En territoire de Rutshuru (Nord- Kivu), les FARDC ont lancé une offensive générale contre le M23, mercredi 6 avril 2022. Objectif des opérations marquées par d’intenses pilonnages des positions ennemies : récupérer les positions conquises par les rebelles quelques jours plus tôt. Les forces loyalistes ont ainsi pris d’assaut les positions du M23 à Musongati, Tchanzu et Runyonyi, provoquant la fuite des rebelles qui ont déserté la colline de Bugusa sur la route Goma-frontière ougandaise, ont rapporté des sources civiles locales.
L’offensive FARDC intervient après quelques jours d’accalmie observée après la double attaque rebelle du 27 au 28 mars dans les localités de Runyonyi et Chanzu, qui a provoqué la mort de 3 éléments de l’armée loyaliste, dont un colonel et un major, ainsi que 17 blessés. Des défaillances observées au niveauducommandement du secteur opération du Nord-Kivu au cours de ces affrontements ont emmené l’Etat-major général FARDC a en relever le commandant, remplacé par le général Chirimwami, selon des sources. Gilbert Kabanda, ministre de la Défense nationale qui a livré cette information en conseil des ministres, vendredi 1er avril, a indiqué que tous les efforts sont déployés pour à la fois mettre un terme à l’activisme résiduel des forces négatives et les groupes armés et renforcer la sécurité dans les frontières de cette partie du territoire national.
Mouvements des populations
Les affrontements de mercredi ont été précédés par de nouveaux mouvements de populations dans les zones reprises par l’armée 6 jours plus tôt, à l’instar de Gitovu, Rwambeho, Ceya 1 et 2, mardi dans la journée. Mercredi, le pilonnage soutenu des positions rebelles à Chanzu, Mbuzi et Runyonyi indiquaient qu’elles pourraient être récupérées sous peu. Surtout après la récupération par les FARDC de Bugusa, Gitovu et Karabiro autour de 10 heures locales, mercredi 6 avril. Jusqu’à 10 heures locales, les collines de Runyonyi et de Chanzu, mais aussi Muzongati semblaient encore entre les mains du M23. Au milieu de la journée, il était néanmoins acquis que la paroisse de Jomba, Bugusa et ses environs avaient dûment été repris aux rebelles alors que les affrontements se poursuivaient. Autant que les négociations.
En conseil des ministres, vendredi 1er avril, le vice-premier ministre en charge des Affaires étrangères, Christophe Lutundula, faisant part de son entretien avec l’ambassadeur du Rwanda en RDC au sujet de l’appui de son pays aux rebelles du M23, a annoncé une mission conjointe des deux Etats sur le terrain afin de vérifier les accusations portées par la partie congolaise.
Dans un communiqué, mercredi 6 avril 2022, les principaux garants de l’Accord-cadre pour la paix, la sécurité et la coopération pour la RDC et la région (ONU, UA, CIRGL et SADC), signé à Addis-Abeba en février 2013, ont pour leur part fermement condamné les récentes attaques rebelles et les ont exhortés à cesser définitivement toutes les hostilités. Elles ont appelé «les ex-rebelles du M23 à faire taire leurs armes, une fois pour toutes, à cesser toutes les hostilités, conformément aux Déclarations de Nairobi du 12 décembre 2013 et de s’engager résolument et pacifiquement dans le processus de désarmement volontaire et inconditionnel, conformément au Programme de Désarmement, démobilisation, relèvement et stabilisation communautaire (PDDRCS) et sa stratégie de mise en oeuvre ainsi qu’aux décisions des Sommets du Mécanisme régiongal de suivi de la PSCF, notamment celles tenues à Brazzaville en République du Congo, le 19 octobre 2017, et à Kinshasa, RDC, le 24 février 2022».
Négociations
Les principaux garants de l’Accord d’Addis-Abeba ont également appelé «les différentes parties prenantes à maintenir la dynamique prometteuse qui a caractérisé les relations entre les pays de la région ces dernières années et à privilégier les cadres régionaux de règlement des différends, notamment en vue d’éradiquer la menace que représentent ces groupes armés, à travers une stratégie globale approche, y compris des mesures non militaires visant également à s’attaquer aux causes profondes de l’instabilité persistante». Ce dernier aspect sera sans doute débattu le 8 avril prochain, entre les présidents Tshisekedi, Museveni, Kagame et leur homologue Uhuru Kenyatta, au cours d’une quadripartite prévue à Nairobi. Félix Tshisekedi, qui a fait la sourde oreille à la demande de négociations annoncée par le M23 quelques jours plus tôt, semble privilégier des discussions directes avec ses homologues de la région. Un point de vue également soutenu par le général ougandais Muhoozi Kainerugaba, également fils de Yoweri Museveni. Dans un tweet, lundi 4 avril, celui qui est présenté comme le dauphin du n° 1 ougandais a déclaré que le problème du M23 est simple : il suffit d’en discuter avec les chefs d’Etat rwandais et ougandais.
Le chef d’Etat Congolais a, à cet effet, effectué le déplacement de la capitale kényane, jeudi 7 avril 2022, où il signera le Traité d’adhésion à la Communauté économique de l’Afrique de l’Est (EAC) au cours d’une cérémonie présidée par Uhuru Kenyatta, président en exercice de l’organisation sous régionale.
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