L’information circule depuis mercredi 16 février 2022 et vient doucher l’enthousiasme né de l’entrée en Ituri des troupes de l’UPDF et de renforts FARDC suivies de bombardements des positions des terroristes ADF dans la région : la délégation de la Task Force de l’Ituri chargée de négocier avec les milices locales, conduite par Thomas Lubanga, ancien milicien lui-même, a été prise en otage par des éléments de l’URDPC/CODECO qui exigent notamment que le gouverneur militaire Johnny Luboya soit relevé de ses fonctions. Ainsi semble devoir s’achever une semaine plutôt sombre marquée par de nombreuses exactions et tueries perpétrées contre les populations civiles par les miliciens CODECO.
C’est pourtant dans le cadre d’une mission de bons offices que les anciens seigneurs de guerre Thomas Lubanga, Floribert Ndjabu, Germain Katanga et Ayindu Bin Ekwale, accompagnés par les colonels FARDC Justin Lobho et Lobho Kamuhanda se sont rendus à Bambu en territoire de Djugu pour faciliter la reddition de la CODECO.
Des sources locales rapportent que le groupe de la Task Force animait un meeting populaire lorsque des hélicoptères FARDC auraient pilonné les positions des miliciens afin de capturer leurs chefs. C’est en représailles que ces derniers ont décidé de retenir la délégation de Lubanga en otage en attendant d’obtenir le remplacement du gouverneur militaire, responsable à leurs yeux de l’assaut aéroporté contre eux. Ils exigent également l’intégration des miliciens CODECO dans les FARDC avec des grades d’officiers généraux pour leurs commandants.
Multiplication des exactions
En Ituri, miliciens et rebelles acculés par les forces mutualisées UPDF-FARDC ont multiplié les attaques contre les civils ces derniers jours. Lundi 14 février, 16 combattants CODECO avaient été tués par les FARDC au terme d’accrochages après qu’ils aient attaqué une unité de l’armée loyaliste dans le territoire de Djugu où quelques 112 morts étaient déplorées à la date du 16 février, selon le député national Jackson Ahusse. «Nous sommes en train d’avancer petit à petit vers le génocide. Si rien ne se fait dans le territoire de Djugu avec la CODECO, cette partie de la République va connaître la pire forme d’insécurité », s’est plaint cet élu d’Irumu. Il a fait état d’une succession d’attaques de miliciens CODECO dans plusieurs localités de Djugu, lundi et mardi derniers, lesquelles ont provoqué la mort de 20 personnes à Abombi et à Abelkoze. A cela, il faut ajouter onze autres victimes dans les villages de Muvaramu et de Kango où les miliciens ont incendié plusieurs habitations. A Assada et Alayi, des pêcheurs surpris par des miliciens CODECO n’ont eu la vie sauve qu’en fuyant à toutes jambes. Deux d’entre eux qui ont été ratrappés ainsi qu’un élément FARDC ont été purement et simplement massacrés.
Le même lundi 14 février, on signalait la mort de 5 personnes, dont un agent de police, à Luna, localité limitrophe entre le Nord-Kivu et l’Ituri. Une altercation entre un commandant des troupes se rendant en Ituri et des agents commis au poste de passage entre les deux provinces serait à la base de cet incident.
Les ADF tuent à Mambasa
A Makeke, au Sud du territoire de Mambasa, une incursion des rebelles a fait deux morts et 7 maisons incendiées avant d’être repoussée par les FARDC venus en renfort depuis Mangina, mardi 15 février. Au Nord-Kivu voisin, les FARDC ont poursuivi la traque des rebelles ADF, neutralisant 4 d’entre eux lundi 14 février à Ndiva, non loin de Nobili. Mardi 15 février, les FARDC ont annoncé l’arrestation à Beni de Mme Zazrad Zera Saïdi, une terroriste ADF de nationalité tanzanienne au cours d’une patrouille dans le groupement de Malambo, secteur de Rwenzori. Le même jour, 7 personnes dont 2 femmes étaient tuées lors d’une attaque ADF à Vunanga, chefferie de Watalinga.
A Goma, une famille en deuil a été l’objet d’une fusillade qui a entraîné la mort de 4 personnes et blessé 3 autres, le 15 février 2022 tard dans la nuit au quartier Majengo (commune de Karisimbi). 24 heures auparavant, deux présumés terroristes ont été tués par les forces de l’ordre dans la même commune.
A Butembo, un 3ème poste de police a été incendié par des inconnus dans la nuit de vendredi à samedi 12 février à Maveba, un quartier mal famé de la ville.
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