Le président français Emmanuel Macron a ouvert mardi un sommet international consacré à la relance éco[1]nomique de l’Afrique visant la mobilisation d’au moins 100 milliards USD pour permettre au continent de se relever des suites de la pandémie de Covid-19 et lutter contre le terrorisme. Ce sommet vise à combler au moins en partie «les besoins de financement de l’Afrique d’ici 2025, estimé à 285 milliards USD», a déclaré le chef de l’Etat français au palais éphémère sur le Champ-de-Mars. Pour éviter d’alourdir le fardeau de la dette, Macron a proposé «une nouvelle donne», passant à la fois par la mobilisation de l’investissement privé et le recours à un instrument financier peu utilisé, les droits de tirage spéciaux (DTS) du Fonds monétaire international. Equivalent à une planche à billets du FMI, ces actifs monétaires peuvent être convertis en devises par les pays et dépensés, sans créer de dette. Jusqu’à présent, la communauté internationale s’est accordée sur le principe d’une émission globale de 650 milliards USD dont 33 milliards devraient revenir à l’Afrique, par le jeu des quotes-parts au sein du FMI. Trop peu cependant en regard des besoins de financement du continent qui a besoin d’investir massivement pour enrayer la pauvreté, développer les infrastructures, affronter le changement climatique et la menace jihadiste. «Nous défendons l’idée que les pays aisés puissent réal[1]louer leurs DTS pour qu’ils aillent vers les pays pauvres, en particulier l’Afrique, pour que les 33 milliards d’aujourd’hui deviennent 100 milliards», a expliqué le président Macron. Un objectif sur lequel les dirigeants africains invités lundi à l’Eysée sont tombés d’accord, tout en estimant que ce ne serait pas suffisant, selon le président de la RDC, président de l’Union africaine Félix Tshisekedi. La secrétaire américaine au Trésor Janet Yellen qui a participé au sommet en visioconférence, s’est dans un communiqué déclarée favorable à cette option, sous réserve que l’usage des fonds soit «transparent et responsable». Charge sécuritaire Ce Sommet sur le finance[1]ment des économies africaines est un «moment très important. Nous sommes réunis pour inverser un processus de divergence, qui est très dangereux entre les économies avancées et les pays développés, en particulier l’Afrique», a dit pour sa part la directrice générale du FMI Kristalina Georgieva. «Nous devons revenir au fort rythme de développement que l’Afrique connaissait avant le Covid, il le faut pour l’Afrique et pour le reste du monde», a-t-elle ajouté. Le PIB continental devrait progresser de seulement 3,2% cette année alors que la croissance mondiale devrait atteindre 6%. Un moratoire sur les intérêts de la dette, mis en place en avril 2020 par le G20, a permis de donner un peu d’air au pays africains les plus endettés, mais «cette pandémie a laissé nos économies exsangues car nous avons dû consacrer le peu de moyens que nous avions à combattre la maladie», a témoigné Félix Tshisekedi. Du point de vue du FMI, les économies avancées ont consacré près de 25% de leurs richesses à des plans de relance post-Co[1]vid, mais cette proportion tombe à 2% pour le continent africain. Or, en plus de la pandémie, une «charge de sécurité repose sur l’Afrique, devenue le nouvel épicentre du terrorisme», a averti Emmanuel Macron qui a jugé «impérieux d’actualiser les règles financières en prenant en compte ces coûts». A côté des DTS, la communauté internationale devrait mobiliser des moyens plus classiques, comme les plans d’aide, bilatéraux ou multilatéraux, mis en oeuvre par les organisations internationales, sous condition de réformes. Le FMI a par exemple confirmé la mise à dis[1]position de 240 millions USD pour le Togo. «Le sommet vise à poser les bases d’un nouveau cycle de croissance en Afrique», a déclaré mardi le président Faure Gnassingbé pour qui, «l’appui au secteur privé africain sera également décisif pour un continent qui aspire à sortir de la logique de l’assistance mais qui butte encore sur la défiance des investisseurs».
JM