Véhicules électriques, éolien et solaire sont des secteurs en plein boom grâce à la transition énergétique et qui consomment beaucoup de cuivre. En produire davantage est donc nécessaire, encore faut-il que la réglementation favorise l’investissement dans l’exploration et l’exploitation minière. «Le monde a besoin de plus de cuivre. Et pourtant, plus de cuivre, jusqu’à ce que la technologie fasse une percée, va entraîner plus d’émissions de carbone». C’est ce qu’a déclaré jeudi 21 octobre, Richard Adkerson, PDG de Freeport-McMoRan, demandant donc l’assouplissement des règles régissant l’ouverture de nouvelles mines en Amérique du Nord, mais aussi dans l’Union européenne, afin d’augmenter la production mondiale de plusieurs métaux nécessaires à la transition énergétique, dont le cuivre.
À cause des restrictions écologiques en vigueur dans ces deux régions, l’exploitation de leurs réserves cuprifères est impossible ou nécessiterait un capital si important que les projets deviendraient économiquement non viables.
Le 20 octobre par exemple, le Service des forêts des Etats-Unis a proposé d’interdire pendant 20 ans l’exploitation minière dans une région de l’Etat du Minnesota, ce qui bloquerait, entre autres, le développement du projet de cuivre-nickel Twin Metals piloté par le géant minier chilien Antofagasta.
Il faut rappeler que c’est la dernière d’une série d’oppositions de l’administration « proclimat » du président Biden à des projets miniers, considérés comme polluants et néfastes pour l’écosystème.
Le casse-tête du déficit
Selon le dirigeant de Freeport, la faiblesse de l’offre mondiale de cuivre induite par l’absence de nouvelles mines, risque pourtant de saper les efforts de décarbonisation en cours dans le monde. «Il va y avoir un moment où le monde va être très court en cuivre», poursuit Adkerson, cité par Reuters, quelques jours après l’avertissement donné par la bourse des métaux de Londres (LME).
En effet la semaine dernière, les stocks de cuivre disponibles dans le système mondial d’entrepôts de la place boursière britannique, sont en effet tombés à des niveaux plus vus depuis 25 ans.
Qu’il s’agisse de véhicules électriques, de l’éolien ou du solaire, il faut dire que tous les secteurs à la pointe de la transition énergétique ont besoin du métal rouge. Robert Friedland, patron d’Ivanhoe Mines, compagnie active dans la production de cuivre en RDC, résume d’ailleurs très bien la situation avec sa formule : «Tout est cuivre, cuivre, cuivre, cuivre, cuivre, cuivre».
Nonobstant un changement de réglementation à propos de la construction de nouvelles mines dans les régions suscitées, le recours à des juridictions minières jusque-là sous-explorées apparait comme la seule solution actuellement disponible pour tenter de combler un déficit de cuivre qui devrait atteindre 10 millions de tonnes d’ici 2030. À ce jeu, les pays africains peuvent faire partie des vainqueurs, avec en tête les deux premiers producteurs que sont la RDC et la Zambie.
Les premiers signes de ce regain d’intérêt pour le continent sont déjà visibles avec les rumeurs annonçant un retour du géant minier BHP dans le secteur minier africain, à travers le rachat du projet de cuivre Western Foreland en RDC. D’autres pays en Afrique australe, qui disposent d’un potentiel cuprifère, à l’instar du Botswana et de l’Afrique du Sud, pourront également profiter de cette ruée vers le cuivre.
Emiliano Tossou