Après des funérailles officielles jeudi 25 février 2021 à Rome, Luca Attanasio, le jeune ambassadeur Italien tué mardi dernier au cours d’une embuscade tendue par des hommes armés au convoi du PAM qui l’emmenait à Nyiragongo, a été inhumé samedi 27 février, dans sa ville natale non loin de Milan.
Au cours d’une messe de suffrages très remarquée, Mario Delpini, l’Archevêque de Milan qui a présidé l’office, a prononcé une homélie en forme de dialogue entre le diplomate défunt et Dieu. «Je viens d’un pays où la vie ne compte pour rien. Je viens d’un pays où tu meurs et personne ne s’en soucie, où tu tues et personne ne s’en soucie. Je viens d’un pays où la vie d’un homme ne compte pour rien et on peut le faire souffrir sans raisons et sans excuses», aurait répondu Luca Attanasio en réponse aux questions imaginaires que Dieu lui aurait posées, rapportées par la presse locale.
Si un trait a été ainsi tiré sur la courte vie de Luca Attanasio samedi dernier, le mystère qui entoure encore les circonstances de son décès tragique et brutal demeure entier. D’autant plus que Zakia Seddiki, la veuve marocaine du diplomate italien a déclaré à la presse (Il Messaggero) au milieu de la semaine dernière que «Luca a été trahi par quelqu’un qui nous est proche, proche de notre famille. Quelqu’un qui connaissait ses déplacements a parlé, l’a vendu et l’a trahi». Les regards sont donc tournés vers les enquêteurs du PAM et de l’ONU, ainsi que du parquet de Rome (siège du PAM) qui a ouvert une enquête pour «séquestration de personnes à des fins terroristes».
Quelques heures après le décès du diplomate italien, de son garde du corps et du chauffeur du PAM, le gouvernement de la RDC n’avait pas hésité à pointer du doigt les rebelles rwandais des FDLR, que l’on sait actifs dans la région depuis des décennies. Une accusation aussitôt démentie par le porte-parole des intéressés, Cure Ngoma, qui renvoie la balle du côté des forces de sécurité rd congolaises et rwandaises, également présentes dans cette partie très instable de la RDC.
Le week-end dernier, «Rwanda Démocratie», un groupe manifestement opposé au pouvoir en place à Kigali a conforté les soupçons dirigés contre les forces de Kigali soutenant sur son compte twitter que les sentiments d’hostilité à l’égard du Dr Mukwege, un ami de Luca Attanasio, sont un secret de polichinelle. Et que donc l’assassinat de l’ambassadeur italien pourrait avoir un lien avec la relation d’amitié qui le liait au Prix Nobel de la Paix.
En attendant les résultats des enquêtes, il reste que l’ambassadeur italien semblait au courant du danger qui le guettait en RDC, selon la presse. La Stampa, un quotidien paraissant à Rome, rapporte qu’en 2018, Luca avait demandé au ministère italien des Affaires étrangères une escorte de quatre carabiniers, comme celle dont bénéficiait son prédécesseur à
Kinshasa, au lieu de deux. Après une mission d’inspection en RDC, le ministère a répondu négativement à la demande du jeune ambassadeur, assure ce quotidien.
AS
DECLARATION DE L’EPOUSE DU DIPLOMATE ITALIEN : Luca Attanasio trahi par un proche
