Rompant avec quatre ans d’isolationnisme, le successeur de Donald Trump cherche à reconquérir la confiance de ses alliés, qu’il veut unir face à la Chine.
Entre les Alliés Européens et les Etats-Unis d’Amérique, l’enthousiasme renaît. Le dernier sommet du G7, à la différence de ceux qui l’ont précédé sous l’ère Trump, en a été la preuve. Tout le contraire des sommets précédents, qui avaient laissé un souvenir horrible aux alliés des Etats-Unis. Lors du G7 de 2018, Donald Trump avait refusé de s’associer au communiqué final ; et jugé «très malhonnête» et «faible» l’hôte de l’événement, le 1er ministre canadien Justin Trudeau. La même année, à l’Otan, il avait traité de «délinquants» les pays membres de l’organisation dont les dépenses militaires étaient inférieures à 2 % de leur PIB, rappelle la presse en Occident.
Trois ans plus tard, dans les cornouailles britanniques, les images des chefs d’Etat du G7 partageant gaiement un barbecue sur la plage, ou d’Emmanuel Macron passant un bras dans le dos de son homologue américain Joe Biden, témoignent d’une atmosphère plus avenante. Le nouveau patron de la Maison Blanche l’avait annoncé. Joe Biden venait en Europe pour renouer les liens avec des alliés échaudés par quatre ans de saillies parfois insultantes de Donald Trump. Après avoir réintégré l’accord de Paris sur le climat et l’OMS, «l’Amérique est de retour», répète-t-il à l’envi. Et le multilatéralisme aussi : face aux pouvoirs autocratiques, le 46e président US veut montrer qu’une action coordonnée des pays démocratiques peut apporter des réponses efficaces à la planète, sur les plans sanitaire ou climatique.
Certes, à l’instar de son prédécesseur, Joe Biden cible particulièrement la Chine, dont les offensives économiques, militaires ou technologiques inquiètent les Etats-Unis. Mais à la différence de Trump, il cherche à unir l’Occident dans cette démarche. Sous son impulsion, l’Otan a considérablement durci le ton. Les «ambitions déclarées» de l’empire du Milieu et son comportement représentent des «défis systémiques pour l’ordre international fondé sur des règles», a affirmé l’alliance transatlantique le 14 juin. En ligne de mire, les «politiques coercitives» du régime, ses campagnes de désinformation, l’expansion rapide de son «arsenal nucléaire» ou sa coopération militaire avec la Russie.
Reste qu’une partie de ses alliés rechigne à se laisser entraîner dans une confrontation avec la Chine. Ainsi le Français Emmanuel Macron ne veut pas renoncer à l’autonomie stratégique de l’Union européenne ; ni l’Allemande Angela Merkel qui n’entend nullement compromettre ses intérêts économiques. «Beaucoup de leaders européens devraient rester prudents sur le fait de suivre les Etats-Unis dans leur opposition à Pékin, jusqu’à ce qu’ils en sachent plus sur la direction que prendra l’Amérique après les élections de mi-mandat», prévoit Ryan Hass, spécialiste de politique étrangère à l’Institut Brookings, cité par la presse. Ces dirigeants peuvent difficilement écarter la possibilité d’un basculement du Congrès côté républicain. Et, à terme, du retour au pouvoir d’un Donald Trump, synonyme d’un nouveau repli agressif des Etats-Unis.
LE MAXIMUM AVEC
C. PLUYETTE
L’ONCLE SAM EST DE RETOUR EN EUROPE : Biden relance le multilatéralisme à l’américaine
