Le président Félix-Antoine Tshisekedi a dévoilé mercredi 8 novembre 2023, sur une place du quartier Matonge, à Kinshasa, le monument de l’artiste musicien Papa Wemba, décédé le 24 avril 2016 à Abidjan (Côte d’Ivoire), des suites d’un malaise sur scène, au cours d’un concert au Festival des musiques urbaines d’Anoumabo (FEMUA). «Je voudrais solliciter par cet acte que vous venez de poser aujourd’hui que vous puissiez accélérer la procédure de signature d’ordonnances, afin que le monument de Papa Wemba que vous avez dévoilé et ceux qui sont à Kinshasa et partout en RDC, puissent être reconnus et classés par l’ordonnance que vous allez signer, afin que nous puissions constituer un dossier bien ficelé à présenter à l’Unesco», a déclaré la ministre de la Culture, arts et patrimoines Catherine Furaha.
Elle a rappelé que Papa Wemba avait réussi à vendre l’identité des Congolais partout où il chantait dans quatre langues nationales ainsi que dans la langue de sa maman «kitetela». «Dans les 11 arts, Papa Wemba était présent. Il était parmi les rares artistes qui avaient été désignés par Barly Baruti en 1987. Il était dans le cinéma parce qu’il a joué ‘‘La vie est belle’’ et ‘‘Les habits neufs du gouverneur’’», a-t-elle présicé avant d’ajouter que Papa Wemba était un grand mannequin et qu’il a présenté la mode congolaise, africaine et mondiale.
Pour Catherine Furaha, au-delà de la musique, Wemba était un idéologue et un philosophe. Elle a rappelé que le gouvernement avait acheté la maison de l’artiste pour en faire un patrimoine national.
Né en 1949 dans la province du Sankuru, Papa Wemba, de son vrai nom Shungu Wembadio Pene Kikumba, était une icône, un symbole du Congo musical.
Très jeune, il a quitté sa campagne pour vivre à la ville et s’intégrer au monde moderne. En 1969, il a fondé avec ses amis le groupe “Zaiko Langa Langa“, s’inspirant de nombreux courants, notamment la musique afro-cubaine, le rock et le rhythm and blues.
En 1977, Papa Wemba a fondé un nouveau groupe “Viva la Musica“, baptisé à partir d’un titre de Johnny Pacheco.
Comme touche personnelle, il a utilisé le lokolé, un tronc d’arbre creux que l’on frappe avec deux baguettes pour communiquer d’un village à l’autre, adoptant ainsi avec ses musiciens un look particulier. Il a créé alors la Société des ambianceurs et des personnes élégantes (Sape), qui lui a permis d’avoir une identité.
Dans les années 1980, Papa Wemba a chanté de plus en plus en Europe et est devenu l’ambassadeur de la World music.
Créateur d’une mode et d’une musique, Papa Wemba a largement participé à introduire l’afro pop dans les chants occidentaux.
Il a sorti en 2008, «Kaka Yo» avec Viva la musica, regroupant autour de lui une quinzaine de jeunes artistes en leur offrant à cette occasion la chance de jouer dans cet opus collectif.
En 2014, il est revenu avec «Maître d’école», un album de rumba qui a prouvé que cette musique n’a pas pris une ride depuis son apogée dans les années 1950.
Wemba a été victime d’un malaise lors d’un concert donné à Abidjan, en Côte d’Ivoire, dans le cadre du Femua 2016, festival des musiques urbaines d’Anoumabo, rappelle-t-on.
JM