrents sont notés, consignés dans divers rapports tant des institutions officielles nationales et internationales que des Ong et des observateurs indépendants.
Ils rejoignent dans les tiroirs l’emblématique rapport Mapping dont tout le monde espère, sans vraiment y croire, qu’il sera un jour exhumé à charge des bourreaux du peuple congolais, au cours d’un remake régional de Nuremberg, le Tribunal pénal international pour la RDC, qui est appelé de tous les vœux par les partisans de la paix dans la région des Grands Lacs.
Mais la méthode Coué n’ayant jamais fait ses preuves nulle part au monde dans un cas d’agression assumée comme celui-là, la RDC est une fois de plus contrainte de se battre, pour se défendre, seule, pour sa survie en tant que nation souveraine vivant en paix sur son territoire.
En effet, depuis plus de deux ans la cité de Bunagana (frontalière avec l’Ouganda) et la majeure partie du territoire de Rutshuru sont occupés par le Rwanda sous la couverture du M23, un mouvement fantoche, créé et instrumentalisé pour les besoins de la cause, comme le furent à leurs époques l’AFDL, le RCD, le CNDP ainsi que d’autres proxies. Ce M23 moribond depuis sa dernière défaite en 2013 a été réanimé par Kigali et vit sous perfusion de l’armée rwandaise pour servir de paravent.
Ces dernières semaines ont vu les assaillants progresser en territoire de Masisi voisin jusque, semble-t-il, à portée de canons de la ville de Goma, capitale de la province du Nord Kivu, avec ses plus de 2 millions d’habitants. Déjà les déplacés affluent et la détresse est indicible.
Tous ces territoires ont la particularité d’abriter d’importantes communautés rwandophones, notamment les Tutsi congolais dont la propagande immonde de Kigali se sert en les faisant passer pour victimes d’exactions à base ethnique purement imaginaires. Ce prétexte aussi fallacieux qu’immoral est battu en brèche par la simple réalité sociale dans le Nord-Kivu et le pays en général.
Bien qu’il existe quelques conflits pour les terres agricoles et pastorales, d’ailleurs exacerbés par Paul Kagame et son gouvernement, les Tutsi congolais sont plutôt bien intégrés dans la société. Ils ont des élus qui siègent au parlement et dans les assemblées provinciales, ils sont au gouvernement central, dans les entreprises publiques et occupent divers postes importants au sein des forces de défense et de sécurité nationale.
Et cela n’est pas récent. Sous le régime de Mobutu, les rwandophones, en particulier les Tutsi (ceux présents avant l’indépendance et ceux réfugiés après 1960), avaient toujours bénéficié de situations avantageuses et vivaient paisiblement. Seul l’afflux important de réfugiés se disputant la terre avec les autres communautés congolaises avait conduit, à l’orée des années 80, à des mesures de clarification sur la nationalité qui provoquèrent quelques tensions de très basse intensité.
Après son avènement à la faveur de la guerre et du génocide au Rwanda, le régime de Kagame s’est fait fort d’exacerber ces tensions en s’immisçant dans les affaires intérieures de la RDC et en y important la dualité ethnique rwandaise pour opposer les communautés ayant en partage le Grand Kivu.
Mais dans l’entre-temps une constitution inclusive, plébiscitée par un référendum en 2006 avait accordé à toutes les communautés ethniques de la RDC les mêmes droits citoyens, mettant ainsi fin aux ambiguïtés concernant les compatriotes Tutsi, dont nombreux avaient pris les armes sous les auspices de Kagame.
Ces dernières décennies, l’intégration des membres des communautés Tutsi du Nord Kivu et du Sud Kivu (Banyamulenge) dans les institutions de la République a suivi les recommandations de plusieurs initiatives de dialogue ainsi que le processus de brassage dans l’armée sous la houlette des Nations Unies.
Factuellement les raisons d’une rébellion communautaire des rwandophones en RDC sont spécieuses et ne résistent à aucune analyse objective.
Le prétexte Front démocratique pour la libération du Rwanda (Fdlr) auquel s’accroche hypocritement Kagame est tout autant fallacieux. Ces groupuscules existent parce que, d’une part le régime de Kigali ferme la porte à tout dialogue national lorsqu’il ne renvoie pas en terre congolaise les FDLR rapatriés au Rwanda pour les besoins de son projet funeste, et d’autre part, parce que le chaos qu’il provoque délibérément à l’Est de la RDC favorise l’émergence de plusieurs groupes armés nationaux et étrangers, qui se livrent la plupart du temps au trafic des minerais, au racket et aux violences sur les populations rurales congolaises.
