Les dépenses militaires de la RDC ont atteint la bagatelle somme de 492 millions USD pour les dix premiers mois de l’année dernière, soit un taux d’exécution de 103%. Le pays subit une guerre d’agression de son voisin rwandais et se trouve dans l’obligation de se défendre. Mais l’information, pourtant livrée officiellement par les instances financières nationales a été commenté dans tous les sens. «La RDC explose son budget militaire», a-t-on entendu ci et là, sur un ton de reproche, certains allant jusqu’à brandir le sceptre de l’inflation, comme pour condamner ces dépenses sécuritaires pourtant vitales.
En réalité, rien que pour le mois de janvier 2023, 400 milliards CDF ont été décaissés par le trésor public au titre de dépenses sécuritaires et mise à la retraite des fonctionnaires de l’Etat, a révélé, lundi 20 février, Nicolas Kazadi, ministre des Finances à l’occasion d’un briefing hebdomadaire animé conjointement avec son collègue de la Communication et Médias. Contrairement aux informations alarmantes et tendancieuses, force est de le reconnaître qu’il n’y a pas péril en la demeure, a assuré l’argentier national. La dette publique de la RDC n’est nullement guettée par une quelconque explosion, même son encours a doublé, passant de 5,6 milliards USD en 2019 à près de 10 milliards en 2022. «Nous sommes désespérément sous-endettés. 10 milliards USD, c’est la même dette que nous avions sous l’initiative PPTE lorsque notre budget était de 500 millions, même pas un milliard. Aujourd’hui nous avons un budget de l’ordre de 16 milliards USD et un PIB autour de 60 milliards, donc on a le droit de s’endetter», a expliqué Nicolas Kazadi.
Seulement 17 % de dette
Parce qu’en réalité, la fameuse dette n’est encore que de 17%, si l’on tient compte du rapport entre le stock de la dette et le PIB, et c’est ainsi qu’il faut présenter les chiffres et pas autrement. «Il n’y a aucun pays africain aussi peu endetté que nous», a encore affirmé le ministre des Finances, ajoutant qu’«au moment où nous parlons, il (l’encours de la dette, ndlr) ne fait que baisser malgré la prétendue ‘explosion’…». Et nul ne l’a contredit depuis le 20 février 2023, date de ses affirmations.
Probablement parce que l’état des finances de la République n’a jamais été aussi reluisant, malgré la guerre. Et les bailleurs de fonds, qui ne s’y trompent pas, rechignent de moins en moins à délier les cordons de leurs bourses. La RDC bénéficie de nombre d’appuis financiers, à l’instar du portefeuille de la BM qui caracolait autour de 7 milliards USD à juin 2022 grâce à une augmentation significative des financements de l’Association internationale de développement (IDA), qui concède des dons et des prêts à taux zéro ou à faible taux d’intérêt pour stimuler la croissance économique, réduire les inégalités et améliorer les conditions de vie des populations dans les pays les plus pauvres du monde. «L’important, c’est de veiller à ce que cet endettement nous profite», explique encore le ministre.
Tableau reluisant
«Nous avons une croissance qui est très bonne, rien que cette année nous pensions qu’on serait à 6,6% mais les dernières évaluations du FMI nous emmènent à 8.5% donc une économie la plus dynamique du continent donc tout cela fait dire qu’aujourd’hui tous les financiers regardent vers la RDC en disant nous pouvons prêter à ce pays puisqu’il est performant, la croissance est bonne, les recettes publiques augmentent», déroule encore l’argentier national. Des dettes, la RDC peut et doit en contracter davantage, parce qu’«on a des besoins», selon Nicolas Kazadi qui estime, néanmoins que «nous devons nous assurer que ces endettements servent l’intérêt du pays pour le rendre solide, c’est-à-dire, qu’ils aillent au bon endroit, dans les investissements, les infrastructures, où nous avons un grand retard».
S’endetter davantage
Des mesures adéquates sont donc prises pour atténuer les effets des accélérations dans les dépenses publiques, que les détracteurs de l’augmentation de l’encours de la dette occultent à dessein. «Lorsqu’il y a une accélération pour l’une ou l’autre raison, comme lorsqu’au courant du même mois de janvier vous devez décaisser plus de 400 milliards CDF qui vont à la fois en dépenses sécuritaires et à la mise à la retraite des agents de l’Etat, ça fait un coup supplémentaire. Et donc on se dit qu’on doit gérer la trésorerie de manière optimale : on réduit là où on peut réduire, le temps de se rattraper sur les recettes. C’est tout ce qui se fait», explique-t-il à ce sujet.
Les dépenses contraignantes inhérentes à la guerre à l’Est n’auront donc nullement infléchi la rigueur dans la gestion de la trésorerie, demeurée «prudente et sage». «Nous n’avons pas creusé de déficit, nous avons utilisé les excédents antérieurs et les appuis budgétaires pour faire face aux besoins de trésorerie», a révélé le ministre des finances.
J.N. AVEC LE MAXIMUM