Le tout premier atout du Président de la République depuis son accession au pouvoir est d’avoir significativement œuvré en faveur du respect et de la protection des droits fondamentaux. Comme on peut le voir, l’état de droit, qui a toujours servi de leit motiv au combat politique de l’UDPS 37 ans durant avant l’accession de ce parti mythique au pouvoir, tend à se matérialiser au jour le jour. Depuis l’avènement de Félix Tshisekedi, les prisonniers politiques ont été libérés, les exilés politiques sont revenus au pays de leurs ancêtres et la liberté d’expression et de manifestation garantie à tous. Certes l’appareil répressif de l’ancien régime n’a pas encore été totalement démantelé, mais la volonté politique du Chef de l’Etat est telle que le déboulonnement passera aussi par là.
Cependant, force est de constater que malgré cette embellie dans l’espace public, certaines pratiques d’intimidation, de bâillonnement et de chasse aux sorcières continuent d’avoir la peau dure, notamment dans les rangs des conservateurs de la nature qui œuvrent pour la protection de certaines espèces naturelles en voie de disparition en vue de décourager tous ceux qui font fortune dans le commerce des espèces protégées. A titre illustratif, les défenses des pachydermes par exemple se négocient jusqu’à 5.000 $ la pièce et certains primates humanoïdes couteraient jusqu’à 250.000 $ l’unité. Il en est de même des perroquets, pangolins et autres léopards dont l’estimation sur le marché noir est prohibitive.
Deux victimes infortunes
La semaine dernière, la hiérarchie de l’ONG Conserv Congo a alerté notre rédaction sur la disparition de deux de ses enquêteurs qui pistaient un réseau des trafiquants d’ivoire et de primates proches du célèbre Salomon Nkumiku Mpay appréhendé par la justice au mois de Février dernier, grâce à la collaboration des mêmes préposés de Consev Congo. Pour mémoire, Conserv Congo est cette célèbre ONG dont la mission principale est de préserver la biodiversité de la RDC. Affiliée à l’Institut Congolais pour la Conservation de la Nature, ICCN, cette ONG s’est spécialisée dans l’infiltration des réseaux des trafiquants des espèces naturelles en voie de disparition dont les plus téméraires disposent des relais solides au sein de technostructures de défense et de sécurité corrompus. Depuis l’arrestation inattendue du baron de cette contrebande, le nommé Nkumiku Mpay, le rôle des enquêteurs est devenu très risqué dans la mesure où l’on compte déjà des morts et des disparitions mystérieuses dans les rangs des enquêteurs. C’est le cas de sieur Ken Fiama Batalo et son compagnon d’infortune Adam Amisi Okenda.
Enlevés le 06 octobre 2021 dernier, les deux préposés de Conserv Congo, manifestement trahis par des complices de la maffia au sein de l’ICCN, sont restés aux mains de leurs bourreaux qui leur ont fait subir d’atroces tortures avant qu’ils ne réussissent à s’échapper après plus d’une semaine de captivité. Dans leur cavale à Maluku après avoir échappé à leurs ravisseurs, Ken Fiama Batalo a succombé des suites des coups et blessures subis des kidnappeurs. Son compagnon Adam Amisi Okenda aurait, quant à lui, réussi à joindre un pays limitrophe d’où il a donné des signes de vie depuis le lit de l’hôpital. En pleine dispensation de l’état de droit prôné par le Chef de l’Etat, il est inconcevable que certains compatriotes fassent l’objet de traitements inhumains en raison de leur engagement pour la conservation de la biodiversité. La peur doit désormais changer de camp. C’est à la maffia d’être traquée par les forces de défense et de sécurité et non aux défenseurs de la nature d’avoir à travailler dans la clandestinité par peur des représailles. L’état de droit qui est applaudi des deux mains par tous les Congolais doit également servir de bouclier aux conservateurs de la nature. Au cas contraire, le laxisme de l’Etat risque d’offrir un boulevard aux trafiquants illégaux qui ne s’embarrassent d’aucune retenue dans l’exécution de leur sale besogne.
JBD