Rebondissement dans le dossier des violences intercommunautaires survenues dans le territoire de Lodja au Sankuru entre mai 2021 et février 2022, causant la mort de près d’une dizaine de personnes, l’incendie de nombreuses habitations et le déplacement de plusieurs centaines de ménages dans les secteurs de Mvunge et de Nambelo-Lohembe.
Lundi 14 mars 2022, l’honorable Lambert Mende Omalanga, un élu de la circonscription électorale de Lodja, a adressé une correspondance au président de la chambre basse du parlement pour soutenir la demande d’une enquête parlementaire introduite par un de ses collègues à ce sujet et mettre en garde sur la nécessité de la neutralité politique d’une telle initiative. L’ancien ministre de la communication et porte-parole du gouvernement, de retour de vacances parlementaires, est aussi doyen du caucus des députés nationaux et sénateurs du Sankuru. Il confirme l’existence de ces conflits, qui tirent leur origine de l’initiative de spoliation par l’administrateur du territoire de Lodja de terres agricoles d’un secteur au profit du sien en 2021. Une initiative qui fut à la base d’une série d’échauffourées entre les paysans des deux communautés.
Incise suspecte
Dans un arrêté pris le 18 février 2022, le vice-premier ministre et ministre de l’Intérieur, Daniel Aselo Okito wa Koyi, a depuis lors suspendu de ses fonctions Médard Elonge, l’administrateur de territoire auteur de l’acte de spoliation des terres agricoles de Mvunge. Ce dont Mende ne se satisfait qu’à moitié parce que, à son avis, la décision ministérielle comporte une incise tendant à dédouaner l’administrateur suspendu en élargissant les responsabilités du drame déploré à «un groupe de criminels entretenus par certaines personnalités politiques de Lodja. J’y subodore un dessein politiquement motivé de la part du vice-premier ministre en charge de l’Intérieur, M. Daniel Aselo qui, ressortissant de Lodja et candidat malheureux aux dernières élections législatives de 2018, brille depuis son avènement au gouvernement central par une aversion irrépressible à l’encontre de certains de ses rivaux que nous fûmes lors de ce scrutin».
Réitérant son soutien à l’idée d’une commission dans l’espoir qu’elle aboutisse à l’identification des criminels et autres acteurs politiques cités dans l’arrêté du ministre, Mende suggère néanmoins quelques précautions en vue d’éviter toute partialité dans sa composition. «Ma proposition est que, le cas échéant, cette commission d’enquête parlementaire sollicitée pour Lodja puisse être neutre ou équilibrée en ce qu’on y retrouve soit tous les élus de cette juridiction, soit exclusivement des collègues en provenance d’autres provinces de notre pays», écrit-il.
Juge et partie
La proposition du député national Lambert Mende bénéficie déjà du soutien de son collègue André Tambwe de la circonscription électorale voisine de Katako-Kombe qui l’estime «à même de susciter l’unanimité». Dans un tweet, le 14 mars, ce député reconnaît en effet qu’«il est logique que des susceptibilités propres au conflit d’intérêt pour des politiques partageant la même zone d’influence soient perceptibles».
En attendant, les affrontements meurtriers entre les secteurs de Mvunge et de Nambelo-Lohembe ont donné lieu à un nouvel épisode avec joli coup de filet réussi le 28 février dernier par les services de police basés à Lodja qui ont appréhendé 7 coupeurs de route en lien avec ces tristes événements. Tous sont des jeunes désoeuvrés des secteurs de Nambelo-Lohembe et de Mvunge.
H.O.