“Sur ordre du ministre (lequel ?), vous avez 48 heures pour quitter ces lieux. On va y ériger une station d’essence, un super marché et un parking». Ainsi s’est adressé un officier de police commis à la sécurité du stade des Martyrs aux débrouillards (briquetiers, restaurateurs de fortune, vendeurs de friperies…) installés autour de ces installations sportives. Il y a 5 ans, le stade «Tata Raphaël» à Kalamu avait connu le même sort.
Deux stations d’essence et un super marché appartenant à des sujets indo-pakistanais y ont été érigés avec toutes les conséquences qui pourraient en découler. Quant au stade des Martyrs, il existe un vaste parking intérieur capable d’accueillir nombre de véhicules lors de différentes manifestations qui s’y déroulent et on y trouve aucune trace d’une station service ou d’un super marché. De fait, la parade a été vite trouvée pour justifier les travaux en perspective : «sur ordre du ministre», avait asséné avec force et détermination l’officier de police. On veut savoir s’il s’agit du ministre des Sports, celui de l’Urbanisme et Habitat ou de son collègue de l’Aménagement du territoire. Auquel cas, reste à savoir si ces trois «warriors» ont soumis au préalable le dossier au conseil des ministres.
Prenant la balle au bond, l’inusable Jacques Mputu Manga de l’administration des Sports et Loisirs, et président de la confédération Syndicale du Congo (CSC) a vite fait de recadrer les «hors-la-loi». «La seule personne habilitée à affecter et à désaffecter, par ordonnance, un site de l’Etat c’est le président de la République et personne d’autre, même le premier ministre. Agir comme ils veulent bien le faire, c’est de l’imposture. Petit à petit, le sport est dépossédé du peu qui lui reste en termes d’infrastructures dont la plupart sont accaparées par nos gouvernants pour y ériger des structures, de connivence avec des expatriés. Voyez comment les stations-services et autres super marchés prolifèrent à Kinshasa», s’est-il plaint.
Entretemps, les éléments de la police commis à la sécurité du stade des Martyrs en profitent, comme d’habitude, pour se faire de l’argent sur le dos des commerçants qui ont été déguerpis mais qui refusent d’obéir à cet ordre impromptu.
HERMAN MALUTAMA