En date du 25 août 2021, le Programme national de lutte contre la toxicomanie (PNLCT) a prélevé un échantillon de la fameuse drogue ‘Bombé” à Kinshasa-Lukunga plus précisément, qui a été envoyé à KU Leuven en Belgique par le biais du Département de toxicologie de l’Université de Lubumbashi en vue des analyses physicochimiques.
L’échantillon prélevé a été analysé au laboratoire de toxicologie de la KU Leuven dirigé par le professeur Jan Tytgat par la méthode Triple Quad-LC MS/MS et confirmé par Q-TOF-MS. Le PNLCT avec le soutien du ministère de la Santé publique, hygiène et prévention a eu l’occasion non seulement de partager les résultats de ces analyses, mais également de présenter la série d’actions prévues en vue de contribuer à la lutte contre la consommation de cette substance très nocive surtout dans les milieux des jeunes.
L’analyse en laboratoire au moyen de Triple Quad LC-MS/MS (une technique analytique puissante qui associe le pouvoir de séparation de la chromatographie en phase liquide à la capacité d’analyse de masse hautement sensible et sélective de la spectrométrie de masse à triple quadripôle) a révélé la présence de l’héroïne, de la morphine, de la codéine, de la noscapine, du thebacon, de la papaverine, de la caféine en quantité abondante et du paracétamol. Cette analyse a été confirmée par la méthode Q-TOF-MS (technique de détection en spectrométrie de masse permettant de détecter et d’identifier des molécules par mesure de leur rapport masse sur charge).
Dans le même registre de la lutte contre l’abus de drogues en RDC, la WFAD a obtenu un financement de ForumCiv, une organisation suédoise de coopération au développement non affiliée politiquement et qui travaille dans le domaine des droits de l’homme et des droits civils pour effectuer une pré-étude sur la cartographie des organisations opérant dans la lutte contre l’abus de drogues à Kinshasa.
De novembre 2021 à avril 2022, la WFAD et ses partenaires PNLCT, Ecole de criminologie de l’Université de Kinshasa et Interactions RDC, ont effectué une pré-étude ayant pour objectif principal de faire la cartographie des ONGs oeuvrant dans la lutte contre l’abus de drogues dans quelques communes de la ville de Kinshasa. World Federation Against Drugs (WFAD) et tous ses partenaires ayant travaillé dans ce projet, ont saisi l’occasion pour présenter également les résultats de cette pré-étude menée sur terrain.
La WFADavait misenplaceun comité tripartite de pilotage de la pré-étude composé du ministère de la Santé publique, représenté par son programme spécialisé PNLCT, et de l’Université de Kinshasa représentée par l’Ecole de criminologie. Les descentes sur le terrain ont été lancées en janvier après une formation de 5 jours en application de collecte et d’analyse des données KoBocollect pour tous les enquêteurs et 5 communes de la ville de Kinshasa ont été visitées, à savoir Kinshasa, Makala, Ngaliema, Selembao et Barumbu qui constituent la zone WFAD dans laquelle un projet important d’accompagnement et de prise en charge des jeunes Kuluna dénommé “Jeunesse Sobre- Communautés Plus Saines : Transformer les Jeunes Violents à Kinshasa” est en train d’être réalisé sous le financement de la coopération suédoise.
Le professeur Raoul Kienge Kienge, directeur de l’Ecole de criminologie de l’Université de Kinshasa a fait savoir que «le rapport de la pré-étude présente le contexte dans lequel elle a été demandée ainsi que les objectifs spécifiques, la méthodologie utilisée, la présentation et l’interprétation des résultats, les forces et faiblesses ainsi qu’une conclusion présentant quelques recommandations».
La pré-étude a révélé que le domaine de l’abus de drogue dans les 5 communes sélectionnées est géré par les organisations de la société civile (structurée majoritairement en organisations non gouvernementales, en association socio-culturelle et en organisations confessionnelles), car aucune initiative à caractère étatique n’a été identifiée.
En effet, il ressort clairement de cette pré-étude que 77% des organisations identifiées sont de niveau national contre 20% de niveau local (provincial) et 3% du niveau international. La plupart d’organisations identifiées ceuvrent dans la prévention soit 46% et le traitement de l’abus de drogue est le domaine d’activité le moins investi par les organisations identifiées.
Dans l’ensemble, les organisations identifiées offrent l’accompagnement psychologique comme unique approche de prise en charge alors qu’il faut une prise en charge holistique et intégrée dans les zones de santé par l’accompagnement psychosociale, la désintoxication et le sevrage. Il se dégage donc que face à l’immensité des défis liés à une gestion adéquate de l’abus de drogues, la pré étude montre un déficit de réponse.