Dans quelques semaines, le souverain pontife, sa sainteté le Pape François visitera la RDC à l’invitation du président Félix Tshisekedi. Le Vatican l’a récemment confirmé en publiant le programme du voyage apostolique du Saint Père autour du thème « Tous réconciliés en Jésus Christ ». Le 2 juillet prochain, le Pape prendra à Rome un vol en direction de Kinshasa où il arrivera à 16 heures.
Il rencontrera le même jour au Palais de la Nation, son hôte le président congolais Félix Tshisekedi, avant d’accorder des audiences aux membres du corps diplomatique et à la congrégation des Jésuites à laquelle il appartient. Le 3 juillet, le Pape François célèbrera une messe à Ndolo, avant de recevoir les délégations des prêtres, religieux et religieuses ainsi que les séminaristes en la cathédrale Notre -Dame du Congo.
Lundi 4 juillet, le Saint Père effectuera un aller – retour à Goma où il célèbrera une messe au camp des déplacés de Mugunga avant de recevoir les victimes des violences de l’Est congolais. De nouveau à Kinshasa, le Pape rencontrera les jeunes et les catéchistes au Stade des Martyrs avant de s’envoler vers Juba (Soudan du Sud), étape suivante de son voyage.
Préparatifs
En RDC, cela va de soi, les préparatifs de l’accueil du Saint Père vont bon train. Depuis quelques jours, le gouvernement qui met la visite papale au crédit de sa diplomatie agissante, a lancé une campagne de préparation pour l’arrivée de son illustre invité. Le 1er ministre Jean-Michel Sama Lukonde a présidé plusieurs réunions portant sur cet événement avec les ministres sectoriels concernés par le séjour pontifical.
Jésus-Noël Sheke, ingénieur chargé de l’aménagement des 7 sites consacrés à l’évènement enRDC (dont6àKinshasa et 1 à Goma) a rassuré quant à l’évolution des travaux y relatifs. Particulièrement, l’érection de l’immense podium de 1.400 m2 du haut duquel François dira la messe de Kinshasa. A un mois du big event, tout était prêt à 50% et les délais en voie d’être tenus.
Pour Alexis Gisaro, ministre des Infrastructures, «le gouvernement s’y est pris à temps pour pouvoir mettre à disposition tous les moyens nécessaires auprès de toutes les structures qui vont intervenir. Elles sont toutes dotées de moyens nécessaires pour intervenir tant sur les voiries que sur les routes que va emprunter sa Sainteté le Pape au cours de sa visite».
Fins prêts
Côté gouvernement, à quelques semaines de la visite papale, tout se passe donc bien.
Cela ne semble pas être le cas du côté clérical. En visite sur le site de Ndolo, Mgr Donatien Nshole, secrétaire général de la Conférence Episcopale du Congo (CENCO) et porte-parole des évêques, adéceléquelques imperfections dans les préparatifs de l’accueil du succésseur de Saint Pierre : la REGIDESO et la SNEL ne s’étaient pas encoreacquittésdeleurs obligations de chantier à Kinshasa, conformément auchronogrammeétabli, selon lui.
A Goma, rien n’avait encore démarré. Mais c’est sans doute chose faite à ce jour, des informations en provenance du chef-lieu de la province du Nord-Kivu font état des échos enthousiastes avec l’affichage de panneaux publicitaires géants vantant la venue papale.
Ce qui n’empêche pas le cardinal-archevêque de Kinshasa, Fridolin Ambongo de se lancer dans la prédication d’un évangile particulièrement polémiste, aux antipodes du thème de réconciliation du pèlerinage papal.
La dernière sortie médiatique du cardinal à cet égard remonte au 4 juin courant, lorsqu’il a déclaré aux fidèles de Kikwit (Kwilu) que «si le paradis ressemble à la situation que traverse la RDC actuellement, je préfère ne pas y aller». Le n° 1 de l’archidiocèse de Kinshasa ne faisait pas allusion à quelque problème de carence dans la foi des fidèles. Loin s’en faut. C’est la situation politique qui faisait l’objet de ses imprécations. Il se plaint notamment de ce que trois ans après l’élection d’un nouveau président de la République et à deux ans d’une nouvelle présidentielle, les choses semblent trainer. Le cardinal congolais reproche à ses ouailles leur apathie devant cette situation qui lui paraît proche de l’enfer.
Réconciliation sélective
Quelques semaines auparavant, l’archevêque de Kinshasa s’était investi dans la tâche de convaincre les fidèles catholiques et l’opinion en général du fait qu’il n’existait nulle relation de cause à effet entre la visite du Pape en RDC et la qualité des gouvernants au pouvoir à Kinshasa. «La visite du Pape en RDC nous réconforte beaucoup. C’est un grand événement pour toute l’Afrique. Nous sommes dans le bon et nous nous préparons en conséquence. Mais elle n’a rien à voir avec la sainteté du pouvoir en place. Il visite tout le monde», avait-il lancé le 13 mai à Kinshasa. A ceux qui lui reprochaient un engagement politique aussi coloré, Fridolin Ambongo rétorquait invariablement : «Je demande aux gens de lire la Bible. Ils comprendront que Jésus n’a jamais été neutre. Il a toujours pris parti pour les faibles et les plus petits. Qui suis-je pour abandonner cette mission pour applaudir ceux qui torturent les petits?, Je ne le ferai jamais !».
Même si du Christ, chacun sait par ailleurs que parti pris, il n’en eût guère. Même en faveur des plus petits. Et surtout, qu’il n’a jamais exclu quiconque du pardon et de sa paternelle réconciliation.
J.N.