Chef d’une unité militaire d’élite, et jusqu’à il y a peu proche du régime Bongo dont il serait un parent, Brice Oligui Nguema a été nommé «président de la Transition» par les putschistes de Libreville mercredi soir.
Le nouvel homme fort du Gabon, commandait la Garde républicaine dans ce pays d’Afrique centrale.
Un mois après le coup d’État au Niger sur lequel on n’avait pas encore fini d’épiloguer, lui et ses hommes ont renversé leur président, Ali Bongo Ondimba, à la tête du Gabon depuis 2009.
Porté en triomphe par ses hommes à l’extérieur du palais présidentiel de Libreville, le général est apparu en treillis et béret vert, au milieu de soldats surexcités. Agé de 48 ans et arborant une carrure athlétique, l’homme au crâne chauve, que l’on dit très discret, n’est pas apparu dans les trois premiers communiqués qu’il a laissé lire par d’autres officiers supérieurs à l’antenne de la télévision d’Etat. Y compris celui qui l’intronise président de transition, à la tête du «Comité pour la transition et la restauration des institutions» (CTRI).
Fils de militaire et réputé francophile, cet officier général était jusque là une figure incontournable du régime Bongo. Formé à l’académie militaire de Meknès (Maroc), il sert d’abord durant la présidence du père Omar Bongo, en tant qu’aide de camp avant d’être ‘‘mis au garage’’ en qualité d’attaché militaire à l’ambassade du Gabon au Maroc puis au Sénégal pendant dix ans. En 2019, il est rappelé au pays et nommé à la tête du service de renseignements de la garde républicaine. Six mois plus tard, il devient le commandant de cette unité d’élite chargée de la protection du détenteur du pouvoir en place.
À ce poste, il a impulsé de multiples réformes, dont la plus emblématique a été le renforcement du dispositif de protection d’Ali Bongo Ondimba, d’après le média spécialisé Mondafrique qui signale la création par lui d’un régiment spécial placé sous l’autorité directe du chef de l’État, la Section des interventions spéciales (SIS), dotée d’un équipement de pointe. «Il est très taciturne mais fort apprécié de ses hommes. C’est un Jules César, et comme Jules César, il veille au confort de ses légionnaires», a confié un membre du Parti démocratique gabonais (PDG) d’Ali Bongo, sous couvert de l’anonymat cité par l’AFP.
Propriétés aux États-Unis
Sa proximité évidente avec le régime des Bongo lui a permis d’engranger de se constituer une grosse fortune. Selon un rapport du consortium d’investigation Organized Crime and Corruption Reporting, il aurait en effet acheté, en 2015 et en 2018, pas moins de trois maisons dans le Maryland, aux États-Unis pour plus d’un million USD payés en espèces. Le consortium, tentant de l’interroger, s’est vu opposer une fin de non-recevoir. «En France comme aux États-Unis, la vie privée (…) doit être respectée», se serait-il contenté de répondre.
Le président déchu Ali Bongo Ondimba a été «mis à la retraite. Il jouit de tous ses droits. C’est un Gabonais normal, comme tout le monde», a immédiatement annoncé Brice Oligui Nguema, peu après le putsch, se présentant rapidement comme le nouvel homme fort du pays. Auprès de nos confrères du Monde , il a justifié ce coup d’État par une «grogne» gabonaise. Déclaré réélu par la centrale électorale gabonaise dans la nuit de mardi à mercredi, Ali Bongo, affaibli par un AVC survenu en 2018, «n’avait pas le droit de faire un troisième mandat. La Constitution a été bafouée, le mode d’élection lui-même n’était pas bon. Donc l’armée a décidé de tourner la page, de prendre ses responsabilités», a déclaré le militaire.
FK