Facebook serait en voie de ringardisation, selon le chroniqueur tech du New York Times.
Avant même la panne géante qui a touché le réseau social et ses filiales lundi 4 octobre et la promesse du Congrès américain de mieux réguler Facebook, ce chroniqueur spécialisé dans la tech posait un diagnostic sévère sur l’état de santé du mastodonte.
Le Wall Street Journal a publié une excellente série d’articles rédigés à partir de documents internes de Facebook [appelés “Facebook Files”] que le quotidien s’est procurés. Une série que l’on peut lire comme l’histoire d’un titan qui n’aurait d’autre but que de s’enrichir en écrasant sans pitié la société au passage.
Ces articles prouvent entre autres de façon irréfutable que le réseau applique une justice à deux vitesses, qu’il savait qu’Instagram aggravait les complexes physiques chez les jeunes filles, et qu’il a un plus gros problème de désinformation au sujet des vaccins qu’il ne veut bien l’admettre. Il y aurait donc aisément de quoi s’imaginer que Facebook jouit d’une puissance terrifiante, et que seule une intervention agressive de l’État pourrait le ramener à la raison.
Mais on peut aussi tirer une autre conclusion de la lecture de cette série : Facebook va mal.
Pas sur le plan financier, ni juridique ni même parce que des sénateurs aboient sur Mark Zuckerberg. C’est de déclin que je parle, un déclin lent, inexorable, que reconnaîtra quiconque a déjà vu de près une entreprise agonisante. Comme un nuage de terreur existentielle qui plane au-dessus d’une société qui a mangé son pain blanc, qui influence toutes les priorités managériales et les décisions en matière de production, à l’origine de ses tentatives de plus en plus désespérées pour s’en sortir.
“Godzilla, tu veux bien arrêter ?”
Il est aujourd’hui de bon ton, chez les détracteurs de Facebook, de mettre en avant la taille et l’hégémonie de l’entreprise tout en dénonçant ses erreurs. Lors d’une audience qui s’est tenue au Sénat le 30 septembre dernier, les législateurs ont cuisiné Antigone Davis, la directrice de la sûreté de Facebook, à coups de questions sur la conception par la société de produits addictifs et sur l’influence qu’elle exerce sur ses milliards d’utilisateurs. Beaucoup de ces questions étaient hostiles, comme si les sénateurs lui demandaient : «Eh, Godzilla, tu veux bien arrêter de sauter à pieds joints sur Tokyo ?»
Kevin Roose
NEW TECH : Déclin de Facebook : Zuckerberg mécontent
