Le vice-premier ministre, ministre de l’Intérieur, Décentralisation et Affaires Coutumières a résolu la semaine dernière le problème des violences intercommunautaires signalées à Lodja (Sankuru) en suspendant l’administrateur de ce territoire qui avait mis le feu aux poudres en attribuant de manière cavalière des terres agricoles du secteur de Mvunge à des habitants de son secteur natal, Nambelo-Lohembe.
La décision, unanimement saluée dans la contrée soulève néanmoins deux questions relatives à son timing et à ce qui apparaît comme un raccordement frauduleux dans son contenu.
En effet, c’est le 19 mai 2021, que le n°1 de Lodja, avait pris sa décision décriée et que les échauffourées entre paysans des deux secteurs avaient éclaté. Quasiment au nez et à la barbe du patron du ministère de l’Intérieur qui a séjourné en décembre 2021 dans cette contrée dont il est ressortissant, en marge de la visite du président de la République.
Au cours de ce séjour, le vice-premier ministre bien qu’amplement informé par les services relevant de sa tutelle et la société civile locale de ces empoignades sanglantes provoquées depuis huit mois à l’initiative de son représentant sur place, l’administrateur Médard Elonge, n’avait pipé mot. D’aucuns y ont vu dans son chef une abstention coupable dû au fait que cet administrateur n’était qu’un de ses obligés qu’il aurait couvert pour des raisons bassement électoralistes en espérant que les paysans spoliés de leurs terres qui constituent leur unique moyen de subsistance allaient passivement se laisser faire. Il n’en a pas été ainsi et ce n’est que 10 mois et 8 morts plus tard que le ministre a pris en charge ce dossier sécuritaire qui prenait des allures humainement inacceptables.
Sur le fond, l’arrêté ministériel du 18 février 2022 pèche dans son visa par un hiatus lorsqu’il se laisse aller acrimonieusement à attribuer sans aucune élaboration les violences provoquées par son collaborateur à «un groupe de criminels entretenus par certaines personnalités politiques de Lodja», sans lesquelles selon lui l’ordre public n’aurait pas été perturbé… L’incise a fait bondir le président de la société civile locale qui s’est insurgé à raison de voir le ministre se lancer de la sorte dans des conjectures oiseuses destinées à chercher des boucs émissaires pour couvrir ses propres turpitudes. Un véritable cas-type de raccordement frauduleux et maladroit tendant à faire croire, ainsi que l’a dénoncé la société civile que «des criminels (ou paysans spoliés) doivent nécessairement être ‘’entretenus’’ par des politiciens pour poser les actes en question» avant de conclure que «cet arrêté ministériel affirme de la sorte à la fois une chose et son contraire car d’un côté, il établit la responsabilité de l’administrateur suspendu et des criminels et de l’autre, il indexe ‘’des personnalités politiques’’ non autrement identifiées».
LM