Au terme de sa 58ème Assemblée plénière, la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO) a rendu public, comme d’usage, un message à la nation. «Appel à la cohésion nationale. Soyons unis (Cf. 1Co, 1-10) », comme son titre l’indique, met un accent particulier sur la cohésion nationale, «une force dans l’épreuve», assurent les calottes sacrées de l’Eglise catholique romaine en RDC. Les Congolais sont appelés à former une communauté nationale autour des idéaux de liberté, de fraternité, de solidarité, de justice, de paix et de travail, comme le suggèrent l’hymne national, conseillent les évêques. Notamment, en raison du fait que l’unité nationale est de plus en plus menacée par le népotisme, le tribalisme, le régionalisme, le clientélisme, l’exclusion des adversaires politiques, des pratiques et des discours qui fragilisent les liens sociaux. C’est un «état de choses (qui) brise le rêve commun et compromet la cohésion nationale», dénoncent les prélats. L’appel très politique des hommes de Dieu note ainsi quelques défis à relever sur le plan sociopolitique : l’option de la politisation de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) au sein de laquelle prédomine la nouvelle majorité USN au pouvoir. Elle ne garantit pas un processus électoral crédible et porte les germes de contestation et de crises de légitimité qui fragilisent la cohésion nationale. Le processus constitution- nel de la décentralisation et du découpage des provinces participe également de la fragilisation de la cohésion nationale, selon les évêques, parce qu’il s’accompagne d’une déstabilisation des institutions provinciales que l’on doit aux manipulations politiciennes. Au plan économique, les prélats catholiques dénoncent, comme sous le régime précédent, «une poignée de compatriotes qui s’enrichit de façon scandaleuse et sans cause». Au plan sécuritaire, l’insé- curité récurrente à l’Est du territoire national est dénoncée et l’état de siège décrété par le président de la République soutenu. L’administration de la justice et l’observance des droits humains attire également l’attention de leurs émi- nences et excellences, qui notent que la justice est très mal rendue, gangrenée par la corruption et instrumen- talisée par le politique. La nouvelle coalition gouvernementale n’est pas, elle non plus, épargnée par les évêques catholiques parce que le budget national privilégie les institutions politiques au détriment du bien-être de la population. Après les recommandations, d’usage elles aussi, l’appel à la cohésion nationale des évêques catholiques trempe de pleins pieds dans la polé- mique qui fait rage autour de la question de la natio- nalité. En établissant un net et clair distinguo entre deux types de nationalités en RDC: la nationalité congolaise d’origine et la nationalité congolaise d’acquisition individuelle. «Unis par le sort, les uns ayant la natio- nalité congolaise d’origine, les autres l’ayant d’acquisition individuelle, nous sommes tous, à titre égal, filles et fils de la RDC. Nous sommes invités à apprécier ce que nous sommes (selon chacun des types de nationalité ?, Ndrl), apprécier aussi les autres, afin de mettre ensemble ce qui nous est commun et ce qui nous différencie, pour le plus grand bien de tous et la gloire de Dieu», soulignent les évêques catholiques parmi lesquels siègent beaucoup d’amis très proches du milliardaire katangais Moïse Katumbi, candidat déclaré à la présidentielle de 2023 dont de nombreux internautes font allusion aux origines italo-zambienne comme Mgr. Fulgence Muteba le nouvel archevêque de Lubumbashi.
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