«Nauséabonde, raciste, surréaliste, la congolité exhumée par Noël Tshiani énerve l’opinion», selon le katumbiste Patrick Kabeya qui n’y va pas par le dos de la cuillière pour qualifier la proposition de Noël Tshiani visant à réserver la magistrature suprême en RDC aux seuls Congolais nés de père et de mère congolais. Il a vitupéré contre cette initiative qu’il qualifie de divisioniste et destinée à écarter de potentiels candidats à la présidentielle de 2023.
Le candidat malheureux à l’élection présidentielle de 2018 Noël Tshiani Mwadiamvita, invoquant les Intérêts Nationaux pouvant entrer en contradiction avec ceux d’autres pays dont seraient originaires les géniteurs des candidats à l’élection présidentielle, a recommandé que l’accès à la haute charge de président de la RDC soit réservé aux seuls candidats dont les deux parents sont congolais.
Kabeya a, dans une lettre ouverte au président de la République, Félix Tshisekedi, accusé pratiquement ce dernier d’être l’origine de cette démarche. «Candidat à la présidentielle de 2018 de triste mémoire avec 0,13 % de suffrages, le sulfureux Tshiani tente de sortir de l’anonymat dans lequel il n’est jamais parvenu à s’extirper. Tel un diable, de la plus sinistre des manières, ce triste sire, qui a plus de followers sur Twitter que d’électeurs dans le pays, n’a rien trouvé de mieux pour faire parler de lui que de réveiller un démon, jusque-là heureusement enfoui : celui de la division et, disons-le tout court, du racisme», éructe-t-il avec véhémence avant d’ajouter qu’il ne comprend pas comment le chef de l’État peut laisser prospérer un tel débat public, alors qu’il a la possibilité d’y couper court car cette initiative rappelle les pires heures de l’histoire.
Plusieurs analystes voient dans cette saillie et dans d’autres du genre, la main noire du leader du parti Ensemble pour la République, Moïse Katumbi Chapwe qui n’a jamais fait mystère de sa volonté de briguer la magistrature suprême en 2023 mais dont le père est un juif italien et la mère zambienne.
On rappelle que la controverse autour de la nationalité de l’ancien gouverneur du Katanga a été une des causes qui l’ont empêché de concourrir en 2018 après qu’il eut claqué la porte du PPRD de Joseph Kabila quelques mois avant les élections générales de cette année-là.
Craignant manifestement que le parlement congolais ne fasse droit à la proposition Tshiani, Katumbi et ses partisans ont choisi de sortir du bois pour essayer de bloquer tout débat en la matière, oubliant que la démocratie a ses exigences, l’une d’elles étant que même lorsqu’on n’est pas d’accord avec un point de vue, il faut tolérer et celui qui le défend l’exprime. «La guerre à l’Est dans laquelle se trouvent impliqués plusieurs agresseurs ressortissants de pays voisins rend légitimes les craintes de ceux qui, tout en acceptant le principe de la double nationalité, entendent faire en sorte que le destin au plus haut niveau de la RDC ne soit pas entre les mains des personnes qui auraient une allégeance partagée entre ce pays tant convoité et un autre», estime sobrement un politologue de l’Université de Kinshasa interrogé par nos rédactions.
Dans leur cavalcade, les katumbistes ne l’entendent pas de cette oreille et estiment qu’une telle loi, si elle était votée, ne serait pas applicable. Furieux, ils accusent Tshiani d’être lui-même détenteur d’un passeport américain, ce que l’intérressé dément en rappelant que pour se présenter à la présidentielle en 2018, il avait renoncé à la naitonalité américaine. Une information confirmée par la CENI. Ce qui n’empêche pas Kabeya de s’en prendre à l’administration congolaise : «on sait qu’ici (en RDC ndlr) pour obtenir des papiers, il suffit de se rendre devant un agent assermenté et déclarer qui est son père et qui est sa mère. Aucune vérification n’est faite. Le système est purement déclaratif. En cas de fausse déclaration, sur quel élément se basera-t-on alors l’officier de l’état civil pour en contester la véracité ? Sur le morphotype de la personne concernée ? Le degré de pigmentation de sa peau ? Sur son taux de mélanine peut-être ?».
Apparemment, malgré sa fortune, Moïse Katumbi ne semble pas avoir réussi à abuser du moindre rond de cuir congolais dans ce sens.
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PROPOSITION TSHIANI SUR LA NATIONALITE DES CANDIDATS PRESIDENTS : Katumbi rue sur les brancards
