Avant de fixer la date de la tenue de la coupe du monde 2022, personne ne donnait cher du Qatar, ce petit émirat qui n’avait jamais auparavant pris part à aucune des éditions de cette compétition internationale de football. Pourtant, c’est à ce petit pays de 900.000 habitants que la Fédération internationale de Football Association (FIFA) a décidé de confier l’organisation de la Coupe du monde de 2022, au grand dam des grandes nations.
D’aucuns se demandent comment l’instance de football internationale a pu prendre une telle décision en faveur de ce petit pays aux étés caniculaires.
Lorsque, le 2 décembre 2010, à Zurich (Suisse), Sepp Blatter, ex-président de la FIFA, l’a annoncé, la surprise était générale.
Pourtant, pour les occidentaux, la candidature du Qatar, en concurrence avec celles des USA, de l’Australie, du Japon et de la Corée du Sud, a été mal côtée par les inspecteurs de la FIFA après leur visite dans ce pays. Partant, les observateurs ne donnaient pas cher des chances du Qatar à organiser cette compétition.
Tour de force technologique
Jugé trop conservateur, trop rigoriste, ce petit Etat musulman n’est pas de prime abord, il est vrai, un lieu idéal pour accueillir des foules de supporters surtout occidentaux attachés à leur traditionnelle consommation d’alcool, pendant et après les matches. La petite taille du pays faisait par ailleurs craindre une capacité d’accueil limitée. Mais c’est surtout le climat qui paraissait rédhibitoire. Avec son humidité asphyxiante (50°C), l’été qatari transforme le pays en une véritable fournaise.
Mais Doha semblait avoir réponse à tout, et c’est sans aucun doute cette extraordinaire volonté qui a séduit la FIFA.
Pour contrer la chaleur, le projet qatari a prévu de doter les nouveaux stades d’équipements de climatisation dernier cri qui permettront de maintenir la température autour de 27°C. C’est la première fois qu’une telle technologie sera utilisée pour rafraîchir un lieu aussi vaste qu’un stade. Cela permettra d’assurer à la fois aux spectateurs et aux joueurs une totale protection contre le soleil et la chaleur, a-t-on expliqué. Par ailleurs, les sièges seront équipés d’un système de climatisation individuelle et l’air frais soufflera dans le dos des spectateurs pour assurer le plus grand confort possible. Totalement écologiques, ces installations auront une empreinte carbone quasi nulle puisqu’elles seront alimentées par de l’énergie solaire. Le même système sera dupliqué dans les centres d’entraînement et les zones dédiées aux supporters autour des stades. Un métro et des bus écologiques sont également prévus pour l’acheminement des fans. Quand on sait que lors des éditions de 1970 et de 1986, organisées au Mexique, on avait fait jouer les équipes sous un soleil brulant et en altitude sans que personne ne s’en émeuve, on peut bien imaginer, au XXIe siècle, une coupe du monde en plein désert !
Sur les douze stades (d’une capacité moyenne de 50.000 places) prévus pour accueillir les matches, neuf sont encore en construction et trois sont à refaire. Conscients que ces infrastructures ne leur serviront plus à grand-chose une fois la compétition terminée, les Qataris ont prévu de les démonter et de les offrir gracieusement à des pays africains. Un geste qui a dû jouer en leur faveur lors du choix final.
Symbole de l’ambition de l’émirat, le «Lusaïl Iconic Stadium», d’une capacité de 86.250 places, dans la banlieue de Doha, accueillera la cérémonie d’ouverture, quatre autres rencontres et la finale. Mais c’est le «Doha Port Stadium», avec 44.000 places qui est considéré comme le véritable chef-d’œuvre du projet. Situé dans la baie de Doha, il sera édifié sur l’eau, autour d’un mini port où stationneront des bateaux-taxis.
Coupe du monde au Qatar : une question de prestige
De sa petite superficie, le Qatar a fait un atout, jouant la carte de la proximité. Les installations étant toutes situées dans un périmètre de 60 km, les supporters pourront se déplacer d’un endroit à l’autre. Pour les seuls stades, Doha devait dépenser 4 milliards USD. En comparaison, l’Afrique du Sud avait dépensé 5 milliards USD au total pour accueillir le Mondial 2010. Mais pour le très prospère Qatar, l’organisation de la coupe du monde n’est pas un enjeu de développement. C’est avant tout une question de prestige. C’est plus pour faire connaître le pays dans le monde entier. L’émirat doit sa renommée à ses ressources en gaz et au fait qu’il abrite le siège d’Al-Jazira (la CNN arabe). Qatar veut acquérir une stature internationale.
Naturellement, de nombreux journalistes occidentaux ont accueilli la nouvelle avec un sourire narquois et des commentaires pleins de sous-entendus. L’émirat aurait acheté sa victoire à coups de pétrodollars. Le pays n’aurait aucune culture footballistique et ne serait rangé qu’en bas du classement mondial de la FIFA. Mais Doha semble en mesure de battre en brèche tous les stéréotypes. Le comité d’organisation à déjà précisé que l’alcool sera autorisé pendant la compétition pour les supporters. Connue pour son sens de l’hospitalité, la population ne devrait pas avoir du mal à s’adapter à des mœurs étrangères. «Merci d’avoir cru en nous, merci à tous ceux qui nous ont soutenus, merci à la FIFA, qui a fait le bon choix. On ne vous décevra pas. Je tiens aussi à saluer tous nos concurrents, dont les dossiers étaient aussi séduisants. Merci d’avoir cru au changement. Vous allez être fiers de nous, c’est une promesse que je vous fais», s’est enthousiasmé Mohamed Khalifa Al Thani, principal représentant de la candidature qatarie, à l’annonce de la décision.
Quid de la RDC ?
Sur place, à Doha, les travaux s’accélèrent à un rythme effréné. En attendant le grand rendez-vous de 2022. En ce qui concerne la RDC dont l’équipe nationale de football, les Léopards, n’inspirait pas confiance pendant les éliminatoires, elle risquerait tout simplement de louper cette prestigieuse compétition à cause de la nonchalance et de la négligence tant de l’autorité politico-sportive nationale que des responsables de la FECOFA (Fédération congolaise du football association).
HERMAN MALUTAMA