L’Union pour la Nation Congolaise (UNC) se produit ce samedi 23 octobre 2021 au Stade Cardinal Malula, sur avenue Kasabubu dans la commune de Kinshasa. Le parti politique de Vital Kamerhe, dont les instances dirigeantes ont été récemment réaménagées, un peu pour s’adapter à l’air du temps, tient ainsi sa toute première manifestation publique après les tentatives révolutionnaires de juin dernier. Chez les rouge et blanc du CACH (Cap pour le Changement), le ticket gagnant Tshisekedi-Kamerhe électoral en novembre 2018 à Nairobi, l’air d’un semblant de retour dans les rangs semble avoir sonné. Dans les ruines du plus vieux stade football de la capitale rd congolaise, l’UNC voudrait s’afficher discipliné et civilisé à travers une démonstration de force dans un lieu clôturé et donc suffisamment sécurisé. Même si «les questions politiques de l’heure» ne peuvent faire défaut dans ce type de rassemblement, parmi lesquelles le parti alignera la condamnation au second degré à 13 ans de Vital Kamerhe, la première de Billy Kambale Tsongo, le nouveau SG, sera accaparée par la présentation des animateurs du parti. Realpolitik oblige.
Plus que tempêter
Plus question de tempêter théâtralement donc, pour Billy Kambale, le bouillant SG du parti qui dissimule maladroitement le bouillonnement intérieur qui le ronge. Même s’il coïncide avec son départ du Gouvernement Ilunga Ilunkamba dont il était le ministre en charge de la jeunesse pour le compte du CACH. L’heure ne semble plus propice aux menaces d’évaluation critique des accords qui avaient présidé à la coalition présidentielle en raison de la condamnation de Vital Kamerhe par la justice dans le cadre du programme des 100 jours. Ni aux épreuves de force avec les forces de l’ordre du pouvoir dont on fait partie faute de pouvoir décemment et courageusement le quitter, comme à la fin du mois mai dernier.
Ça, Billy Kambale qui s’est récemment fait sèchement remonter les bretelles par VK l’a sans doute suffisamment assimilé. Lundi 11 octobre, le jeune leader Nande a, comme la plupart d’acteurs politiques de sa tribu, effectué une sortie politique risquée au sujet l’état de siège en vigueur dans son Nord-Kivu natal. « C’est un échec, il faut le réévaluer », a-t-il proclamé dans un accès de nationalisme étriqué qui fait l’apanage de beaucoup dans la région. « Nul ne peut se prévaloir de sa propre turpitude. Je sais que tout leader Nande qui s’oppose au génocide des Nande est toujours associé aux ADF. Ça ne sert à rien de créer des petits frères artificiels. L’état de siège est un échec, il faut le réévaluer. Il n’est jamais trop tard », s’était encore hasardé le nouveau SG du parti allié (jusque-là) avec le président de la République à travers le CACH et l’Union Sacrée pour la Nation (USN).
Acrobatie Kambale
L’acrobatie politique qui fait le lit des succès électoraux de nombre d’acteurs politiques au Grand Nord-Kivu – casser du sucre sur le dos du pouvoir en place – n’a pas l’effet escompté. Naturellement et logiquement. Parce que l’UNC et son chef demeurent en plein dans la coalition au pouvoir et son gouvernement. Impossible de critiquer ce dernier en y demeurant. C’est scier l’arbre sur lequel on est, plus que confortablement, assis. Et les réactions n’ont pas tardé, au sein du parti surtout. Ministre du Budget de l’équipe Sama Lukonde, l’UNC Aimé Boji Sangara avait tout de suite condamné une réaction qui « frise l’antipatriotisme » de son successeur aux fonctions de SG du parti : « Je suis UNC, j’étais à Goma, à Beni et à Bunia … qualifier l’état de siège d’un échec frise l’antipatriotisme », avait-il déclaré sans ambages. Vital Kamerhe, patron du parti en détention, s’est également ému de la réaction inconsidérée de son SG et l’a plus que rappelé à l’ordre, de l’aveu de l’intéressé lui-même. Mardi 24 octobre, Billy Kambale est promptement revenu sur ses propos en soutenant, cette fois-ci, que « l’état de siège et l’évaluation de celui-ci participera à la quête de son efficience ». Mais surtout, en précisant que « le président national, Dr Vital Kamerhe m’a demandé de clarifier mes propos ».
Renouveau
Le meeting de l’UNC de ce week-end ne sera donc pas celui de la sérénité au sommet, parmi les cadres du parti. Les fonctions ministérielles échues au parti kamheriste finissent par emporter les bénéficiaires des portefeuilles. Vital Kamerhe qui de son bagne s’emploie depuis quelques mois insuffler un vent nouveau parmi ses lieutenants ne s’y trompe pas. C’est le cas d’au moins deux d’anciens ministres du budget pour le compte de l’UNC. C’est le cas de Pierre Kangudia, ministre d’Etat au Gouvernement Tshibala, qui a fini par rejoindre les rangs du FCC de Joseph Kabila. Ce devrait être le cas dans les jours à venir, de Jean-Baudouin Mayo Mambeke, ministre UNC du budget du Gouvernement Ilunga Ilunkamba. Remplacé par Aimé Boji Sangara au sein de l’équipe actuelle, l’ancien directeur de cabinet de Vital Kamerhe à l’Assemblée nationale dissimule maladroitement son mécontentement. De plus en plus. Lundi 18 octobre, Me Mayo a dit à la presse son désaccord d’avec « les méthodes de gestion actuelle de l’UNN », et dénoncé carrément « trop d’interférences dans la gestion du parti », tout en prétendant en demeurer membre. Mais la rengaine est connue dans la classe politique nationale : « on dit toujours ça avant de prendre la porte », a déclaré, dans un soupir de désespoir, un jeune cadre du parti interrogé par Le Maximum.
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