Selon les prévisions de Cochilco, les besoins du secteur automobile devraient faire augmenter à 2 millions de tonnes la demande mondiale de lithium d’ici 2030. Cela devrait avoir un impact durable sur les prix de ce métal, surtout si l’offre disponible n’est pas suffisante.
En Afrique, les dirigeants sont conscients des enjeux et opportunités du lithium et plusieurs pays, dont la Côte d’Ivoire, s’activent déjà pour bien se positionner sur le marché malgré l’impact de l’exploitation de cette matière première sur leur environnement.
La Namibie, le Zimbabwe, le Mali, la RDC, le Ghana, la Côte d’Ivoire, la Tanzanie, le Mozambique et Madagascar sont parmi les pays africains qui détiennent des réserves de lithium. On y compte quelques 25 projets d’exploitation de cette matière.
À l’heure actuelle, la seule mine de lithium en phase de production sur le continent noir est celle de Bikita, au Zimbabwe, même si quelques autres projets en sont à des stades assez avancés en RDC et au Mali notamment.
Bien que l’exploitation du lithium en Afrique puisse se révéler fort profitable au plan financier pour les compagnies minières, et ipso facto pour les caisses publiques des Etats détenteurs des réserves, des Ong occidentales tirent la sonnete d’alarme sur les conséquences environnementales nocives que leur exploitation pourrait avoir. On rappelle à cet égard qu’en Amérique du Sud (Chilie, Bolivie) où le lithium est principalement extrait de saumures salées, les opérations d’exploitation ont été particulièrement dévastatrices pour l’écosystème. En plus d’augmenter, entre autres, les émissions des gaz à effet de serre et de détruire de nombreuses étendues de terres fertiles, l’extraction du lithium présente le risque d’appauvrir les nappes phréatiques. Selon l’Institute for Energy Research (IER), l’extraction d’une tonne de ce minerai nécessite la consommation d’environ 2 millions de litre d’eau. Une situation qui fait craindre l’accentuation de la sécheresse, ce qui est de nature à préjudicier la faune et la flore ainsi que l’approvisionnement en eau potable pour les populations locales. Sans compter que les quelques sources qui subsistent dans les régions d’exploitation sont souvent polluées par les déchets miniers.
Si en Afrique le lithium est principalement extrait des roches dures sous forme de spodumène, l’impact environnemental reste important car l’extraction du minerai se fait en dynamitant le sol puis en creusant des puits miniers de quelques centaines de mètres de profondeur. Une fois le minerai extrait, il doit être transporté à l’usine de concentration afin d’être débarrassé des scories. Les conséquences de ce processus sur l’environnement vont de la pollution du sol à celle des eaux et de l’air.
En République Démocratique du Congo, ce danger paraît gérable au regard de la superficie exceptionnelle de ce pays, le plus grand d’Afrique après la balkanisation du Soudan et de la multiplicité des bassins aquatiques qui le traversent.
Mais en plus du lithium, d’autres minerais stratégiques expliquent les malheurs de la République Démocratique du Congo depuis l’arrivée au pouvoir à Kigali du régime de Paul Kagame. Ce régime post-génocide n’a eu de cesse de lorgner goulument sur ces minerais. Toutes les occasions sont bonnes pour Kagame et sa clique pour justifier les incessantes incursions qu’ils font en territoire congolais pour faire main basse sur ce pactole.
Plus de 200 personnes viennent ainsi de trouver la mort le 29 novembre 2022 à Kishishe, une à Kishishe, une localité du Nord-Kivu occupée par la coalition RDF-M23 dans ce but.
Pour le ministre congolais de l’Industrie en RDC, Julien Paluku, la progression du M23 à Kishishe a pour objectif de contrôler la mine de la Société minière et industrielle du Kivu (SOMINKI) pour extraire principalement les minerais de pyrochlore qui contient le niobium, une matière première très recherchée dans l’aéronautique et l’informatique. La saga du pyrochlore du Kivu rémonte dans les années 90 avec la création de la SOMIKIVU à Lueshe pour l’exploitation du pyrochlore par un consortium allemand la Gesselchaft für elektrometallugie (GFE) comme actionnaire principal. Après 1998, le RCD/ Goma, une autre création des Rwandais, s’empara de cette mine et la confia à la Krall Metal Inc. de l’Allemand Karl Heinz Albert, un ex-employé de GFE, qui s’installa momentanément à Lueshe sous la protection d’une escouade militaire venue de Kigali pour sécuriser l’extraction et le transport vers le Rwanda sans aucune aucune procédure douanière de ce minerai précieux. Une véritable gestion mafieuse des ressources naturelles congolaises que Paul Kagame veut rééditer aujourd’hui.
«Ce qui se passe à l’Est de la RDC est une guerre économique. Ce sont le coltan, la cassitérite, l’or et surtout le pyrochlore qui sont visés. C’est la mine de Sominki qui est visée. Ce qui justifie la progression de l’armée Rwandaise vers Kishishe, c’est pour contrôler la mine de la Sominki afin d’extraire le pyrochlore», a dénoncé à ce sujet Julien Paluku lors du briefing hebdomadaire organisé lundi 5 décembre à Kinshasa par le gouvernement.
Ancien gouverneur du Nord-Kivu, Paluku dénonce les agissements du régime Kagame. «Il faut que l’opinion sache qu’il n’y a pas de problème de haine contre une ethnie en RDC. Il n’y a pas de discours contre une communauté en RDC. C’est des ingrédients utilisés par le régime de Kigali pour survivre à l’international. Le président de la République a clairement indiqué que la RDC n’a pas de problème avec la population Rwandaise mais plutôt avec le régime de Kigali qui s’est constitué en terroriste dans la région en se nourrissant du sang des congolais pour survivre à l’international», dit-il en substance.
Le ministre de l’Industrie congolaise, a aussi appelé la communauté internationale, à laquelle les Congolais reprochent de ne pas jouer franc-jeu dans la guerre de l’Est qui oppose la RDC à la coalition RDF- M23, à cesser d’apporter toute sorte de soutien au Rwanda, principal agresseur de la RDC. «Il faut que la communauté internationale cesse de servir celui qui se nourrit du sang congolais. Si la communauté internationale veut la paix dans la région des grands lacs, elle doit soutenir la RDC dans sa démarche d’asseoir définitivement la paix», a indiqué Julien Paluku.
JN