L’opération de vaccination à grande échelle en RDC ne bénéficie pas encore de la même sensibilisation que la pandémie qu’elle est censée prévenir. Elle démarrera bel et bien même sans bruits dès le 8 mars 2021 par Kinshasa, à en croire le ministre de la Santé Eteni Longondo qui réceptionnait le 2 mars un lot des premières doses du vaccin produit par la firme anglo-suédoise AstraZeneca en collaboration avec l’université d’Oxford. L’OMS/RDC assure que les agents de santé de première ligne seront vaccinés de manière symbolique ce vendredi 5 mars. Sur les 6,9 millions de doses attendues dans le cadre du mécanisme Covax, 1,7 millions et un peu plus d’un million de seringues ont été réceptionnées contre seulement 240.000 pour le Rwanda mercredi à Kigali. Le mécanisme Covax est une opération multilatérale mise sur pied par l’UE notamment, pour permettre aux pays à faible et à moyen revenu qui le souhaitent (92 pays au total) d’avoir accès aux vaccins en fonction de leurs besoins et de leur stratégie nationale. Covax est co-dirigé par GAVI (Alliance mondiale pour les vaccins et l’immunisation), la Coalition pour les innovations en matière de pré- paration des épidémies (CEPI) et l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Sur son compte twitter, Jean-Marc Châtaigner, l’ambas- sadeur de l’Union Européenne en RDC, assure qu’outre les personnels de santé, les personnes à risques de comorbidité et les personnes âgées de plus de 55 ans seront les bénéficiaires du vaccin AstraZeneca. Le diplomate prend soin de souligner que la vaccination se fera sur une base stricte- ment volontaire : personne ne sera vacciné contre son gré. Ce que confirme le Programme Elargi de Vaccination (PEV) qui a indiqué lundi 1er mars que les enfants et les plus jeunes ne seront pas vaccinés dans un premier temps, mais aussi, que les opérations de vaccination s’effectueront dans les hôpitaux et centres de santé sous la supervision d’un médecin. La première vague de vaccina- tion vise 20 % de la population, indique la même source. Reste que le don ainsi reçu grâce à l’initiative Covax ne devrait pas régler la demande de la RDC, un pays crédité de près de 80 millions d’habitants. Rien que pour Kinshasa la capitale, les quelque 6 millions de doses ressemblent à une goutte d’eau dans un océan. Encore que le vaccin offert n’ait pas été précédé par la meilleure réputation qui soit sur son efficacité. AstraZeneca, c’est seulement depuis quelques semaines sa côte prend une pente non décli- nante, le vaccin ayant fait les frais d’un débat sur son efficacité chez les plus âgés et face aux variants, notamment, Sudafri- cain. Les premiers résultats, en décembre dernier, de ce vaccin affichait une efficacité de 70 %, contre 90 % pour son concurrent développé par Pfizer/BoNTech. Sur le vieux continent, de nombreux pays ont opté pour la limitation de l’administration du vaccin aux plus de 65 ans. Mais c’est de l’Afrique du Sud qu’est venu le coup de boutoir le plus violent contre l’AstraZeneca, lorsqu’une étude de l’universi- té du Witwatersrand a affirmé que son efficacité n’était que de 20 %, entraînant la suspen- sion de la campagne de vacci- nation lancée dans ce pays qui compte le plus grand nombre de malades de la Covid-19 sur le continent. Le vaccin anglosuédois doit, au finish, sa réhabilitation à l’OMS qui l’a homologué le 15 février 2021, assurant qu’il est beaucoup trop tôt pour rejeter ce vaccin «qui est une partie importante de la réponse mondiale à la pandémie à l’heure actuelle» (Richard Hatchett, CEPI). Les avantages que présentent l’As- traZeneca sont plus connus, depuis lors, des bouches autorisées indiquant qu’il a une administration simple, peut bénéficier à des populations générales, y compris dans des pays en développement. Donc, aux pays africains, notamment.
JM