Ayant perdu la confiance de l’Assemblée nationale dont il est l’émanation, et rompant avec le juridisme de ses principaux soutiens, le 1er ministre Sylvestre Ilunga a finalement présenté sa démission au président de la République, conformément à l’esprit et à la lettre de la constitution. Avec le vote d’une motion de censure par 367 députés nationaux sur les 500 que compte l’Assemblée nationale, son sort était de toute évidence scellé. Les députés nationaux FCC qui ont claqué la porte de l’hémicycle avaient, par leur chef de groupe, le député national PPRD Didi Manara, soutenu que le bureau d’âge avait fait le “forcing” et que toutes ses décisions “n’engageraient pas” le FCC. Mais cela avait tout d’un combat d’arrière-garde.
On rappelle qu’alors qu’il était attendu à l’Assemblée nationale pour présenter ses moyens de défense, le 1er ministre, en déplacement à Lubumbashi, avait préféré répondre aux députés nationaux via une correspondance adressée au bureau d’âge de l’Assemblée nationale. Sylvestre Ilunkamba qualifiait la motion de censure contre son équipe de «manœuvre politicienne sans fondement factuel» en expliquant qu’à son point de vue les attributions du bureau d’âge «ne peuvent aucunement excéder» la gestion des affaires courantes. Une façon de remettre en cause l’arrêt de la Cour constitutionnelle qui avait pourtant totalement vidé cette question.
L’on sait que depuis quelques mois, le chef du gouvernement n’était plus en bons termes avec le président de la République Félix Tshisekedi. Il lui restait alors le choix de se résigner ou engager un bras de fer. Entre cette extrémité et la dignité, Sylvestre Ilunga Ilunkamba aura choisi la dignité et c’est tout bénéfice pour le pays.
C’est depuis le 06 décembre 2020, à l’occasion de son adresse à la nation, consécutivement aux consultations nationales qu’il avait initiées en octobre que le chef de l’Etat avait décidé de mettre fin à la coalition CACH-FCC. Depuis lors, il n’y a plus eu de conseils de ministres, ce rendez-vous hebdomadaire qui, depuis l’avènement de Félix Tshisekedi à la magistrature suprême, se tenait à un rythme hebdomadaire, le temps pour l’exécutif de se pencher sur les grandes questions d’intérêt national.
Près de deux mois après le désaveu de Félix Tshisekedi, Sylvestre Ilunga n’avait toujours pas rendu le tablier. Après un baroud d’honneur, Il a in fine fait preuve d’élégance en démissionnant pour ne pas faire perdre au pays un temps précieux.
Censé incarner le changement et la rupture voulus par Félix Tshisekedi, lorsqu’il le nommait, Ilunkamba, ce technocrate septuagénaire qui promettait de tout faire pour faire fonctionner harmonieusement la coalition au niveau gouvernemental et contribuer à l’amélioration de la vie de nos concitoyens en toute transparence, aura ainsi subi le sort de tous les chefs de gouvernement qui ont travaillé avec l’ex-président Joseph Kabila : entravé par trop d’intermédiaires qui l’ont empêché de conduire des politiques structurelles à même de faire avancer le pays pour l’amener au rendez-vous de l’Histoire.
LE MAXIMUM