Il y a 9 ans disparaissait l’ancien entraîneur-référence de l’équipe nationale de basketball, les Léopards dames de la RDC, championnes d’Afrique, Théo Ngoie wa Ngoie’S, surnommé «Mukundji» (chef) ou «Mukubwa» (aîné). Avec lui, les anciennes Léopards-dames championnes d’Afrique de basket-ball ont dominé le continent pendant toute une décennie (1980 – 1990). Elles ont hissé très haut les couleurs nationales et ont porté très loin le nom du pays dans les compétitions internationales. Hélène Bukumba Mwamba, Marie-Pierre Komichelo Kayumba, Adèle Kamanga Kasala, Catherine Lingenga Iyoko, Jacquie Nguya Nakwete, Marie-Claire Longanza Kamimbayi et autres Gertrude Ndombe Kiangebeni, pour ne citer que celles-là, sont aujourd’hui de respectables épouses et mères de familles. Elles et leurs exploits à travers les continents ne sont plus désormais qu’un lointain souvenir. Ni la Fédération de basket-ball du Congo (FEBACO), encore moins les dirigeants sportifs témoins vivants de cette belle époque, ne se rappellent «Mukubwa » Ngoie et ses athlètes dans la mémoire collective. Il en est de même de la corporation des entraîneurs congolais de basket-ball. Si cette «invincible Armada» avait régné sur l’Afrique et s’était fait un nom à travers les continents, c’était, entres autres, grâce au bagage technique et intellectuel, au savoir-faire, à la personnalité de Théo Ngoie wa Ngoie’S qui a su allier dans son plan de travail technique, tactique et psychologie. Toute une pédagogie. Tout cela lui réussissait bien, du fait qu’il avait la chance d’avoir sous la main une génération de jeunes filles réceptives, disciplinées et travailleuses.
Aussi, c’est grâce à tant des résultats positifs et flatteurs de ces athlètes dans les compétitions internationales, ayant souvent mis la RDC au devant de la scène sportive internationale, que l’ancien président de la République, le maréchal Mobutu, n’avait jamais hésité à poser des actes concrets en faveur de ces joueuses. Très souvent, il reçevait personnellement l’entraîneur Ngoie wa Ngoie’S pour s’enquérir de l’évolution de la sélection nationale de basket-ball qui faisait la fierté du pays. Des années plus tard, en 2013, affaibli par la maladie, Théo Ngoie wa Ngoie’S s’est éteint. Aujourd’hui, à l’occasion d’une messe de suffrages organisée à son domicile, au Rwanda, en mémoire des membres de sa famille décédés, Rudahunga Bin Ntizimira, jadis membre de la Fédération de basket-ball du Congo (Febaco) et ancien président du BC DCMP, a eu le courage de faire ce que l’on aurait dû faire en RDC en mémoire du technicien congolais.
Théo Ngoie wa Ngoie ‘S
Né dans l’ex-province du Katanga le 24 avril 1945, décédé en Afrique du Sud en 2013, à 68 ans, «Mukundji» aurait totalisé en cette année, 2022, 77 ans. Rappelons que la dépouille mortelle de l’illustre disparu a été ramenée à Kinshasa pour inhumation, après des obsèques dignes organisées par le Bureau exécutif fédéral de la FEBACO.
Bref rappel
Pédagogue de formation, Théo Ngoie wa Ngoie’S fut enseignant avant de devenir directeur d’écoles à Lubumbashi. Passionné de basket-ball, il abandonna définitivement l’enseignement pour se consacrer désormais à cette discipline sportive. Ngoie wa Ngoie’S a évolué comme joueur au sein de la formation du BC Mazembe de Lubumbashi, jusqu’à sa reconversion comme entraîneur. Une carrière qu’il embrassa à Lubumbashi et qu’il a poursuivie à Kinshasa où sa seule présence au sein des staffs techniques de certains clubs portait bonheur à ces derniers. On en veut pour preuve, ses passages au sein des formations BC IK (Imprimeries de Kinshasa), Hatari et V. Club. Des équipes qui avaient bénéficié des bagages techniques incommensurables du technicien disparu, parti après une lutte implacable pour le développement du basket-ball congolais.
Théo Ngoie wa Ngoie’S, bien coté à la FIBA-AFRIQUE parmi les meilleurs techniciens africains de basket-ball aux côtés du Sénégalais Constantino, fut le promoteur et directeur du Centre de formation pour Young coaches (jeunes entraîneurs), aujourd’hui dans les oubliettes. Enfin, il est décédé avec le grade de directeur dans l’administration publique (Secrétariat général aux Sports et Loisirs). On emprunte pour lui ce dicton béninois : «personne n’a les fesses assez larges pour occuper sa place».
HERMAN MALUTAMA