A l’Est de la RDC, plusieurs enquêtes ont démontré que le négoce illégal des minerais stratégiques (coltan, étain, tantale, tungstène) est l’une des sources de financement des groupes armés. La fin de ce phénomène nécessite une implication accrue des acheteurs que sont les géants de la tech.
A l’occasion du forum TICAD auquel il participait le week-end dernier à Tunis, le 1er ministre de RDC, Jean-Michel Sama Lukonde a appelé les clients qui achètent des métaux en RDC et sur le continent en général à s’assurer qu’ils proviennent bel et bien de sources officielles.
Selon le chef du gouvernement congolais, une meilleure traçabilité de l’approvisionnement en matières premières porterait un coup dur aux groupes armés et autres organisations terroristes qui utilisent la vente de ces ressources minières pour financer leurs opérations.
« Le risque de persistance et d’extension de l’insécurité est d’autant plus réel que l’importance croissante des minerais stratégiques dans le cadre de la transition écologique suscite les convoitises des réseaux et des pays qui se livrent au pillage de ces richesses naturelles au travers des groupes armés », a déclaré Sama Lukonde, selon des propos rapportés par la cellule de communication de la Primature.
Ces inquiétudes, le Premier ministre n’est pas le premier à les soulever. Plusieurs rapports d’organisations internationales documentent en effet depuis plusieurs années la mainmise d’organisations criminelles sur l’exploitation des ressources minières de la RDC, particulièrement les « minerais 3T » (étain, tantale, tungstène) dans les régions minières du Nord et du Sud-Kivu.
Une enquête publiée le mois dernier par l’ONG américaine Global Witness montre notamment que ces minerais 3T, provenant d’opérations minières sous le contrôle de groupes armés et largement utilisés dans les ordinateurs, téléphones portables, consoles de jeux et autres appareils électroniques, intègrent finalement les chaines d’approvisionnement de géants du secteur comme Tesla, Apple, HP, Nokia ou encore Intel.
Si ces travaux n’ont pas démontré la collusion entre ces groupes et les entreprises ci-dessus évoquées, la responsabilité de ces dernières n’en demeure pas moins importante. Alors que de nouvelles technologies comme la 5G devraient encore augmenter le besoin de ces géants de la tech en matériaux extraits de RDC, ils doivent redoubler d’efforts pour exclure définitivement les sources illégales de leur chaine d’approvisionnement.
Cela passe nécessairement par une collaboration avec les autorités locales qui, de leur côté, doivent ramener l’autorité de l’Etat dans les zones sous contrôle des groupes armés. L’intégration des mineurs artisanaux, principale source d’approvisionnement de ces organisations, dans les circuits officiels sera également indispensable. Quelques initiatives lancées ces dernières années pour assainir l’approvisionnement du cobalt peuvent servir d’exemples dans ce sens.
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