Ceux qui dans l’opinion croyaient que l’adhésion de nombre de cadres d’envergure de l’ancienne majorité présidentielle à la nouvelle à travers l’Union sacrée pour la nation (USN) était attribuable à la versatilité habituelle des politiques congolais se seront trompés. Chez les kabilistes, le malaise était plus profond que cela, manifestement. Même s’il n’a été porté au grand jour qu’il y a quelques semaines, lorsqu’une fronde menée par des jeunes cadres du FCC a éclaté au grand jour.
Début novembre, emmenée par Constant Mutamba et Agée Matembo, un groupe de cadres du FCC dénonçait sans détour la confiscation et l’usurpation des pouvoirs par ceux qu’ils qualifient depuis lors de «caciques» et prenaient la décision d’engager la conférence des président de l’ancienne plateforme présidentielle. En représailles, Raymond Tshibanda, chargé depuis de longs mois de la direction d’une cellule de crise qui s’éternisait, selon ses détracteurs, réagissait à ce véritable coup d’Etat de palais en décidant l’exclusion de la bande à Agée Matembo. «Quant aux plaisantins de mauvais goût qui, depuis hier, prétendent engager la conférence des présidents du FCC, alors qu’à l’exception d’un seul, ils n’en ont jamais été membres, ils ont cessé d’appartenir au FCC depuis longtemps et n’ont, depuis lors, participé à aucune réunion ou activité du FCC. Et pour que nul n’en ignore, la conférence des présidents décide officiellement de leur exclusion du FCC», assurait l’ancien ministre Kabila des Affaires étrangères dans un communiqué.
Dynamique progressiste au FCC
Mais rien n’y a fait. La «dynamique progressiste» du FCC était placée sur les rails, en vue notamment de candidater aux postes réservés à l’opposition politique au sein du bureau de la Commission électorale nationale indépendante (CENI). Mercredi 15 décembre, Agée Matembo et ses collègues répondaient favorablement à l’appel à candidater lancé par le président de l’Assemblée nationale. Devant la presse, il expliquait que «dans notre famille politique, les gens que nous qualifions de caciques ont toujours réagi et agi au nom de l’autorité morale Joseph Kabila mais souvent c’est très faux, Kabila a un sens républicain élevé, c’est un patriote, un nationaliste qui ne peut pas se laisser entraîner dans des stratégies de blocage».
Le malaise qui mine l’ancienne majorité présidentielle vient d’apparaître davantage avec le voyage de Félix Tshisekedi dans l’espace kasaïen. De nombreux caciques du PPRD, notamment, ne dissimulent plus leur soutien à la vision du nouveau président de la République. A Kabinda, chef-lieu de la province de la Lomami, Adolphe Lumanu Nsenda qui a fait preuve d’un dynamisme remarquable dans la mobilisation en vue de l’accueil de Félix Tshisekedi dans son fief électoral s’en est plutôt maladroitement défendu. «Qui peut refuser de soutenir son chef quand il a une vision dans laquelle tout le peuple se retrouve ? Nous soutenons le chef de l’Etat, nous mobilisons notre base pour son accueil», avait-il déclaré quelques jours avant l’arrivée du président de la République à Kabinda. Mais aussi que «Le Congo n’a qu’un seul président, c’est Félix Tshisekedi. Je suis venu ici à Kabinda pour l’accueillir dans la province de la Lomami. Je suis responsable et je ne voudrais pas que l’on dise que j’ai saboté l’arrivée de mon président. Aussi, je porte le plaidoyer de ma base».
Dynamque tshisekediste au Grand KasaÏ
L’élu de Kabinda continue néanmoins de clamer son appartenance l’ancien parti présidentiel : «L’USN n’est ni un parti ou une plateforme politique. Je suis un élu du peuple, nous avons le mandat du PPRD, nous sommes du PPRD. Nous soutenons le chef de l’Etat et son action». Sur Top Congo FM, le professeur Lumanu soutient qu’il n’a jamais pris connaissance de la charte de l’Union sacrée et qu’il soutient la vision de Félix Tshisekedi sur le développement de la RDC parce qu’elle est bénéfique pour la population. «Nous avons tous participé à la destruction de ce pays. Nous devons aussi participer à sa reconstruction», déclare-t-il en substance. Alors qu’un autre cacique de l’ancien parti présidentiel, parce qu’il en a été le patron, est annoncé à Tshikapa. Evariste Boshab compte, en effet, parmi les élus de la province du Kasaï qui mobilisent en vue de l’accueil de Félix Tshisekedi. Même si le professeur de droit n’a encore rien déclaré au sujet de cette allégeance.
Ce n’est pas le cas d’un autre cacique de l’ex-parti présidentiel qui, lui, a résolument franchi le cap. Le professeur kwangolais et ancien gouverneur de la ville de Kinshasa, Théophile Mbemba Fundu, a annoncé mercredi 29 décembre la création de son parti politique. L’Alliance pour l’Alternance et le Progrès a été officiellement agrée le 24 décembre 2021, a-t-il annoncé sur les antennes de Top Congo FM. C’est tout de même un cadre de moins pour le compte de l’ancien parti présidentiel.
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