En janvier, le Kazakhstan, premier producteur mondial d’uranium, a traversé une crise sociale qui a servi de piqûre de rappel aux acteurs du marché sur la nécessité de diversifier leurs sources d’approvisionnement. Le conflit russo-ukrainien à son tour vient rajouter son grain de sel.
La guerre en Ukraine et les sanctions prises contre la Russie ont fait flamber les prix de l’uranium qui ont connu un pic à 64 USD la livre en avril dernier. La nécessité pour les producteurs d’énergie nucléaire de sécuriser l’approvisionnement se fait dès lors plus pressante que jamais et cela pourrait représenter une opportunité pour plusieurs pays africains, notamment le Niger, l’Afrique du Sud, la Mauritanie, la Namibie ou encore le Malawi.
Selon les données de l’Association nucléaire mondiale relayées par Reuters, il existerait environ 440 centrales nucléaires dans le monde, qui ont besoin d’environ 180 millions de livres d’uranium chaque année. Or, les mines d’uranium produisent environ 130 millions de livres, ce qui crée un déficit, lequel déficit était comblé par les stocks de matériaux provenant en grande partie de Russie. Le pays de Vladimir Poutine représente, faut-il le souligner, 35 % de l’offre mondiale d’uranium enrichi. C’est donc logiquement que le conflit avec l’Ukraine a fait augmenter davantage les prix de l’uranium, déjà sur une tendance haussière depuis mi-2020.
Si les prix ont reculé depuis leur pic en avril, la quête d’un approvisionnement énergétique sûr reste une priorité pour plusieurs raisons. D’abord, on note une «tentative de s’éloigner des chaînes d’approvisionnement en énergie d’origine russe» comme l’explique John Ciampaglia, PDG de Sprott Asset Management, une entreprise spécialisée en gestion d’investissements dans les métaux précieux et les actifs réels. Pour ne rien arranger, de grandes puissances comme la Chine, le Japon ou encore la Grande- Bretagne, envisagent de construire de nouvelles centrales nucléaires. L’industrie ne peut donc plus se permettre de subir d’autres troubles dans la chaîne d’approvisionnement.
Plusieurs projets d’uranium relancés en Afrique
Comme l’indiquait l’Agence Ecofin dans une analyse publiée en septembre 2021, le retour en grâce de l’uranium, longtemps boudé par le passé, représente une opportunité pour l’Afrique et plusieurs pays bougent déjà leurs pions pour mieux se positionner et en tirer profit. Ainsi, l’actualité du secteur sur le continent a été animée ces derniers mois et on peut noter de nouveaux développements sur plusieurs projets abandonnés. Au Niger, le projet d’uranium Dasa (Global Atomic) est de nouveau sous les feux des projecteurs et de son côté la compagnie GoviEx accélère les travaux à Madaouela où elle vise le début de la production commerciale pour 2025.
Si le Niger est le premier producteur d’Afrique avec 2 991 tonnes d’uranium produites en 2020 selon la BCEAO, ses volumes sont encore loin du pic de 5 000 tonnes atteint en 2012. En dehors des mines nigériennes, une kyrielle de projets d’uranium prometteurs sont en développement ou reprennent service sur le continent et leur concrétisation pourrait faire du continent un acteur incontournable en matière d’approvisionnement. On peut citer entre autres Tiris en Mauritanie (Aura Energy), Kayelekera au Malawi (Lotus Resources) ou encore Tumas en Namibie (Deep Yellow).
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