Le 1er ministre congolais, Jean-Michel Sama Lukonde, a présidé lundi 27 mars 2023 à Kinshasa la cérémonie de signature de l’accord-cadre relatif à la création d’une Zone économique spéciale (ZES) dédiée à l’ambitieux projet de production de batteries et de véhicules électriques.
Les parties prenantes dans ce projet sont la RDC et la Zambie, la Commission économique des Nations-Unies pour l’Afrique et l’Afreximbank.
Selon Julien Paluku, cet accord-cadre vise à ouvrir la voie pour une étude de préfaisabilité qui sera menée pendant quelques mois par la firme Arise Integrated Industrial Platforms (Arise IIP) chargée de concevoir un plan d’exécution et un modèle opérationnel pour la création et l’exploitation de la ZES transfrontalière; identifier les principaux défis à relever afin de faciliter la création et l’exploitation de la ZES transfrontalière; élaborer un plan de financement et des stratégies de mobilisation de fonds ; et concevoir une stratégie de promotion des investissements dédiés à la ZES transfrontalière. «Toute la procédure a déjà été épuisée et celle qui va réaliser cette étude est déjà connue ARISE Integrated Industrial Platforms (ARISE IIP). Le délai de cette étude ne va pas excéder les 3 à 4 mois qui viennent pour qu’au plus tard vers août nous ayons les éléments détaillés», a-t-il déclaré à ce sujet au cours de la conférence de presse avant de préciser que d’ici 2025, l’Afrique nourrit l’ambition de capter une bonne part du marché des batteries et voitures électriques. «Le marché que le secteur des batteries va attirer à travers le monde, c’est entre 7 mille et 46 milles milliards. L’objectif des gouvernements africains c’est quoi ? Se donner un objectif par exemple de capter 10% de ce marché, si on capte 10% de ce marché, ça vous fait 700 milliards USD mais nous devons viser plus que 10%. Donc il appartient à nous africains de monter des stratégies pour voir comment capter ce marché là. Au lieu d’emmener en Chine, aux USA notre Cobalt, Cuivre, Lithium, Manganèse dans leur état brut, transformez les ici pour que nous puissions commencer à vendre les produits avec une valeur ajoutée».
A la question de savoir pourquoi une ZES alors que la loi exclut les mines dans ces espaces, Julien Paluku explique que «ce qui est exclu dans une zone économique spéciale, c’est l’exploitation minière, pas la transformation. On ne peut pas mettre un carré minier dans une zone économique spéciale, c’est interdit par la loi mais lorsque les produits sortent d’un carré minier, lorsqu’ils doivent subir une transformation ça peut se faire dans une zone économique spéciale. Pourquoi nous mettons ce projet dans une zone économique spéciale ? Parce que c’est un espace où il y a des facilités à la fois fiscale, parafiscale et douanière pour rendre l’investissement beaucoup plus compétitif, il faut lui permettre d’évoluer sans une pression fiscale parce qu’on connaît beaucoup de partenaires qui ont plié bagage parce qu’ils font objet de beaucoup de tracasseries. C’est pourquoi on les isole dans cet espace que le gouvernement Zambiens et Congolais ont créé pour permettre que les investissements soient beaucoup plus compétitifs avec des coûts réduits».
Pour sa part, la représentante de la banque Afreximbank a fait savoir que «l’ensemble des partenaires sont vraiment disposés à financer cette étude. Il est important que ce projet réussisse parce que si nous réussissons ce projet d’autres pays africains vont prendre note et vont également se lancer dans ce type d’initiatives. L’étude de préfaisabilité est estimée à 750.000 USD»,
Pour le 1er ministre Sama Lukonde, il est temps de passer à l’action pour faire bénéficier aux Congolais les dividendes de leurs ressources naturelles. «Nous sommes en face d’un des projets intégrateurs parce que répondant d’abord à une question de climat, la question de la transition énergétique. Ce projet doit être un exemple, un modèle non seulement dans le cadre de la coopération Sud Sud pour l’Afrique et tous les autres pays de la sous-région et surtout au niveau mondial sur le respect de demande des différents pays de bénéficier de leurs ressources», a-t-il déclaré.
Notons que les minerais qui entrent dans la dynamique de ce méga projet sont notamment le cobalt, le cuivre, le lithium, le manganèse, des matières que la RDC partage aussi avec la Zambie.
Depuis plusieurs années, l’Afrique exporte ses matières premières à l’état brut, et ce, dans l’espoir de se développer alors qu’elle a à le faire tout en devenant de plus en plus pauvre et dépendante des produits finis qui ont une valeur plus stable que les matières premières dont la valeur est fonction des besoins des industries asiatiques et occidentales.
De ce constat, la RDC nourrit l’ambition de conduire l’Afrique vers son destin de berceau de l’humanité à travers les ressources stratégiques abondantes qui joueront un rôle de premier rang dans la transition énergétique, la priorité urgente de l’humanité à ce jour.
Comme pays-solution au regard de sa biodiversité et ses minerais stratégiques qui entrent dans la fabrication des batteries électriques, des énergies renouvelables, des voitures électriques, la RDC s’est donnée comme ambition de développer une chaîne de valeur régionale autour de l’industrie des batteries électriques et des véhicules électriques dont le processus de mise en œuvre a été déclenché et se poursuit depuis la tenue du DRC-Africa Business Forum à Kinshasa en octobre 2021.
JM