Un document officiel, classé secret, de 1991, récemment déclassifié, révèle l’existence d’un accord écrit, sur le non élargissement de l’OTAN vers l’Europe de l’Est.
C’est dans le quotidien Allemand Der Spiegel que le politologue américain Joshua Shifrinson, professeur à l’Université de Boston indique avoir retrouvé de document dans les archives nationales britanniques.
Le texte prouve selon cette source que les déclarations des officiels occidentaux, notamment américains, depuis 1989, soutenant que l’OTAN ne s’était jamais engagée officiellement avec les Russes pour que l’OTAN n’intègre pas les dix Républiques socialistes de l’Est de l’Europe ne sont pas véridiques.
Jens Stoltenberg, secrétaire général de l’OTAN, n’a donc pas dit la vérité en affirmant que personne n’avait fait de telles promesses à l’Union Soviétique et que cet accord n’a jamais existé.
Der Spiegel jette ainsi un sacré pavé dans la marre et met à nu une manipulation de l’opinion publique par les Occidentaux et leur puissante machine médiatique.
Sur les plateaux de télévision et dans la presse, la propagande occidentale n’a eu de cesse ces derniers jours de traiter Vladimir Poutine, le présiednt de la Fédération de Russie de fou ou de paranoïaque pour avoir «enfreint le droit international et les valeurs de paix et de sécurité collective qui constituent le socle des démocraties».
Pour les besoins de cette propagande de guerre, la meute ne s’est pas fait prier. Plusieurs personnalités politiques sont montées au créneau, à l’instar des anciens présidents français Nicolas Sarkozy et François Hollande ou du philosophe Bernard Henry Lévy, idéologue de l’invasion lybienne par l’OTAN.
Des lobbies très actifs se sont littéralement déchaînés aux quatre coins de la planète à la gloire de l’«héroïque résistance ukrainienne contre l’invasion russe».
Le secrétaire général de l’OTAN s’est même fendu d’une déclaration selon laquelle les dix anciennes Républiques socialistes intégrées dans l’OTAN sont «des territoires qui nous appartiennent».
Mais comme l’a chanté un artiste congolais, même si le mensonge arrive par l’ascensseur, la vérité qui emprunte les escaliers finit toujours par le ratrapper.
En l’occurence, à en croire le document porté à la lumière par Der Spiegel, c’est l’OTAN qui a envahi l’Est de l’Europe. Et les Russes ne peuvent être considérés comme des envahisseurs.
Le magazine allemand confirme les accusations de Moscou, concernant la violation par l’OTAN d’un accord passé avec Mikhail Gorbatchev juste après la chute du mur de Berlin.
A travers ce document, le gouvernement américain se serait engagé à ne pas élargir l’OTAN vers l’Est, et en contrepartie, les Russes ont donné en échange leur accord pour la réunification de l’Allemagne.
C’est donc en violation de cet engagement que durant les années 1990, quelques anciennes Républiques socialistes d’Europe de l’Est, ont été encouragées par les Occidentaux à rejoindre l’OTAN.
Britanniques, Américains, Allemands et Français, qui ne pouvaient pas ne pas connaître ces engagements estimaient, dans un premier temps, que l’adhésion à l’OTAN, des pays d’Europe de l’Est, était inacceptable.
C’est ainsi que des formules provisoires et spécifiques d’accords furent retenues de manière bilatérale pour renforcer la stabilité et la sécurité de l’Europe centrale et orientale.
Si les Russes ont tenu leur parole en laissant la réunification de l’Allemagne se réaliser sans coup férir, il n’en a pas été de même du côté des Américains et leurs alliés.
En pleine crise de l’Ukraine, on peut maintenant remettre les pendules à l’heure à cet égard.
D’aucuns, particulièrement dans l’hémisphère Sud de la planète, sont agacés par les libertés que les Occidentaux prennent dans la mise en oeuvre des relations internationales. «Comment peut-on encore parler de l’égalité souveraine entre Etats dans ces conditions ?», s’insurge ce spécialiste congolais en géopolitique de l’Université catholique du Congo (UCC) qui dénonce les complexes militaro-industriels qui tendent à devenir une véritable autorité supranationale «avec la complicité des démocraties libérales dont le seul credo est l’extension territoriale illimitée, pour reconstituer leurs empires perdus».
Un universitaire sénégalais rappelle à ce sujet que «lorsque l’ancien président américain Donald Trump avait reconnu la ‘‘marocanité’’ du Sahara occidental, aucune de ces démocraties libérales occidentales ne lui avait fait grief de ce qui, objectivement apparaissait comme une entorse au droit international, mais les voilà qui se précipitent, honteusement, pour lyncher le président Vladimir Poutine puisqu’il a reconnu les deux Républiques russophones du Donbass».
Cette diplomatie à deux vitesses privilégiant par ailleurs la politique du bâton et de la carotte, pour exploiter le reste du monde, a peu de chance de prospérer au regard de la timidité des Africains, des Chinois et des Indiens qui, toutes choses étant égales par ailleurs, constituent une majorité numérique de l’humanité. Comme si face au bruit de bottes que renvoient les deux anciens blocs antagonistes de la guerre froide, le tiers monde dans sa version militante était en train de se reconstituer.
Contrairement à la jubilation arrogante du politologue américain Francis Fukuyama parlant de «la fin de l’histoire» après la chute du mur de Berlin en 1989, il semble plutôt qu’on assiste à un redoutable jeu de poker-menteur où le vainqueur n’est pas nécessairement celui que l’on croit.
le Maximum
avec Hacene Kacimi