Dans une déclaration jeudi 9 septembre, Denis Mukwege a déploré une situation de persistance des tueries et massacres des populations civiles, dans les provinces d’Ituri et du Nord-Kivu pourtant sous état de siège depuis plusieurs mois.
Le Prix Nobel congolais s’est en outre, indigné contre l’assassinat de 19 civils en date du 27 août dernier, dans le territoire de Beni, au Nord-Kivu. «C’est avec effroi que nous avons appris les récentes tueries commises au Nord-Kivu et en Ituri. Alors qu’au moins 19 civils ont été tués le 27 août, dans le territoire de Beni, au moins 30 civils ont été massacrés le 3 septembre, dans le territoire d’Irumu, lors des attaques attribuées aux miliciens des Forces démocratiques alliées (ADF)», s’est-il indigné.
En effet, pour le patron de l’hôpital de Panzi, rien ne semble s’améliorer depuis l’état de siège, pourtant voulu pour le rétablissement de la paix dans ces deux entités. «Malgré l’état de siège instauré dans le Kivu et en Ituri, la situation sécuritaire ne semble pas s’améliorer dans ces provinces et la crise humanitaire dramatique que les populations civiles endurent se transforme en une véritable crise de notre humanité. La situation qui prévaut dans cette région touchée par les conflits armés depuis des décennies est la deuxième crise humanitaire la plus grave au monde quand on prend en compte les 5,2 millions de déplacés que connaît la RDC. En outre, les conflits qui ravagent notre pays depuis 25 ans sont les plus meurtriers depuis la deuxième guerre mondiale», a-t-il regretté.
Au regard du fiasco jusqu’ici enregistré au plan politique et sécuritaire, le «réparateur des femmes» en a appelé à une justice transitionnelle et à la mise en place d’un tribunal pénal international, pour le Congo Kinshasa avant d’inviter le président de la République à concrétiser sa promesse sur cette question. «Le temps est venu pour le chef de l’État de concrétiser son engagement à faire adopter une stratégie nationale holistique de justice transitionnelle et à demander de manière expresse aux Nations-Unies l’établissement d’un Tribunal Pénal International pour la RDC et le soutien à la mise en place de chambres spécialisées mixtes pour rendre justice aux victimes des crimes les plus graves et mettre fin à la culture de l’impunité qui alimente les conflits dans notre pays depuis les années 1990».
Il l’a également invité à solliciter l’aide de la communauté internationale pour cette fin utile. «Au président Tshisekedi de solliciter l’aide de l’ONU et l’adoption d’une résolution du Conseil de sécurité pour mettre en place sans tarder une équipe d’enquêteurs intégrées au Bureau Conjoint des Nations-Unies aux droits de l’homme comprenant entre autres des experts en anthropologie médico-légale pour exhumer les nombreuses fosses communes à l’Est du pays afin de collecter et préserver les éléments de preuve d’actes susceptibles de constituer des crimes de guerre, crimes contre l’humanité et crimes de génocide perpétrés en RDC».
Pour le Dr Mukwege, les approches politiques et sécuritaires visant à pacifier les Kivu et l’Ituri ont échoué.
Il est plutôt convaincu que seule l’appropriation des mécanismes de justice transitionnelle permettra un retour durable de la paix dans ces provinces.
JN