Les affrontements entre les FARDC et les terroristes du M23 soutenus par l’armée rwandaise en territoires de Rutshuru et Nyiragongo s’étaient relativement calmés, mercredi 22 juin 2022 dans la journée. Jusqu’au moment où nous mettions sous presse jeudi 23 juin, il ne semblait pas que les hostilités aient repris de manière significative, pour des raisons stratégiques, selon des observateurs locaux.
Du lundi 20 au mardi 21 juin, le M23 et ses alliés rwandais avaient affiché leur dédain vis-à-vis de l’injonction des chefs d’Etat de la Communauté des Etats d’Afrique de l’Est (EAC) qui, au terme d’un conclave tenu le même jour, avaient exigé le retrait de toutes les positions conquises récemment.
Dès dimanche 19 avril, le M23 s’en est pris aux positions des troupes de la MONUSCO à Shangi, à 15 km au Sud-Est de Rutshuru Centre. Au moins six tirs de mortiers ont touché les positions de la force onusienne, selon un communiqué de Bintou Keita, cheffe de la mission de la Monusco. «Viser des soldats de la paix de l’ONU peut consttuer un crime de guerre au regard du droit international», a-t-elle mis en garde, sans doute pour prévenir de nouvelles attaques.
La Monusco attaquée
Tôt mardi 21 juin, les affrontements entre les FARDC et le M23/RDF ont repris de plus belle dans la zone de Bikenge et Ruvumu, à limite entre les groupements de Kisigari et de Jomba dans le territoire de Rutshuru, selon des sources locales rapportées par la presse. Repoussés un jour plus tôt de Karambi, Kitagome et Kitovu en groupements de Bweza et Busanza, les rebelles sont revenus à la charge, ciblant les positions FARDC à Bikene et à Ruvumu sur l’axe Kabaya-Rumangabo, a rapporté la radio onusienne Okapi. Des sources indépendantes ont rapporté des combats de très forte intensité à Kinihira dans le groupement de Bweza et à Kitangoma, un petit poste frontalier visé sans succès jusque mardi à la fin de la journée. Le même mardi dans l’après-midi, des affrontements engagés depuis 3 heures du matin se poursuivaient à Nkokwe, une localité située à 10 km du camp militaire de Rumangabo, à Ruvumu, et Tanda en groupement Bweza, selon des sources locales.
Si les attaques rebelles à Bikenke, Nkokwe et Bukima ont été repoussées par les FARDC, elles n’en ont pas moins causé de dégâts humains importants, les autorités coutumières faisant état d’au moins neuf civils tués, (une dizaine selon des sources indépendantes). Les villages de Nkokwe, Ruvumu, Kinihira et Tanda étaient passés sous contrôle rebelle en fin de journée, selon ces sources.
Conquérir villes et agglomérations
Relancés à la veille du conclave des chefs d’Etats de l’EAC, les attaques du M23/RDF visent, comme cela a été souvent le cas dans cette partie malmenée du territoire de la RDC, la conquête d’importantes agglomérations et villes avant les négociations attendues.
Selon le rapport du groupe d’experts des Nations-Unies sur la RDC transmis au Conseil de sécurité des Nations-Unies début juin 2022, l’objectif des troupes dirigées par Sultani Makenga est d’«attaquer et occuper les villes de Bunagana, Rutshuru et Rumangabo, couper la route stratégique Goma-Rutshuru, puis de prendre Goma afin de pousser le gouvernement à accepter les demandes du mouvement rebelle en matière d’amnistie, d’intégration aux FARDC et d’attribution de postes politiques».
J.N.