La nécessité du financement des énergies vertes en Afrique est connue et admise par plusieurs experts. Toutefois, il importe de toujours avoir une perception et une évaluation pertinente de la contribution effective de chaque projet à l’objectif d’atteinte du net zéro.
L’attention des groupes financiers Standard Chartered Bank (Royaume-Uni) et Société Générale (France), ainsi que le groupe Industrial and Commercial Bank of China (ICBC) est attirée sur le fait que le projet de construction du barrage hydroélectrique de Sombwe en RDC, pour lequel ils ont apporté des solutions de financement, présente un risque pour l’environnement et une violation des engagements en faveur de l’atteinte d’un objectif de net zéro pour les risques climatiques. «En submergeant des étendues de forêt, le barrage pourrait augmenter les émissions globales équivalant à 1,3 million de tonnes de CO2, d’ici la fin du siècle, soit plus que les émissions créées par la combustion de 3 millions de barils de pétrole, réduisant ainsi l’impact positif de ce qui pourrait apparaître comme un projet d’énergie verte et renouvelable», peut-on lire dans le rapport de Global Witness sorti en décembre 2021.
ICBC apporte un financement direct sur les 500 millions USD de contributions faites par les banques chinoises tandis que Standard Chartered Bank et Société Générale ont arrangé au profit du projet un emprunt de 300 millions USD sur le marché international des obligations. L’alerte concerne aussi des sociétés de gestion de fonds et d’actifs, BlackRock, Vanguard et Dimension Fund Advisor, qui via la bourse de Hong Kong, détiennent respectivement pour 17 millions USD, 12,8 millions USD et 5,6 millions USD d’actions au capital de Power China, l’entreprise qui a reçu mandat de développer le projet.
La construction de ce barrage survient dans un contexte de récents engagements très médiatisés sur la limitation de la déforestation, les émissions et la biodiversité pris, lors de la COP26, et à la Conférence des Nations unies sur la biodiversité.
A priori, on pourrait y voir un arbitrage complexe entre le besoin de réduire le déficit d’accès à l’électricité en RDC, et celui de mener des actions en faveur de l’environnement. Le rapport de Global Witness indique cependant que l’essentiel de l’énergie qui sera produite par ce barrage sera affecté aux exploitations minières qui causent encore plus de dégâts sur l’environnement.
Un autre défi de ce projet, c’est qu’il n’est pas financé gratuitement, et le gouvernement de la RDC devra le rembourser d’une manière ou d’une autre et supportera ce passif, en plus de devoir trouver de la ressource pour compenser les populations qui seront victimes des conséquences à long terme du projet sur l’environnement, la faune et les hommes.
AVEC AGENCES