C’est finalement samedi 9 octobre 2021 que se tiendra au terrain de football bien connu de la Place Ste Thérèse dans la commune de N’djili le meeting de la coalition Lamuka «aile Fayulu-Muzito». Initialement prévue le 29 septembre sous forme de marche populaire au départ du quartier Masina III, cette manifestation publique initiée pour contester ce que le candidat malheureux à la présidentielle de décembre 2018 présente comme une dérive dictatoriale du pouvoir de son ancien challenger devait s’ébranler le long du boulevard Lumumba avant de gagner N’Djili Ste Thérèse. Mais c’était sans compter avec la détermination du gouverneur de la ville de Kinshasa, Gentiny Ngobila Mbaka, qui s’est farouchement opposé aux troubles sur la voie publique qui surviennent chaque fois que des «militants» se réclamant des partis politiques investissent cet important artère urbaine qui mène vers l’aéroport international de N’Djili sur plus d’une dizaine de km.
Zone neutre
Samedi 25 septembre, Ngobila a rendu publique une décision d’interdiction de toute manifestation publique sur le boulevard Lumumba dans l’espace compris entre le Pont Matete et l’aéroport de N’Djili. Ainsi, pour la première fois depuis l’instauration de la démocratie en RDC sous le Maréchal Mobutu le 24 avril 1990, la zone dite rouge qui traverse les quartiers populaires du district de la Tshangu à Kinshasa est décrétée «zone neutre», mettant ainsi ses multiples usagers à l’abri d’assauts de combattants des partis politiques qui en faisaient ce qu’ils voulaient quand cela leur plaisait.
La décision du 1er citoyen de la ville ôte néanmoins du pain de la bouche des organisateurs des manifestations politiques sur le boulevard Lumumba qui se voient ainsi privés d’une vitrine particulièrement prégnante. La plupart des manifestations organisées visant généralement à attirer l’attention de la communauté internationale dont les représentants fréquentent régulièrement l’unique artère qui mène vers le plus grand aéroport du pays.
Mauvaises augures
Pour le tandem Fayulu-Muzito, les auspices se présentent plutôt mal. Une première manifestation politique organisée le 15 septembre dernier sur toute l’étendue de la RDC pour exiger la dépolitisation de la CENI s’est soldée par un fiasco retentissant. A Kinshasa, c’est à peine si une poignée de «combattants» de cette aile de Lamuka avaient gagné le point de ralliement sur le Boulevard Lumumba, au Quartier III dans la commune de Masina. Présents sur les lieux déjà investis par les forces de l’ordre, les deux leaders politiques n’avaient pu que s’en retourner d’où ils étaient venus, sous bonne escorte policière. Ailleurs à travers le pays, le sort de cette manifestation qui devait consacrer la rentrée politique de l’ancien candidat à la présidentielle a connu le même sort. Particulièrement dans la ville de Kikwit, fief naturel des deux acteurs politiques, où il n’y eût pas d’âme qui vive pour animer la manifestation.
Sans saveur
Privés du très mobilisateur boulevard Lumumba, en raison de la présence permanente de badauds-flâneurs qui meublent les rangs des sympathisants de l’Ecidé et de Nouvel Elan, leurs partis politiques respectifs, Fayulu et Muzito devraient éprouver davantage de difficultés à mobiliser. D’autant plus que 24 heures avant le meeting autorisé de la Place Ste Thérèse, jeudi 7 octobre, le gouverneur Ngobila a organisé son propre meeting au même endroit, pour conscientiser la jeunesse de cette partie particulièrement grouillante et bouillante de sa municipalité sur le comportement citoyen.
Dans une correspondance adressée aux organisateurs du meeting du samedi 9 octobre, le gouverneur de Kinshasa les a exhortés à l’observance des gestes barrières, notamment. De même qu’il a instruit les forces de l’ordre d’encadrer la manifestation. Mais les observateurs doutent de la réussite de la mobilisation, comme le 15 septembre dernier. Lamuka «aile Fayulu-Muzito» s’en trouvent ainsi réduits à des postures civilisées qui enlèvent à leurs manifestations la saveur arbitraire qui attiraient les foules.
LE MAXIMUM