Le pasteur du Centre évangélique Parole de Vie, Paul Mukendi, a déclaré faillite en mai 2018. Il n’a pas payé, en juin dernier, sa libération pour être exempté de ses dettes. Il demeure à ce jour introuvable et avait fait une apparition sur Facebook en septembre.
Après avoir dupé le système judiciaire et le Service de police de la ville de Québec en prenant la poudre d’escampette au lieu de purger une peine de prison de 8 ans pour agression sexuelle sur une mineure, Mukendi s’est aussi faufilé entre les mailles du fisc, à qui il n’a jamais payé ses dettes, malgré sa faillite.
C’est ce qu’a confirmé au Journal le syndic responsable de la faillite du révérend Paul Mukendi, LeBlond & Associés inc.
Celui qui s’autoproclame «l’apôtre de Québec» et qui demeure introuvable devait lors de sa faillite plus de 432.597 USD à Revenu Québec et à l’Agence du revenu du Canada.
De ce montant, sa dette fiscale québécoise s’élevait à plus de 212.000 USD.
Selon le jugement de la Cour supérieure, le syndic n’a pu redonner que 2.000 USD aux créanciers, grâce à la vente d’objets saisis dans sa résidence, dont plusieurs montres.
Qui plus est, en juin dernier, il n’avait pas payé sa demande de libération de faillite, s’élevant à 5.000 USD, lors de sa comparution devant la registraire des faillites. «C’est comme s’il n’avait jamais fait faillite», fait observer le syndic au dossier, Stéphane LeBlond, qui ajoute que de tels cas sont très marginaux. «Comme il n’a pas payé, et qu’il a disparu, on va fermer notre dossier et aviser tous les créanciers que le failli n’est pas libéré. Ils pourront à ce moment-là prendre les procédures qu’ils désirent ou qu’ils estiment appropriées pour récupérer leurs créances», explique M. LeBlond.
Peut-être d’autres saisies
«Toutefois, s’il se manifeste au pays et que ses principaux créanciers, Revenu Québec et l’Agence du revenu du Canada le retrouvent, le pasteur pourrait voir ses biens et son revenu saisis, tant qu’il ne paie pas sa libération», soutient M. LeBlond.
En 2018, la résidence du pasteur, située sur la rue Lacomblé, à Beauport, avait notamment été saisie par Revenu Québec.
Mandat d’arrestation
Un mandat d’arrestation est toujours en vigueur contre le pasteur Mukendi, qui nargue les autorités en multipliant les apparitions en direct sur Facebook depuis sa disparition.
Mukendi devait se livrer aux autorités avant le 20 août dernier avant 15 h, pour être conduit en prison.
Lors d’un appel du Journal à sa nouvelle résidence de Cap-Rouge fin septembre, une dame a affirmé qu’il se trouvait au Congo.
Il n’y a toutefois aucun traité d’extradition entre le Canada et le Congo. Selon des avocats spécialisés en la matière, il pourrait ainsi être «très laborieux» de le ramener au pays afin qu’il soit incarcéré.
Avare de commentaires, le service de police de la Ville de Québec indique que l’enquête «est toujours en cours» pour tenter de le retrouver.
Extraits des rapports de Revenu Quebec
(Mai 2018)
Le Centre évangélique Parole de Vie comprend entre 60 et 200 membres, dont 100 membres réguliers qui fréquentent l’église et doivent donner 10 % de leur salaire annuel, auquel est ajouté 5 % de pénalité si le versement de la dîme est effectué en retard ou est insuffisant.
Le Centre s’est doté d’un terminal TPV qui circule entre les rangées, lors des célébrations religieuses, afin que les membres puissent faire des dons et payer leur dîme.
L’analyse des transactions bancaires confirme que Mukendi Wa Bukole s’approprie des sommes importantes, destinées initialement au Centre évangélique Parole de Vie, pour ses besoins personnels.
Le contribuable a omis de déclarer une partie importante de ses revenus pour les années d’imposition de 2012 à 2016 inclus, soit 88 % de ses revenus.
ELISA CLOUTIER