Chérubin Okende, ministre des Transports, Voies de communication et Désenclavement a, par un arrêté ministériel publié le 4 août 2021 , interdit à tout véhicule non immatriculé en RDC de charger des produits miniers au départ du territoire national. En cas de violation de cette décision entrée en vigueur le 29 juillet, il est prévu que la marchandise soit déchargée aux risques et périls du réfractaire. L’article premier de cet arrêté conditionne l’exercice de la profession de transporteur public routier en RDC à l’obtention d’un agrément délivré par voie d’arrêté signé par le ministre.
A cet effet, Chérubin Okende nationalise carrément le transport des minerais congolais. Par ces temps où la RDC vient d’adhérer à de nombreuses organisations sous-régionales prônant moult libéralisations commerciales, la mesure ministérielle en a surpris plus d’un. «Tout se passe comme si le ministre AMK des Transports, pourtant connu de l’opinion pour sa rigueur, n’était pas au courant des engagements pris par l’Etat congolais dans son secteur d’activités», se plaint un diplomate africain en poste à Kinshasa.
Il n’est pas le seul. Au cours de la 15ème réunion du conseil des ministres vendredi 13 juillet, le président de la République Félix Tshisekedi en personne a remonté les bretelles au ministre en lui rappelant que toute prise de mesures dans ce domaine devrait faire l’objet d’une étude plus approfondie afin de ne pas ramer à contre-courant des obligations internationales auxquelles la République Démocratique du Congo a souscrit dans le cadre notamment de l’intégration régionale. «S’il est vrai que le gouvernement doit protéger et accompagner les opérateurs économiques congolais notamment au regard de la loi sur la sous-traitance, le commerce et les services, il est impérieux, à défaut d’activer les mécanismes conventionnels de sauvegarde, d’éviter des mesures qui, de manière ostentatoire, apparaissent comme discriminatoires et affectent la libre-circulation des personnes et des marchandises », a souligné le chef de l’Etat.
Des sources dans les provinces cuprifères du Sud de la RDC renseignent ainsi que les principales victimes de l’arrêté Okende ne sont autres que les transporteurs tanzaniens et zambiens qui disposent de nombreux véhicules trucks pour le transport des minerais congolais vers les pays étrangers. Et signalent également que Moïse Katumbi Chapwe, autorité morale de l’AMK, est quasiment le seul congolais à posséder quelques 300 trukcs pour le compte des sociétés Hakuna Matata, Muzuri Sana, et MCK. Les autres Congolais actifs dans ce secteur, comme Kabamba ou Kabongo Ngoy, ne font guère le poids avec respectivement 10 et 7 trucks.
De là à conclure que l’arrêté pris par Okende le 29 juillet 2021 était une passe en or du ministre AMK à son mentor Katumbi, il n’y a qu’un pas que certains observateurs ont vite fait de franchir.
LE MAXIMUM