Le Cadre de concertation provincial de la société civile du Sud-Kivu (CCPSC S-K) dénonce des irrégularités dans l’affaire de meurtre de Simba Ngezayo, opérateur économique tué par balles à Goma (Nord-Kivu) le 3 novembre 2020.
Dans une déclaration rendue publique vendredi 12 mars 2021 à Bukavu (Sud-Kivu), l’organisation a dit exprimer son inquietude quant à la tournure et au flou qui règnent au tour des enquêtes initiées dans le cadre de ce dossier. Le CCPSC S-K s’étonne dit être étonné également de voir que depuis le début des enquêtes, des personnes sont régulièrement arrêtées au Nord et au Sud-Kivu sans avoir comparu. «En date du 15 février 2021, les organisations de défense des droits humains au Nord-Kivu avaient salué la souplesse avec laquelle l’auditorat général avait procédé à l’ouverture des enquêtes sur l’assassinat du regretté Simba Ngezayo. Ce communiqué avait pour but entre autres de dénoncer les dérapages enregistrés depuis le lendemain de cet évènement tragique que nous déplorons tous. Il sied de rappeler que l’Auditorat avait procédé à des arrestations en cascade de personnes, que ce soit à Goma comme dans différents territoires du Sud et du Nord Kivu, allant jusqu’à transférer certains à Goma et d’autres à Kinshasa. Curieusement, certaines de ces personnes arrêtées pour raison d’enquête croupissent dans la prison militaire de Ndolo sans connaître le motif pour lequel ils sont poursuivis, d’autres encore sont dans la prison de Munzenze à Goma dans des conditions déplorables», explique le CCPSC S-K.
En effet, cette structure de la société civile déplore que les personnes arrêtées soient amenées loin de leurs familles alors que dans les prisons congolaises, les détenus vivent essentiellement de l’assistance de leurs familles et personnes de bonne volonté. «Aussi, faut-il chercher à savoir comment ces compatriotes arrêtés au Nord-Kivu et Sud-Kivu vivent à la prison de Ndolo à Kinshasa», s’interroge le CCPSC S-K qui veut comprendre le motif de l’arrestation de personnes qui habitent ailleurs qu’à Goma où les faits se sont déroulés dans ce dossier. C’est le cas de villageois arrêtés à Buzi et Minova (Sud-Kivu) où la famille Ngezayo aurait des antécédents parcellaires avec plusieurs familles, selon l’ONG qui n’hésite à privilégier la thèse d’un règlement de comptes. «Tout porte à croire que la famille Ngezayo profiterait des enquêtes encours pour régler des comptes relatifs aux dossiers fonciers antérieurs sous la complicité du magistrat instructeur, ce qui semerait une confusion totale dans la suite du dossier», alerte le CCPSC S-K avant d’ajouter: «plus grave encore, certaines autorités judiciaires multiplient des obstacles aux avocats des personnes poursuivies en violation de la loi fondamentale de notre pays en son article 19 qui garantit le droit de la défense à toutes les instances».
Pour le CCPSC S-K, «tout observateur avisé comprendrait le pourquoi de l’attitude de certains militaires qui viennent arrêter les gens dans le groupement Buzi en territoire de Kalehe au Sud-Kivu après avoir fait la même opération au Nord-Kivu».
Par conséquent, le CCPSC recommande aux acteurs sociaux de Buzi à Minova de ne pas baisser les bras mais de continuer à dénoncer toute tentative visant à étouffer leurs voix pour des motifs inavoués.
A l’Auditeur général des FARDC, il demande de garantir le respect des droits humains en vue d’une justice équitable et de renvoyer chacun des prévenus devant son juge naturel pour lui permettre de connaître son sort et de designer un autre magistrat militaire instructeur en lieu et place du magistrat militaire général de brigade Baseleba Bin Mateto Jean pour sa «partialité » avérée.
Au gouvernement, le CCPSC S-K de recommande de cesser de faire montre de «désintéressement» quant aux dérapages que prend le dossier et d’œuvrer à la protection des droits des victimes en assurant que leur cause soit entendue par des juridictions impartiales.
Aux ONG des droits de l’homme et médias, d’accompagner les victimes dans leurs revendications légitimes et de veiller, par un monitoring permanent à ce que soient garantis les principes pour un procès juste et équitable.
JM