Finalement, la RDC en est plus victime que le Rwanda…
Ces résidus des Fdlr ne représentent du reste plus aucun danger pour la paix et l’intégrité du Rwanda.
D’ailleurs à maintes reprises, la RDC a autorisé l’armée rwandaise à venir les traquer sur son sol. Faut-il rappeler en outre que de 2008 à 2013 les armées rwandaises et ougandaises avaient occupé toute la partie Est de la RDC qui abriterait ces fameux Fdlr qui leur servent de prétexte pour piller les richesses naturelles congolaises ?
C’est la RDC qui a montré sa volonté de vivre en paix avec ses voisins et s’est ouverte au dialogue national, au point que son armée et ses services de sécurité sont notoirement infiltrés.
Le Rwanda ne peut pas en dire autant avec son pouvoir rageusement mono ethnique, sous le joug duquel la majorité Hutu vit un véritable apartheid et subit un génocide intellectuel subtil par le truchement du bannissement de la langue française comme langue officielle et de l’enseignement au profit de l’anglais pratiqué en Ouganda où un grand nombre de leurs compatriotes Tutsi avait trouvé asile pendant de longues années. Ainsi toute la production intellectuelle d’avant Kagame, des millions de pages de recherches et d’histoire produites par des chercheurs francophones rwandais (Hutu en majorité) ne sont plus accessibles aux élèves et aux étudiants. Autrement dit un autodafé géant à la manière de SS du régime Nazi allemand d’un certain Adolf Hitler.
Si les territoires envahis par le Rwanda abritent les communautés rwandophones de la RDC, ils possèdent aussi et surtout de grandes réserves de minerais les plus recherchés sur le marché des nouvelles technologies.
Outre le coltan qui entre dans la fabrication des terminaux mobiles (smartphones, ordinateurs, etc.), et dont la RDC est première productrice mondiale, la cassitérite, le tungstène, le niobium, l’or etc. s’y trouvent à foison.
Ainsi, très clairement le plan de progression de l’armée rwandaise en RDC tend à isoler et à s’emparer des mines les plus juteuses, comme celle de Rubaya déjà dans l’escarcelle de Kagame.
Et on peut se rendre compte qu’il y a, comme jadis lors de la première invasion de 1996/97 qui chassa Mobutu du pouvoir et de toutes les incursions répétées, une logique de prédation derrière cette énième agression.
Les protagonistes restent les mêmes. Cette fois-ci c’est le Rwanda qui est principalement à la manœuvre, l’acolyte ougandais restant dans l’ombre tout en exécutant furtivement certaines tâches connexes.
De toute façon, il est impossible d’occuper Bunagana sans la complicité de l’Ouganda.
On sait également que des intérêts extérieurs sont prêts à acter ce marché de contrebande des minerais congolais, dont le Rwanda serait le pourvoyeur. La vigilance s’impose pour traquer et dénoncer tous les pays et entreprises complices de cette mascarade maffieuse.
Enfin, on notera aussi l’attitude inamicale du nouveau président Kenyan, William Ruto, invité gêné à l’investiture du président Félix Tshisekedi, qui avait justifié la conférence de presse tenue dans sa capitale Nairobi par un paltoquet menaçant d’attaquer militairement la RDC. Pas sûr que l’inverse lui aurait plu…
Mais, et ceci explique peut-être cela, le Kenya vient d’annoncer avoir miraculeusement aussi découvert des gisements de coltan sur son territoire.
Comme toujours, des figurants congolais sont mis en avant. Les derniers en date ont été habillés d’un manteau trop grand pour eux, n’ayant ni armée ni logistique militaire. Ces nouveaux hommes de paille se font appeler Alliance du fleuve Congo et sont dirigés par un aigri prêt à vendre son âme pour se venger de son infortune, ayant été délesté par l’État congolais d’une mine d’or mal acquise.
De tels desperados en quête du pouvoir et de l’opulence, uniquement mûs par la boulimie et la haine, ne trompent plus personne.
Félix Tshisekedi a bien raison de n’en faire aucun cas lorsqu’il menace de déclarer la guerre aux vraix envahisseurs de la RDC.
D’aucuns se demandent comment un si grand pays de plus de 100 millions d’habitants peut être victime d’invasion de la part d’un Etat lilliputien comme le Rwanda qui compte à peine 13 millions d’habitants, soit moins que la ville de Kinshasa, et qui est moitié moins vaste que le seul territoire d’Idiofa.
