C’est pourtant connu depuis la publication d’un rapport d’experts onusiens fin mai-début juin 2022, les Rwanda et ses phalanges armées du M23 recrutent à tour de bras dans la région pour se donner les allures d’une armée rebelle organisée indépendamment des RDF de Kagame. Mais ces opérations semblent doubler d’intensité, ainsi qu’en témoignent de plus en plus de sources locales, probablement parce que la énième agression du territoire congolais par le Rwanda éprouve davantage des difficultés à progresser à l’intérieur des terres.
En territoire de Rutshuru au Nord-Kivu, les affrontements enregistrent des interruptions, sans doute stratégiques, sans pour autant s’arrêter durablement. Selon des sources locales, elles se stabilisent dans la région de Rangira, non loin de Rutshuru, depuis plusieurs semaines. Le 1er septembre 2022, une église ciblée par un obus des terroristes du M23 avait été totalement détruite, entrainant une réplique des forces loyalistes contre les positions des agresseurs à Mukarangae (groupement de Bweza) sur la route Rutshuru-Bunagana.
Le 2 septembre, les FARDC avaient réussi à consolider leurs positions à Musezero et récupéré un certain de nombre de crêtes collinaires à quelques 7 km de Bunagana, l’agglomération frontalière congolaise passée sous contrôle terroriste depuis près de 2 mois. Même si des tentatives d’infiltrations des agresseurs rwandais étaient signalées, notamment à Ichacha, une zone permettant d’accéder et de contrôler l’axe Rutshuru-Kanyabayonga dans la province.
Comme en 2013
De toute évidence, comme en 2013 lorsque le M23 avait sporadiquement conquis la ville de Goma avant d’en être délogée par les FARDC soutenues par la brigade internationale de la Monusco, Kigali et ses phalanges terroristes visent de nouveau très grand. Des sources concordantes rapportent des recrutements des jeunes en Ouganda et dans certains villages sous contrôle terroriste en RDC, qui subissent une formation rapide à Chanzu, une colline stratégique située à la frontière entre la RDC, le Rwanda et l’Ouganda. Des recrutements parfois forcés, mais pas toujours. A Nyakabande, un camp de réfugiés situé en territoire ougandais, 40 jeunes Congolais se sont vus promettre un emploi avant de se retrouver, médusés, en camp d’entraînement militaire, selon une source d’Actualités.cd. faisant état d’une première promotion de quelques 150 recrues.
La campagne de recrutement de terroristes du M23 vise donc des réfugiés congolais en Ouganda, mais aussi au Rwanda, où des jeunes désœuvrés ou qui vivent de petits boulots domestiques prennent aisément la direction du maquis de Rutshuru, rapporte Les Coulisses qui révèle que les Nyatura de Masisi, pourtant notoirement connus pour être des béquilles des FDLR, combattent désormais aux côtés des terroristes M23. «Le major Kazungu, ancien chef Nyatura qui a semé mort et désolation dans le territoire de Masisi rejoint le M23 avec près de 300 combattants. Blessé lors de la première tentative de la prise de Bunagana en avril 2022, il sera transféré en Ouganda par l’UPDF pour des soins appropriés. Depuis, il a rejoint la localité Mbuzi comme commandant bataillon pour le compte du M23. 70 % des effectifs ont été recrutés de gré ou de force dans la communauté Hutu. Le premier groupe est parti de Masisi en octobre 2021, après l’attaque de Rugari (40 km de Goma, au nord de Rutshuru). Le major Kazungu a donc rejoint les deux colonels Nyatura qui avaient gagné le rang du M23 sur demande du Rwanda. Il s’agit des colonels Gaceri, frère aîné de sieur Bahati, actuel chargé des finances du M23 et du colonel Kipanga (décédé dans le bombardement de la FIB lors de l’attaque de Kibumba). Le colonel Gaceri commande Bunagana», écrit à ce sujet Nicaise Kibel Bel, un spécialiste des conflits armés dans les Grands Lacs. Quelques 2.000 combattants formés attendent d’être envoyés au front en RDC dans le cadre d’une offensive visant l’occupation de Goma, selon ses estimations.
LE MAXIMUM