Près de 3 décennies d’affrontements et de guerres larvées couplées d’exactions innommables contre des populations civiles dans la partie Est du pays ont hissé la RDC au 8ème rang des pays où sévit le terrorisme en Afrique, et au 17ème rang de la même catégorie à l’échelle de la planète. C’est ce qui ressort d’un rapport publié mercredi 2 mars 2022 par l’Institut de l’Economie et de la Paix (IEP).
Ce groupe de réflexion indépendant auquel s’est récemment allié le Rotary International se base sur un certain nombre de facteurs pour calculer les scores du terrorisme, notamment le nombre d’incidents, de morts, de blessés et d’otages, et les combines avec des données sur les conflits et des données socio-économiques pour obtenir une image holistique du terrorisme.
Selon le rapport de l’IEP du 2 mars 2022, « le terrorisme en Occident a considérablement diminué, avec des attaques en baisse de 68 %. Les Etats-Unis ont enregistré leur score le plus bas depuis 2012».
Au sommet du classement du terrorisme à travers le monde se situent l’Afghanistan, l’Irak et la Somalie. «La Libye (26è) et l’Iran (27ème) viennent loin derrière la RDC. En ce qui concerne l’Afrique, le Congo-Kinshasa est à la 8ème place de la liste largement dominée par la Somalie, le Burkina-Faso et le Nigéria», lit-on encore dans ce rapport.
Epicentre du terrorisme
Selon l’IEP, l’Afrique subsaharienne émerge comme l’épicentre mondial du terrorisme alors que le nombre de décès dans le monde diminue. Elle représente à elle seule 48 % du total de décès dûs au terrorisme à travers la planète, mais aussi que le phénomène y est «de plus en plus ciblé, se contractant dans des pays qui souffrent déjà de conflits violents, où des zones de conflit ont représenté 97 % de tous les décès».
L’évolution de la situation sécuritaire dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri sous étage de siège depuis mai 2021, et cible d’opérations militaires mutualisées ougando-congolaises depuis fin novembre de la même année, les mauvaises nouvelles alternent avec les bonnes nouvelles, confirmant ainsi le tableau peint par les chercheurs de l’IEP.
Au Nord-Kivu où la relative accalmie au front a permis à la justice militaire l’organisation des procès des rebelles, miliciens et leurs collaborateurs arrêtés au cours et en marge des affrontements de ces derniers mois, les rebelles ADF se sont de nouveau tristement manifesté en investissant la localité de Kikura, située à 3 km de Nobili à la frontière ougandaise, dans la nuit de dimanche à lundi 28 février. Bilan de l’opération : au moins 20 personnes tuées, la plupart à l’arme blanche, 6 habitations et 3 pharmacies incendiées, 3 adolescents enlevés, selon des sources de la société civile locale.
Assaillants de Kikura neutralisés
Au terme d’opération de poursuites de ces assaillants, les armées coalisées ougandaise et congolaise ont annoncé la neutralisation de 18 des combattants ADF auteurs de l’attaque de Kikura, la récupération de 8 armes AK 47 et PKM et la libération de 12 enfants pris en otage par les assaillants.
Poursuivant la série des procès lancés il y a quelques semaines, le tribunal de garnison de Beni-Butembo a rendu, le 1er mars 2022, son jugement dans la cause opposant le ministère public à 13 combattants ADF, dont une Kenyane et un Rwandais, instruite depuis trois semaines. Douze condamnations et un acquittement ont été prononcés, rapportent des médias locaux. Cinq prévenus ont été condamnés à 10 ans de servitude pénale principale et 6 autres à 15 ans dont la kényane Kolo Teni reconnue coupable de participation à un mouvement insurrectionnel pour avoir opéré pour le compte des rebelles ADF sous la direction de la combattante Sila. Kase Selemani de nationalité rwandaise comme Kolo Teni, a été lui aussi condamné à 15 ans de servitude pénale principale et au paiement d’une amende de 250 mille FC pour avoir participé comme insurgé aux côtés de l’actuel numéro un des ADF Moussa Seka Baluku. Le Rwandais opérait singulièrement dans la cité de Kasindi, frontalière avec l’Ouganda.
Poursuite des procès
La peine la plus lourde, soit 20 ans de servitude pénale, a été infligée au prévenu Kambale Ngahagondi, reconnu coupable d’association de malfaiteurs et de participation à un mouvement insurrectionnel. Il assurait le transport des combattants ADF dans le territoire voisin de Lubero sous la direction de monsieur Amigo, un des leaders de ce mouvement.
Le prévenu Jean-Bosco, accusé de participation à un mouvement insurrectionnel a été acquitté et la justice a ordonné sa libération immédiate.
D’autres causes sont en cours d’instruction. Au moins 64 affaires ont été introduites à l’auditorat militaire et attendent leur instruction.
Mercredi 2 mars, le même tribunal militaire de garnison a prononcé 4 condamnations à l’encontre de rebelles ADF reconnus coupables de participation à un mouvement insurrectionnel. 3 prévenus ont été condamnés à 10 ans de servitude pénale principale, la peine la plus lourde, soit 20 ans, ayant été infligée au prévenu Shukuru Tusime Tsombo.
Miliciens CODECO neutralisés
En Ituri, les FARDC ont annoncé la neutralisation de 14 miliciens CODECO et la récupération de plusieurs effets militaires à Mahagi. Les faits se sont déroulés à la suite d’une tentative d’assaut contre une position militaire loyaliste à Ame (territoire de Mahagi).
Dans la même partie du territoire national, les FARDC ont annoncé la deuxième phase des opérations conjointes UPDF-FARDC en territoire d’Irumu. Des positions ADF ont été bombardées dans les localités de Mapipa, Ababi et Katanga, passées sous contrôle des forces mutualisées.
De retour à Bunia, chef-lieu de la province de l’Ituri, après un séjour à Kinshasa, le gouverneur militaire Johnny Luboya a obtenu des renforts en effectifs et en logistique, mardi 1er mars 2022.
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