Le grand projet du président Félix Tshisekedi de rendre gratuit l’enseignement primaire public est pour le moment compromis pour cause de suspension par la Banque mondiale d’un financement de 100 millions USD à la suite des révélations de fraudes, selon l’inspecteur général de finances.
Ce fonds s’inscrit dans le cadre d’un financement global de 800 millions USD approuvé par Banque Mondiale pour soutenir la gratuité de l’enseignement primaire public en RDC, un projet du président de la République lancé en septembre 2019.
En novembre 2020, l’Inspection générale des finances (IGF) a rendu public un rapport qui a révélé l’existence de listes gonflées d’enseignants fictifs dans des écoles inexistantes, de fausses factures, ainsi qu’un détournement présumé de 62 milliards FC (31 millions USD).
Dans cette enquête, l’IGF a signalé «des manquements, notamment des cas de fraude et de détournements de fonds publics, ainsi que des faiblesses dans les contrôles internes», selon le communiqué de la Banque mondiale. «Tenant compte de ces conclusions, le décaissement prévu au mois de décembre a été reporté à une date ultérieure», a annoncé la représentation de cette institution en RDC. Il s’agit d’une première tranche de 100 millions USD.
Le 22 janvier, deux hauts fonctionnaires mis en cause dans l’enquête, le directeur national du Service de contrôle de la paie des enseignants (SECOPE) et l’Inspecteur général de l’enseignement primaire, secondaire et technique ont été arrêtés, en attente d’un procès. «Ces deux hauts fonctionnaires ont introduit de manière irrégulière un nombre important de non-enseignants dans le système de la paie», a accusé Jean-Bosco Puna du Syndicat national des enseignants catholiques (Synecat).
Quatre millions de nouveaux écoliers ont été inscrits au courant de l’année 2019-2020 qui a connu une interruption de six mois à cause de la pandémie du Covid-19. Les écoles et les universités ont été de nouveau fermées en décembre après la reprise en octobre, pour les mêmes raisons.
A sa mise en place, le coût de la gratuité de l’enseignement public avait été évalué à 2,6 milliards USD, soit une bonne partie du budget de l’Etat 2021 (6,8 milliards USD).
Avant la gratuité, les parents payaient l’inscription, le salaire des enseignants, l’inscription aux examens, même dans le secteur public.
JM