La Cour constitutionnelle a rendu publique la liste définitive des candidats retenus pour la présidentielle du 20 décembre 2023 en RDC. Laquelle dément les anticipations pessimistes, particulièrement de ceux qui prédisaient l’élimination abusive de certaines candidatures. Particulièrement, celle de l’ancien gouverneur du Katanga pour le compte du PPRD Moïse Katumbi Chapwe, naguère invalidée pour nationalité douteuse. La plus haute instance judiciaire du pays a même fait mieux en repêchant deux candidatures recalées par la CENI à savoir celles de Joëlle Bile (société civile) et Enoch Ngila (indépendant) qui ont ainsi été ajoutés aux 24 déjà retenus provisoirement par l’institution d’appui à la démocratie. La deuxième femme candidate sur la liste des 26 qui avait été recalée faute de preuves de paiement de la caution, a ainsi formellement déposé son dossier à la CENI, mercredi 1er novembre.
Dans les rangs de l’opposition, ces décisions de la haute Cour ont été accueillies avec ferveur. C’est le cas d’Olivier Kamitatu, porte-parole de Moïse Katumbi. «La candidature de Moïse Katumbi doit aux héros du G7 – Mwando, Lumbi, Kyungu – qui ont cru en son étoile, au martyre de C. Okende, aux souffrances vécues par Salomon Kalonda et Mukebay Mike et à l’engagement de millions de Congolais pour un nouveau Congo. Un très grand pas !», a-t-il écrit sur son compte X (ex-Twitter), lundi 30 octobre.
Mais selon certains observateurs, les décisions de la Cour constitutionnelle se lisent également comme un boulevard pour Félix Tshisekedi, candidat à sa propre succession. Dans une élection à un tour, la multitude des candidatures de l’opposition place l’unique candidat de la majorité en position idéale pour profiter de l’éparpillement des voix de ses adversaires.
Matata, Katumbi, Fayulu, Sessanga en discussions ?
Seule donc une candidature unique de l’opposition aurait pu déstabiliser le président de la République en exercice, mais il ne semble pas que l’on s’en approche. Même si, à en croire India Omari, secrétaire général de la Ligue pour la bonne gouvernance et le développement (LGD) d’Augustin Matata Ponyo, des discussions sont annoncées entre ce dernier, Katumbi, Fayulu et Sessanga.
Cependant, sur Top Congo FM et dans les colonnes de Jeune Afrique, Delly Sessanga n’a pas arrêté de clamer tout son pessimisme à cet égard. A ses yeux, cela se réduirait à «une des mesures pour endiguer la fraude mais pas pour gagner. Cette idéologie qui ramène à chaque fois la candidature commune comme étant la condition nécessaire et essentielle à la victoire n’est pas fondée. Nous avons déjà commis l’erreur de vouloir nous réunir autour des individus pour combattre les individus. Ce que le peuple congolais cherche aujourd’hui, c’est un projet, une vision».
Les reticences de Sessanga
Dans les colonnes de Jeune Afrique, le président de Envol exprime à peu près la même idée. «Considérer que face à un tel pouvoir, il faut un seul candidat pour le battre, c’est en fait alimenter le moteur de la fraude où on veut faire croire aux gens que la présence de plusieurs candidats signifie que la fraude est validée», assure-t-il.
Est également connue à cet égard, la position plus que tranchée de Martin Fayulu, le grand perdant de la présidentielle 2018 qui se considère et se présente toujours comme le vrai vainqueur de cette joute électorale. Ce qui le légitimerait en conséquence comme le candidat commun de l’opposition. On n’imagine pas le président de l’Ecidé et de ce qui lui reste de la coalition Lamuka modifier cette posture sur base de laquelle il s’est déjà lancé dans une véritable campagne électorale prématurée.
Autant, du reste, que Moïse Katumbi, dont on voit mal comment il renoncerait pour la seconde fois à prendre le départ de la course du 20 décembre prochain alors que la Cour constitutionnelle vient de lui en ouvrir les portes après la douche froide lui infligée en 2018 sous l’administration Kabila.
Seul donc Augustin Matata Ponyo présente un profil malléable sur le sujet. Ce qui ne devrait pas suffire. Sans compter les autres candidats non cités, à l’instar du Dr Denis Mukwege et Adolphe Muzito, qui ne manquent pas de partisans dans leurs fiefs respectifs du Sud Kivu et du Grand Bandundu.
Une candidature unique de l’opposition demeure une équation peu envisageable.
J.N. AVEC LE MAXIMUM