Denis Sassou Nguesso et Paul Kagame ont signé le 13 avril à Brazzaville une série d’accords sur la cession de 120 km² de terres congolaises au Fonds souverain du Rwanda, représenté par l’entreprise Crystal Ventures ; de la zone économique spéciale de Maluku à la même entreprise ainsi que sur la défense entre le Congo/ Brazzaville et le Rwanda.
Ce faisant, Denis Sassou Nguesso a posé un acte hostile vis-à-vis du peuple rd congolais en mettant à la disposition de Paul Kagame, dont on sait qu’il est à l’origine des millions de morts à l’Est de la RDC, 120 km2 de terres congolaises, au travers de la société Crystal Ventures, le bras financier du Front Patriotique Rwandais (FPR). Il est à noter que le n° 1 rwandais est le véritable patron de cette entreprise. Les terres cédées sont localisées en face de la commune de Maluku, sur l’autre rive du Fleuve Congo et, pour se faire une idée de ce que cela représente en termes d’étendue, c’est comme si l’on partait de la gare centrale de Kinshasa au plateau de Batéké.
En posant cet acte lourd de conséquences pour la sécurité de la RDC, le président du Congo-Brazzaville se fait complice des agresseurs de notre pays.
Par cet acte qui s’inscrit selon lui dans le cadre de l’accord de défense, c’est lui-même qui nous déclare désormais la guerre, sans doute pour retourner l’ascenseur à la France et permettre la réalisation des projets macabres contre la RDC, projets concoctés par les pays occidentaux qui lui avaient permis de retrouver son fauteuil présidentiel perdu à l’issue de la Conférence nationale. Ce serait de cette manière qu’ils attendent de lui le paiement de sa dette politique avant qu’il ne quitte définitivement le pouvoir.
A ce propos, il y a également lieu d’attirer l’attention des acteurs politiques et sociaux sur le fait que Mike Hammer, ambassadeur des Etats-Unis en RDC, est arrivé au terme de son mandat et que réussir à matérialiser le projet de détacher le Nord-Kivu et l’Ituri du reste de la RDC devrait lui valoir une médaille spéciale dans son pays pour les services rendus à la nation.
Ainsi, c’est le peuple congolais des deux rives qui se retrouve trahi, sacrifié sur l’autel des intérêts hégémoniques de la France et des Etats-Unis notamment.
En effet, cet espace va, sans nul doute, servir de base opérationnelle dans laquelle Paul Kagame va installer les milliers de militaires afghans formés par les USA, “habillés’’ en réfugiés délocalisés par la Grande Bretagne. Le président ougandais, Yoweri Museveni, avait déjà accueilli son lot de “réfugiés’’ afghans, il y a peu. Auparavant, c’est le même Paul Kagame qui avait déjà signé d’autres accords avec les autorités israéliennes pour accueillir des “réfugiés’’ alors qu’il est de notoriété publique que le Rwanda a la densité de population la plus élevée d’Afrique.
Par ailleurs, en recoupant les événements de ces derniers temps, les acteurs politiques et sociaux congolais auraient pourtant dû subodorer une offensive finale de nos ennemis pour envahir définitivement le Nord-Kivu et l’Ituri, d’une part, et neutraliser Kinshasa pour l’empêcher de réagir, d’autre part.
Le chef de l’Etat de la RDC a été poussé malicieusement à annoncer sa candidature à la présidence de la République 3 années avant l’échéance, ce qui a eu pour conséquence de déverser toute la classe politique et sociale congolaise dans le panier à crabes préélectoral prématurément. Celle-ci distraite dans la cour de récréation préélectorale, l’“esprit malin’’ peut alors prendre tranquillement son temps pour installer le dispositif devant lui permettre d’assener le coup fatal à la RDC.
L’injonction faite au chef de l’Etat congolais par Washington d’intégrer illico presto la RDC dans la Communauté de l’Afrique de l’Est (CAE), où règnent en maîtres Paul Kagame et Yoweri Museveni, relève très certainement de ce plan machiavélique. En outre, le président de la RDC a été curieusement contraint de prendre part au sommet des chefs d’Etat de la CAE à Nairobi avant même que le parlement congolais n’ait ratifié l’accord d’adhésion.
L’Ouganda et le Kenya ont des troupes sur le sol congolais. Des soldats de Museveni sont même en “mutualisation des forces’’ avec les FARDC. C’est pendant ce temps aussi que s’ouvre curieusement le dialogue avec les milices congolaises, entretenues par les chefs d’Etat rwandais et ougandais à Nairobi, et que le M23, pourtant censé être caserné au Rwanda et en Ouganda, rallume le feu dans l’Est du pays. Il est à noter qu’aucun de ces deux pays n’a jamais été pressés, par les mêmes puissances occidentales, de négocier la paix et la réconciliation avec les FDRL et l’ADF-NALU. Ceci enlève les derniers doutes sur les agendas cachés des puissances occidentales.
Profitant des faiblesses et de la fragilité du pouvoir en place à Kinshasa, l’ennemi est sur le point d’assener le coup fatal à notre mère-Patrie. Ne regardons pas seulement Paul Kagame et Denis Sassou Nguesso, intéressons-nous plutôt à ceux qui sont derrière eux : les Etats-Unis et la France, cela, à l’aune des conséquences économiques et géostratégiques de la guerre en Ukraine.
Ainsi donc, en plus du Nord- Kivu et de l’Ituri, Kinshasa doit aussi désormais se préparer à affronter directement la guerre venue du Rwanda.
Il y a une probabilité non négligeable que des événements déstabilisants se précipitent entre maintenant et la fin 2023, événements qui ne laisseront pas le temps, ni l’opportunité, à Dénis Kadima et son équipe de la CENI d’organiser les fameux scrutins électoraux.
Malgré ces menaces évidentes pour la sécurité du peuple congolais et la paix dans notre pays, le gouvernement de Kinshasa demeure aphone, comme tétanisé. Et, dans sa léthargie légendaire, le parlement de la RDC n’interpelle personne. Les ministres des Affaires étrangères, de la Défense et de l’Intérieur sont occupés à autre chose comme si de rien n’était alors que la survie-même de notre cher pays dans ses frontières de 1885 n’a jamais été aussi menacée.
Voilà qui aurait dû mobiliser la société civile, les Eglises, les partis politiques, toutes tendances confondus, et la presse pour dénoncer cette déstabilisation annoncée de notre pays et nous prendre en charge, comme dirait Laurent-Désiré Kabila ! Voilà qui devrait justifier pleinement des grandes marches et des sit-ins ! Voilà qui devrait justifier une mobilisation générale de notre armée ! Sans cela, la distraction et la négligence risquent de nous coûter très cher, trop cher.
Corneille Mulumba
Membre co-fondateur de l’UDPS