On peut recourir à l’exemple du géant d’Afrique qu’est le Nigeria, première puissance économique du continent avec ses 200 millions d’habitants, mais qui, depuis bientôt deux décennies, ne parvient pas à éradiquer le terrorisme islamiste Boko Haram sur un très vaste territoire.
S’exprimant au sujet de la défense de la ville de Lomé, lorsqu’il s’agissait de réclamer en 1960 le rattachement du Togo britannique, qui fait aujourd’hui partie du Ghana, le grand stratège que fut le général français Charles De Gaulle avait estimé que la ville de Lomé était «indéfendable, car directement frontalière du Ghana».
On se trouve dans la même configuration en RDC avec Goma et Bukavu, villes frontalières du Rwanda.
En effet, la situation géographique de ces deux villes les rend vulnérables face à un voisin belliqueux et sans état d’âme. Une guerre totale signifierait en fin de compte des combats pouvant culminer jusqu’au sacrifice de ces deux entités qui risqueraient d’être détruites totalement ou en partie par des bombardements de part et d’autre. Tout comme Gisenyi et Cyangungu au Rwanda d’ailleurs.
Ce serait en quelque sorte un prix trop exagérément élévé à payer en vies humaines congolaises et africaines.
La RDC a déjà payé un lourd tribut à la guerre. Des millions de ses citoyens ont été décimés. Son appareil de défense et de sécurité a été affaibli par moult infiltrations à la faveur des accords politiques, comme celui que le Rwanda s’efforce de faire signer au président Tshisekedi. Cela n’est plus acceptable.
L’attitude de Kagame ne laisserait d’autre alternative en cas de guerre que l’invasion du territoire de l’ennemi.
Mais selon une sagesse populaire, on sait quand on commence une guerre, mais on ne sait jamais quand ni comment elle se termine.
Les Congolais qui ont en face d’eux un agresseur psychopathe qui aime la guerre et le sang, qui règle ses problèmes de préférence par la violence et le meurtre, se doivent d’éviter le traquenard de la guerre totale qui ferait l’affaire de cet émule de Hitler.
L’objectif de Paul Kagame est de faire main basse sur nos richesses naturelles et de contrôler une vaste partie de notre territoire.
Le Rwanda étant pauvre en ressources naturelles, il s’avère manifestement incapable d’imaginer le développement de son pays autrement que par le pillage du Congo, qu’il considère comme son hinterland naturel. Exactement comme le fondateur du national socialisme allemand vis-à-vis de l’Autriche, de la Tchécoslovaquie, de la Pologne, de la France et même de la Russie avant d’être défait militairement par les alliés en 1945.
Singapour ou Taïwan ont pu se développer sans disposer d’énormément de richesses naturelles, mais en misant sur les ressources humaines et les technologies innovantes etc. Mais Paul Kagame n’est pas ce leader génial que sa propagande vante à longueur de journées. C’est un vulgaire contrebandier, un assassin sans scrupules.
Les écrivains Pierre Péan et Charles Onana, dont les ouvrages font référence, ne disent-ils pas expressis verbis que Paul Kagame est le plus grand criminel de guerre de l’époque encore post-hitlérienne ?
Pour détruire cette nuisance qui niche à Kigali, la guerre totale n’est pas encore nécessaire, car ce serait une guerre d’usure à la faveur de laquelle le pillage des ressources naturelles congolaises continuerait bon an mal an, comme en 1997/2003.
C’est une défense tactique qu’il faut entreprendre en mobilisant toutes les forces disponibles dans le pays et ailleurs dans le monde pour mettre un terme au pillage éhonté et à l’exploitation de nos ressources naturelles par le Rwanda. Les zones d’exploitation minière devraient être nos objectifs prioritaires, autour desquels l’essentiel de nos forces devraient se concentrer.
En empêchant Kagame d’atteindre son but de satisfaire sa soif de butins et de rapines, en réduisant le budget de son régime alimenté essentiellement par l’aide internationale, il sera asphyxié et disparaîtra pour le plus grand bien de nos voisins rwandais et de tous les peuples de l’Afrique des Grands lacs.
Barrer l’accès de nos richesses naturelles à Kagame et le sevrer de l’assistance des pays occidentaux qui le portent à bout de bras, sera un coup fatal pour son régime criminel et prédateur qui est d’ailleurs rejeté par la majorité silencieuse rwandaise.
Charles Kabuya
et le Maximum