Mentez, mentez, il en restera toujours quelque chose, disait Boileau. Jadis des terreaux du débat démocratique horizontal autour des sujets traités par la presse écrite, les parlements debout de l’UDPS se sont transformés en escouades des orateurs souvent mal famés qui vendent leurs illusions à des assistances domestiquées. Leurs harangues de plus en plus relayées par des médias en ligne non conventionnels constituent une épine sous les pieds de la jeune démocratie congolaise au fur et à mesure que ces bonimenteurs très en verve se croient tout permis de débiter toutes sortes de d’allégations mensongères. Même si ces couleuvres cousues de fil blanc sont difficiles à être avalées par des esprits normalement constitués, tant leur caractère débile est flagrant à vue d’œil, il n’en demeure pas moins que leur contenu pénètre souvent comme un couteau dans du beurre au sein d’une certaine opinion peu habituée à la critique objective.
En début de semaine, des internautes ont posté sur la toile des vidéos dans lesquelles ils se laissaient aller à relayer des rumeurs faisant état de la découverte de 50.000 fonctionnaires fictifs au ministère des Finances dont les salaires passeraient sous la panse des détourneurs avec la complicité de «la hiérarchie». Ce crime économique était attribué soit au secrétaire général aux Finances, soit encore à l’Inspecteur général des finances, ou tout simplement à d’autres hauts responsables de ce ministère.
Après confrontation de cette vue de l’esprit à la réalité sur le terrain, nos rédactions en sont venus aux conclusions inattaquables ci-après:
1° Il n’existe nulle part au secrétariat général aux Finances ou à l’IGF un rapport d’audit faisant état de l’existence de fonctionnaires fictifs ;
2° Le ministère des Finances s’occupe uniquement de l’ordonnancement et de la domiciliation des salaires des fonctionnaires sur leurs comptes réguliers. La liquidation des rémunérations se fait au ministère du Budget (direction de la paie). En d’autres termes si listes de fonctionnaires fictifs il y a, cela devrait logiquement être l’œuvre de la direction de la paie du ministère du Budget et non des responsables du ministère des Finances. Et d’après nos sources à la direction de la paie du ministère du Budget, il n’a été constaté à ce jour aucune anomalie sur la régularité des listes des fonctionnaires du ministère des Finances ;
3° Le nombre global de fonctionnaires de l’administration du ministère des Finances sur l’ensemble du territoire national est de très loin inférieur à 50.000 agents et cadres. On peut se demander par quelle alchimie on peut disposer d’un fichier imaginaire de fonctionnaires fictifs dont le nombres dépasserait le chiffre réel des fonctionnaires actifs ;
4° Les salaires des agents et fonctionnaires de l’État sont bancarisés depuis environ 8 ans maintenant. Ce qui veut dire que ces salaires sont logés directement sur les comptes individuels des fonctionnaires qui les perçoivent physiquement aux guichets des banques commerciales partenaires. En cas de non perception des fonds affectés à cette dépense, les sommes non perçues sont automatiquement reversées à la Banque centrale, caissier de l’Etat, dans un compte dédié aux reliquats de salaire ;
5° Enfin l’état de droit est en train de devenir une réalité dans notre pays. Et l’IGF dont on n’entendait que rarement parler est montée en puissance et en vigilance grâce à la volonté ferme du chef de l’État dont ce service dépend et qui lui a redonné ses lettres de noblesse. Désormais, plus personne n’est à l’abri des gendarmes que sont les inspecteurs des Finances qui font leur travail en toute indépendance sous l’impulsion directe du président de la République lui-même. La pratique consistant à jeter aux chiens la réputation des responsables politiques ou administratifs dans la presse devient donc inopérante à cet égard.
Leçons à tirer
Après ces éclaircissements des professionnels des médias spécialisés en investigation de profondeur, il n’y a plus de place pour la médisance et la diabolisation gratuite en rapport avec les prétendus 50.000 fonctionnaires fictifs au ministère des Finances. Circulez il n’y a rien à voir! Les internautes et autres ‘’parlementaires debout’’ qui pensent être immunisés contre les infractions de diffamation et d’imputations dommageables doivent savoir que les personnes qui se sentent lésées par leurs forfaitures sont en droit d’exiger justice et réparation, surtout que leurs actes incriminés disponibles à profusion sur la toile sont à l’abri de tout débat contradictoire. Le fait que ceux d’entre eux qui ont été attraits devant les cours et tribunaux s’en soient sortis sans dommages n’est d’ailleurs pas un indicateur favorable à l’indépendance de la justice voulue par le chef de l’État.
Une chose est sûre, la justice finit toujours par passer même si parfois le contexte ‘’politique’’ s’y oppose. Les preuves audiovisuelles étant indélébiles, tôt ou tard ceux qui brillent aujourd’hui par cette forme de délinquance finiront par répondre de leurs actes. C’est ça aussi l’état de droit.
JBD