Les organismes internationaux s’organisent pour venir en aide aux victimes de l’éruption de Nyiragongo à Goma. Parmi lesquels l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID) qui a octroyé 100.000 USD pour la fourniture de l’eau potable aux personnes affectées, 500.000 environ et pour participer aux efforts de prévention du choléra dans le chef-lieu du Nord-Kivu où les lignes électriques ont été endommagées.
On y dénombre plus de 3.629 maisons ravagées par la lave, 23 toits de maisons emportés. La route Goma-Rutshuru est coupée sur environ 2 km par la lave, 3 structures sanitaires et 12 écoles primaires et secondaires ont été détruites. L’organisation internationale pour les migrations indique par ailleurs que plus de 20.000 personnes (environ 4.500 ménages) seraient sans abri et vivraient dans des communautés d’accueil ou dans des lieux publics non touchés par la catastrophe.
L’éruption volcanique survient à un moment où les besoins humanitaires annexes sont aigus au Nord-Kivu et en Ituri. Environ 44% des 5,04 millions de personnes déplacées en RDC se trouvent actuellement au Nord-Kivu. 3,2 millions de personnes sont déjà dans un besoin urgent d’aide alimentaire dans une province qui compte le plus grand nombre d’incidents de protection (5.856) du pays.
Pour rappel, les Etats-Unis sont le plus grand fournisseur d’aide humanitaire en RDC avec à ce jour plus de 131 millions USD pour l’année fiscale 2021.
Le gaz méthane du lac Kivu, un autre danger pour le Nord-Kivu
Au-delà du volcan Nyiragongo, Goma fait face à un autre grand danger, le gaz méthane entassé dans le lac Kivu qui menace les 2 millions de personnes vivant aux abords de cours d’eau et notamment les 6.000.000 habitants de la ville. Car en fait, selon les scientifiques, si la lave dégagée par Nyiragongo avait atteint les profondeurs du lac Kivu, il y aurait eu un brassage soudain de l’ensemble du cours d’eau et, le gaz aurait pu s’échapper brusquement et asphyxié les hommes et les animaux. «Il contient mille fois plus de gaz dissous que le lac Nyos et pourrait provoquer une émission gazeuse, en cas de déstabilisation de ses eaux stratifiées par une éruption volcanique par exemple», souligne Michel Halbwachs, professeur de physique à l’université de Savoie, qui a étudié le site avec des spécialistes internationaux.
Selon lui, le gaz du lac Kivu composé pour un cinquième de méthane et pour quatre cinquièmes de gaz carbonique provient pour une grande part des déchets liés à l’activité humaine. « Le méthane représente le vrai danger, car il est vingt fois moins soluble que le C02 : avec vingt fois moins de gaz, on approche plus vite de la saturation », explique encore Halbwachs. Or, des mesures réalisées sur le lac Kivu ont montré que le taux de méthane avait augmenté de 15 % depuis trente ans et que la saturation serait acquise d’ici à la fin du siècle. Imaginez le danger», précise-t-il
Dégazage raté du lac Kivu
Pour épargner les populations environnantes du risque d’explosion gazeuse, la RDC avait opté depuis 2014 pour l’élimination du gaz carbonique par le dégazage progressif dans une couche comprise entre 12 et 50 mètres de profondeur du lac Kivu. Depuis lors, rien n’est fait.
En son temps, le gouvernement Ilunkamba avait promis de débourser 5 millions d’Euros pour procéder à l’opération du dégazage industriel du lac Kivu. L’ancien ministre d’État et ministre des hydrocarbures, Rubens Mikindo, avait lancé au mois de janvier 2020 à Goma les travaux qui devaient être exécutés pendant deux ans à partir du golfe de Kabuno, mais les travaux qui n’ont pas fait long feu.
L’objectif du dégazage était de réduire le risque d’explosion gazeuse en éliminant progressivement et de manière inoffensive les gaz dissous dans les eaux du golfe de Kabuno. Situé au nord-ouest du lac, il présente une configuration particulière qui distingue ses eaux de celles du bassin principal qui, selon les experts, possèdent des caractéristiques physico-chimiques totalement distinctes des eaux du reste du lac Kivu. «Le golfe de Kabuno, exposé à l’épanchement des laves qui proviendraient des volcans Nyiragongo et/ou Nyamulagira, présente un problème environnemental et sécuritaire dans cette région dû à une forte concentration de gaz carbonique (Ndlr : CO2) dissous dans ses eaux susceptibles de provoquer subitement une forte explosion. Cette explosion pourrait entraîner la mort par asphyxie de la population environnante estimée à plus de 2 millions d’hommes ainsi que des dégâts très importants en termes de biodiversité», avait averti l’ancien ministre d’État Rubens Mikindo.
Le dégazage devrait permettre de diminuer environ 160 millions de m3 du CO2. Un projet qui faisait suite à la phase pilote qui a été exécuté en 2018 ayant permis une faible diminution du gaz. C’est à la société Limnological Engineering que le gouvernement avait attribué le marché.
La non-exploitation du gaz méthane du lac Kivu, une perte économique énorme
«Si on dégaze le lac Kivu, il y a maintenant lieu de projeter l’exploitation du gaz méthane. Il y a beaucoup d’investisseurs qui se sont manifestés. Nous allons amener tous ces projets qui sont déjà sur notre table au niveau du Sud-Kivu pour ceux qui seront plus aptes à y mettre le paquet pour que demain, ce qui paraît aujourd’hui comme un risque devienne une grande opportunité», faisait remarquer Théo Kasi Ngwabije , gouverneur du Sud-Kivu.
Pendant ce temps, le Rwanda gagne énormément d’argent dans l’exploitation de ce gaz. Le pays de Paul Kagame a produit la première centrale électrique au monde qui fonctionne grâce à l’exploitation du gaz méthane.
JM
NYIRAGONGO : 100.000 USD de l’USAID pour l’eau potable aux personnes affectées
