Mercredi 12 octobre 2022 au siège des Nations-Unies à New York, l’assemblée générale de l’ONU réunie en urgence depuis lundi 10 octobre a voté à une majorité écrasante contre les «annexions illégales» des territoires ukrainiens par Moscou. Les 193 Etats membres de l’ONU ont adopté par 143 voix pour contre 5 voix contre et 35 abstentions le texte présenté par l’Ukraine, démontrant l’isolement de Vladimir Poutine sur la scène internationale.
La Russie, le Bélarus, la Syrie, la Corée du Nord et le Nicaragua ont voté contre tandis que parmi les pays qui se sont abstenus figurent la Chine, l’Inde, le Pakistan et l’Afrique du Sud.
Cette fois, le soutien à Moscou s’est légèrement érodé, la Russie ayant perdu 2 voix de plus. Le Bangladesh, l’Irak et le Sénégal qui s’étaient abstenus en mars ont voté pour tandis que l’Erythrée, qui avait rejeté la résolution de mars s’est s’abstenue. Le Nicaragua également, qui s’était abstenu en mars a cette fois-ci refusé de condamner le pays de Vladimir Poutine.
La RDC dont les relations affichent une nette tendance au rabibochement avec Moscou depuis plusieurs mois, s’est rangé du côté des occidentaux et a voté en faveur de l’Ukraine. Le pays de Lumumba compte ainsi parmi les Etats qui ont condamné les annexions russes, se montrant conséquent avec lui-même. Maintes fois agressé par ses voisins Ougandais et Rwandais, ce dernier occupant depuis plus de trois maintenant la localité frontalière de Bunagana, La RDC ne pouvait soutenir les annexions au bout du canon de régions ukrainiennes par Vladimir Poutine sans en même temps prêter le flanc à de sérieuses critiques sur le continent et à travers le monde.
Bien avant la condamnation des tentatives d’annexions illégales des régions ukrainiennes de Donetsk, Lougansk, Zaporijjia et Kherson à la suite de «prétendus référendums-illégaux» soulignant que ces actions n’avaient «aucune validité» au regard du droit international, des voix se sont élevées pour attirer l’attention des votants sur le fâcheux précédent créé en Ukraine.
L’ambassadrice des Etats-Unis à l’ONU, Linda Thomas-Greenfield avait exhorté le plus de pays possible à ne pas s’abstenir. «Aujourd’hui, la Russie envahit l’Ukraine. Mais demain le territoire d’une autre nation pourrait être violé. Cela pourrait être vous. Vous pourriez être le prochain», avait-elle lancé. Nicolas de Rivière, ambassadeur de France à l’ONU quant à lui, expliquait qu’«en envahissant son voisin, la Russie a décidé d’ouvrir la voie à d’autres guerres d’annexion. Ce qui se passe aujourd’hui en Europe peut se passer demain ailleurs : en Asie, en Afrique, en Amérique latine».
Au mois d’août dernier, la RDC avait déjà expliqué et justifié sa position stratégique au regard des enjeux mondiaux. Par la bouche de son ministre de la Défense, le Dr Gilbert Kabanda Kurenga, présent à la 10ème conférence sur la sécurité internationale (MCIS), Kinshasa avait déclaré tenir «à sa politique d’objectivité stratégique envers tous les pays du monde en demeurant dans une vision de non-alignement systématique dans les conflits, la non-ingérence et la non-interférence dans les affaires intérieures des autres Etats». S’agissant du vote de mars dernier contre l’agression de l’Ukraine, Gilbert Kabanda avait indiqué que la RDC avait voté «par principe contre la guerre au regard des conséquences humaines et économiques qui en découlent pour toutes les parties belligérantes, agresseurs et agressés. Mais il garde toute son amitié, sa reconnaissance et sa considération pour tout le soutien que la Russie lui a toujours apporté depuis 62 ans». 7 mois après, il ne semble pas que la position du pays de Tshisekedi ait évolué en la matière.
Parmi les 35 abstentionnistes, une cohorte d’Etats africains : la RCA, le Congo-Brazzaville, l’Erythrée, l’Eswatini, l’Ethiopie, la Guinée, le Lesotho, le Mali, le Mozambique, la Namibie, l’Afrique du Sud, le Soudan du Sud, le Soudan, le Togo, l’Ouganda, la Tanzanie et le Zimbabwe.
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